Grande musique et grandes émotions, ce vendredi (13 décembre), à la Maison symphonique. Bernard Labadie, les Violons du Roy, la Chapelle de Québec et leurs solistes invités nous arrivent avec un concert qu’ils ont déjà présenté deux fois, cette semaine, au Palais Montcalm.
Le célèbre oratorio de Handel, Labadie et son ensemble l’interprètent régulièrement depuis plus de 30 ans. Ils ont même été invités à le présenter dans l’une des plus prestigieuse salles du monde, à New York, au Carnegie Hall, en 2009. Le maestro m’expliquait déjà lors d’une entrevue réalisée à CKAC, il y a près de 20 ans, son bonheur de diriger une oeuvre dont les musiciens et choristes connaissent bien la partition, ce qui permet certains changements de tempo, l’ajout de nuances, etc. De toute évidence, cette complicité a continué de se développer. Les 57 artistes réunis sur scène semblent s’exprimer d’une même voix, tant la direction de Labadie est précise. Depuis qu’il a combattu un cancer, il dirige assis, mais il faut le voir à l’oeuvre, parfois soulevé de son banc pour indiquer l’élan à suivre. Durant plus de deux heures 30, sans partition, il agite la main gauche pour réclamer un crescendo aux violonistes, balaie l’espace d’un large geste du bras à l’intention du choeur et ouvre clairement la voie à chaque soliste, le moment venu.
À ce chapitre, on se souviendra de la voix d’une grande douceur du contre-ténor Tim Mead et de son intelligence du texte qui n’est pas surjoué pour autant. Son He was despised, entre autres, est bouleversant. À noter, également, que l’air If God Be For Us, habituellement chanté par une soprano, est ici interprété dans une version alto, par monsieur Mead. La puissante basse Matthew Brook est aussi capable de nuances, comme on a pu l’entendre dans Behold I tell you a mystery, abordé sur le ton de la confidence. Le ténor Aaron Sheenan, premier soliste entendu, a livré un Ev’ry valley plutôt tiède et il a chanté, en général, avec un détachement regrettable, compte tenu de l’intensité dramatique de l’oeuvre. Quant à Marie-Sophie Pollack, qu’on pourrait sans doute qualifier de soprano léger, sa voix est belle mais peu puissante. Néanmoins, elle n’a pas été éclipsée par l’orchestre, grâce aux soins de Labadie. Enfin, le choeur et l’orchestre ont été impeccables et mention spéciale à Benjamen Raymond et Marianne Boies (trompettes) et Julien Compagne (timbales).
On dit parfois que la perfection n’est pas de ce monde. Pourtant, des mélomanes comblés ont exprimé leur gratitude, parfois les larmes aux yeux, dans une longue ovation. C’est qu’en plus de tous ces talents, le chef est particulièrement inspirant. Il a su garder sa passion pour la musique, malgré les inquiétudes liées à sa santé et demeure un lumineux catalyseur de beauté. Au-delà de la musique, il y a cet amour de la vie qui émeut. Merci, monsieur Labadie.
Le Messie de Handel, avec Bernard Labadie et les Violons du Roy a été présenté les 11 et 12 décembre au Palais Montcalm et le 13 décembre à la Maison symphonique.
Les 18 et 19 décembre, Bernard Labadie et La Chapelle de Québec présentent Le Messie avec l’Orchestre du Centre national des Arts, à Ottawa.
Le tout premier «Messie» présenté à l’Oratoire Saint-Joseph
De son côté, l’Orchestre classique de Montréal, dirigé par Boris Brott, est entré dans les annales en présentant Le Messie, à l’Oratoire Saint-Joseph, pour la toute première fois. La crypte était remplie pour ce concert qui a attiré de nombreuses familles.
Ce ne furent certainement pas les meilleures conditions d’écoute, avec des pleurs d’enfants et des applaudissements fréquents, tout au long du programme d’une durée de plus de deux heures. Les solistes à la voix puissante, Aline Kutan (soprano) et Gregory Dahl (baryton) se sont particulièrement distingués.
Le choeur manquait parfois de tonus, surtout chez les ténors. L’OCM était épaulé par les excellents Richard Stoelzel (trompette solo), Henri Ferland (trompette) et Hugues Tremblay (timbales).
Transporté par cette musique grandiose, le chef s’est d’ailleurs tourné vers le public, au moment du célèbre Hallelujah, pour inviter les spectateurs à se lever et à chanter cet hymne de joie ou le mot «Hallelujah» est répété plusieurs dizaines de fois.
Le Messie de Handel, avec l’Orchestre classique de Montréal; chef : Boris Brott. Solistes : Aline Kutan (soprano), Annamaria Popescu (mezzo-soprano), Zachary Rioux (ténor) et Gregory Dahl (baryton). Le Choeur de l’OCM, Les Chantres musiciens et Les Filles de l’île.
Crypte de l’Oratoire Saint-Joseph, 8 décembre
Le Messie à l’église Saint-Jean-Baptiste
Enfin, un autre concert du Messie est présenté, ce soir (14 décembre), à l’église Saint-Jean-Baptiste, avec plus de 70 choristes et une trentaine de musiciens, sous la direction de Francis Choinière. La soprano Suzie LeBlanc figure au nombre des solistes invités.
Le Messie de Handel; chef : Francis Choinière. Solistes : Suzie Leblanc; mezzo-soprano : Rose Naggar-Tremblay; ténor : Marcel d’Entremont et baryton : Dominique Côté
Église Saint-Jean-Baptiste, 14 décembre, 19h.