Beaucoup d’émotion à la Salle Denise-Pelletier, en ce jeudi (22 avril 2021), alors qu’on y présente un premier spectacle, après 417 jours de silence imposés par la pandémie, comme l’a précisé le directeur artistique Claude Poissant. Les projecteurs se sont donc rallumés sur Je cherche une maison qui vous ressemble, un hommage au couple mythique québécois que formaient Gérald Godin et Pauline Julien. Même si la majeure partie des sièges de cette immense salle sont restés vides, conformément aux mesures sanitaires, le public a offert un accueil des plus chaleureux à Catherine Allard (Pauline) et Simon Landry-Désy, nouveau venu dans le rôle de Gérald Godin.
Pauline à l’avant-plan
À partir de la correspondance amoureuse de Pauline Julien et Gérald Godin, l’auteure Marie-Christine Lê-Huu remonte aux débuts de leur fougueuse relation qui sera marquée par leur engagement dans le projet politique d’indépendance du Québec. Ce sont là plus de 30 ans d’histoire qu’on survole, puisque, à la suite de leur première rencontre en 1961, l’autrice-compositrice-interprète et le journaliste et poète qui allait devenir politicien vont demeurés liés jusqu’à la mort de ce dernier, en 1994.
En parallèle, Catherine Allard raconte aussi sa propre histoire. Son père qui vivait au Manitoba, aurait décidé de venir habiter au Québec, après avoir été subjugué par la vibrante chanteuse québécoise, lors d’un spectacle à Winnipeg, dans les années 60. La comédienne souligne que Pauline Julien a ainsi contribué à sa mise au monde.
Tout au long du spectacle où Allard interprète avec justesse quelques classiques de la chanteuse (La Manikoutai, L’âme à la tendresse, Déménager ou rester là, etc.), accompagnée d’excellents musiciens, on sent une grande admiration pour Pauline Julien, mais le personnage masculin, lui, est presque réduit au rang de faire-valoir. Pourtant, même si Landry-Désy ne ressemble pas physiquement à Gérald Godin, il réussit à se glisser dans la peau de ce rêveur et redoutable frondeur qui avait réussi à battre le premier ministre Robert Bourassa dans la circonscription de Mercier, à l’élection de 1976.
Lê-Huu met l’emphase sur les lettres d’amour où Gérald vante la beauté et la fougue de sa Pauline. En retour, celle-ci le traite de baveux et de prétentieux. D’autre part, on passe bien vite sur le legs politique de Godin qui fut, notamment, Ministre des communautés culturelles et de l’immigration, puis Ministre responsable de l’application de la Charte de la langue française (loi 101), au début des années 80.
Pour ce qui est de Godin le poète, on le voit sur une vidéo d’archive à la Nuit de la poésie qui avait attiré quelque 4 000 personnes, en mars 1970, à Montréal. Le texte qu’il y lit provoque des éclats de rire et applaudissements, notamment, quand il dénonce la subordination de Radio-Canada au pouvoir fédéral en évoquant «Radio-cadenas.» Parmi les autres recours aux images d’archives, il est troublant de revoir Pauline Julien entonner la joyeuse Danse à St-Dilon pour détendre l’atmosphère chez les partisans du OUI, atterrés au soir de la défaite du référendum de 1980.
Enfin, disons bravo à ces deux comédiens qui arrivent à transposer dans ce vaste espace qu’est la Salle Denise-Pelletier, ce spectacle intimiste, créé à la Salle Fred-Barry en 2018. Malgré certaines maladresses, Je cherche une maison qui vous ressemble a le mérite de nous émouvoir en témoignant de la lumière de Gérald et Pauline qui brille encore !
N’oublions pas le couvre-feu !
Le spectacle d’une durée d’une heure et demie doit commencer à 17h 30. Souhaitons que le retard d’une dizaine de minutes qu’on a eu lors de la première ne se reproduise plus. Pour plusieurs spectateurs qui comptent sur le transport en commun, pareil retard se traduit par l’obligation de prendre un taxi, ce qui augmente considérablement le coût de la soirée.
Je cherche une maison qui vous ressemble
Du 22 au 30 avril 2021 – Salle Denise-Pelletier du TDP
Texte : Marie-Christine Lê-Huu / Mise en scène : Benoît Vermeulen / Instigatrice du projet : Catherine Allard
Avec Catherine Allard et Simon Landry-Désy et les musiciens Gaël Lane Lépine (piano) et Cédric Dind-Lavoie (contrebasse) en alternance avec Gabriel Lapointe.
Sur la première photo : Simon Landry-Désy et Catherine Allard
Crédit : Marie-André Lemire