Pour son deuxième spectacle solo, Adib Alkhalidey a sorti la recette gagnante : une exploitation sans demi-mesure des travers de la société – dans laquelle bon nombre de spectateurs a dû se reconnaître ! Certes, le public semblait conquis d’avance, mais l’humoriste a su surprendre grâce à ses imitations et son humour, ma foi, très imagés.
Après une première partie très convaincante, assurée par le comique français Jason Brokerss, Adhib Alkhalidey s’est présenté sur la scène du Théâtre Outremont. Sans autre forme de procès – ce qui allait de pair avec une campagne marketing très discrète – tout en cheveux et en sourire, il était visiblement heureux de présenter son nouveau spectacle. Son phrasé énergique et ses postures impayables ont eu tôt fait de nous rallier à une cause commune : rire de bon cœur ! Et pas de doutes là-dessus : le public a ri !
Certes, rien de nouveau sous le soleil en ce qui concerne les thèmes abordés : le féminisme, les enfants, l’école, le racisme, l’internet et les réseaux sociaux… mais que voulez-vous : Adib a cette touche magique avec ses phrases qui font mouche à tous les coups et cette aisance à rire de tout et surtout de lui : « Je ne suis pas un nègre, je suis un terroriste ! ».
De tout ? Oui, il va s’en dire : des photos de pénis envoyés aux jeunes femmes pour les « séduire », aux méthodes d’apprentissage un peu particulières de sa professeure de morale, Adib avait pris le parti de nous proposer des solutions, irrésistiblement absurdes mais ô combien logiques dans le contexte.
Le sketch sur les réseaux sociaux retient particulièrement l’attention : Adib y construit une analogie très pertinente entre son compte Facebook et son salon, dans lequel il invite des amis qui peuvent s’exprimer… de manière plus ou moins réfléchie.
En revanche, le sketch dans lequel il personnifie Dieu avec un accent de Montréal-Nord tombe un peu à plat. Étonnamment placé en fin de spectacle, il s’étire en longueur, sans réel punch et offre un final un peu décevant.
Si Adib est souvent cité pour son parlé très articulé et par ses imitations très justes, l’emploi de sacres tous les deux mots peut nous amener à questionner cette force. Il est vrai qu‘un bon vieux « T******* » fait toujours son petit effet, mais on préfère nettement lorsqu’il construit ses personnages autour de l’ironie et de l’absurde.
Ceci dit, sa mission a été accomplie avec brio : nous avons ri, avec un bon chum, dans un méchant grand salon.
Adid Alkhalidey présente son spectacle solo « Ingénu » à travers tout le Québec jusqu’au 16 décembre.
Durée du spectacle : 1h30, avec en première partie Jason Brokerss.