Le groupe tripop français Chinese Man s’est littéralement emparé de la scène de l’Olympia, ce mardi 3 avril. Dans le cadre de la promotion de leur dernier opus SHIKANTAZA, une pépite sortie en février 2017, ils réalisent une tournée au Canada et aux États-Unis afin de répandre leurs ondes chamaniques à travers toute l’Amérique du Nord.
Avec une forte base hip-hop et électronique, Chinese Man s’impose sur la scène internationale comme un véritable ovni aux multiples flux sonores, tant occidentaux que traditionnels. Il se compose des 3 DJs Zé, Matéo et High Ku ainsi que du beat maker SLY, qui n’hésitent pas à instrumentaliser reggae, dub, funk, rap et collaborer avec un grand nombre d’artistes issus de tous horizons.
SHIKANTAZA est un petit bijou aux sonorités traditionnelles orientales, ainsi qu’une véritable invitation au lâcher-prise. Traduit du japonais par « seulement s’asseoir », en référence à une posture de méditation bouddhiste, ce 8e album se compose de 16 titres, auxquels ont collaboré des artistes comme Mariama, Kendra Morris et Dillon Cooper, A.F.R.O, R.A ou encore Vinnie Dewayne.
[masterslider id= »147″]Un empire mystique
C’est au sein de l’architecture théâtrale et cinématographique de L’Olympia de Montréal que le groupe a établi son empire, le temps d’une soirée.
Sur une scène sombre, ornée de lampions rouges qui diffusent une atmosphère spirituelle, les trois DJs se tiennent debout derrière leur setup, capuche noire sur la tête, tels les maîtres d’une secte mystique. Ils amorcent les festivités avec une introduction instrumentale rythmée par un beat hip-hop puissant, qui formera l’ossature de l’entière performance. On devine vaguement la silhouette du trio qui se meut sur le tempo, avec pour seul éclairage, celui de l’écran de projection qui siège à l’arrière de la scène.
Les visuels imposent un univers tribal, futuriste et apocalyptique à caractère cinématographique. Une mise en scène cérémoniale, sublimée par des chants traditionnels bouddhistes, sur un fond électronique.
Les trois DJs dévoilent enfin leur visage sur les quelques mots du célèbre Alejandro Jodorowski que l’on retrouve sur le titre Maläd de l’album, et qui s’annoncent comme un message d’introduction à un autre monde. « This is the history of ChineseMan. The ChineseMan creates the power to celebrate the energy with music, physical, intellectual, emotional and sexual. When you have time, breathe, close your eyes and listen. » .
Un nuage de rap
La trame musicale prend une tout autre dynamique lorsque le duo hip-hop ASM (A State of Mind) ainsi que le rappeur MC Youthstar s’introduisent à la cérémonie sur le titre Escape, pour apporter une touche vocale à la trame sonore. Nourris à la culture sampling et blaxploitation ainsi qu’au hip-hop new-yorkais, ASM est un duo de rappeurs au flow groovy qui puise son inspiration dans le reggae, le jazz et la funk. MC Youthstar, quant à lui issu de la scène Drum & Bass, amène un flow similaire à celui d’une mitraillette, ce qui lui vaut des passages littéralement électrifiant et une dynamique vocale hors-temps.
Des MCs qui font preuve d’une réelle maîtrise de leur art et un sens indéniables du spectacle puisque le public, bras levés, répond incessamment aux appels répétitifs des 3 gourous.
Leur performance dévoile des identités disparates ainsi qu’une excellence technique qui, une fois combinées, s’harmonisent à la perfection pour créer un phénomène musical ultra dopé et unique en son genre.
Des grands classiques hip-hop revisités
Le trio n’hésite pas à mettre leur rap à l’œuvre sur un medley de grands classiques de la musique hip-hop, tels que le titre Can I kick It de Tribe Called Quest ou encore Simon says (Get the fuck up) de Pharoahe Monch, devant une audience envoûtée et totalement en phase avec l’interprétation.
Le groupe achève sa représentation avec son titre à succès I’ve Got That Tune issu de leur premier album Groove Session, à l’époque choisit par Mercedez Benz pour sa campagne promotionnelle. C’est ASM qui entame le morceau, suivis de l’imbattable flow de MC Youthstar pour offrir une version revisitée, plus pêchue.
Les trois rappeurs marquent un point final à la performance, en s’alignant les uns à côté des autres au bord de la scène, tête baissée et poing levé. Le groupe se retrouve ensuite dans une obscurité aveuglante et un silence total qui laissent place à une acclamation frénétique de l’auditoire.
Le sextuor signe ainsi la fin d’une représentation puissante et chamanique qui représente à merveille l’identité effervescente et multidimensionnelle du prodige français.
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