Il fallait voir Alexandre Da Costa se démener sur la scène de la Salle Bourgie, samedi soir, avec une énergie qui aurait pu soulever le Centre Bell. Malgré la froidure de février qui expliquait sans doute le grand nombre de sièges libres, le chaleureux musicien n’a pas tardé à conquérir le public avec un répertoire principalement composé de musiques de Wagner.
Rendre Wagner accessible
Vêtu d’un costume que n’auraient sans doute pas dédaigné certains chanteurs pop enclins à l’excentricité, le violoniste lance: «ce soir, je serai votre soprano, votre ténor ou baryton». Tel est le concept du concert «Da Costa à l’opéra». Avec son Stradivarius 1701, le musicien interprète de grands airs d’opéra retranscrits pour violon dans des arrangements de Frédéric Chiasson. Les puristes doivent toutefois oublier les masses orchestrales imposantes et les cuivres wagnériens. Néanmoins, l’Orchestre de chambre McGill interprète avec précision ces relectures d’extraits de Tanhaüser, Siegfried ou Die Walküre sous la baguette de Boris Brott, grand admirateur de Wagner. Ajoutons à cela l’audace du vulgarisateur Da Costa qui ira jusqu’à comparer «Les Maîtres chanteurs» au concours de chant «La Voix», ce qui en a fait rigoler plusieurs.
Félicité par maestro Brott pour sa virtuosité, le violoniste offre en rappel une adaptation de «The show must go on» (Queen) avant de conclure avec «Méditation» de Thaïs (Massenet). Ce dernier morceau livré avec une justesse et un doigté parfaits nous rappelle que les cordes du violon peuvent parfois rivaliser avec les cordes vocales comme génératrices de frissons !
Da Costa à l’opéra
Alexandre Da Costa et l’Orchestre de chambre McGill, dir. Boris Brott
Salle Bourgie, 9 février
Stradivarius à l’opéra II
Ce concert coïncidait avec le lancement du nouveau disque de Da Costa, entièrement consacré à Wagner père et fils. On y retrouve le concerto pour violon de Siegfried Wagner, rarement joué. Pour le reste, il s’agit de transcriptions pour violon d’airs d’opéras de Richard Wagner, dont «Parsifal paraphrase» et «Siegfried paraphrase». Ici encore, les puristes risquent de regretter l’absence des cuivres, percussions et grands orchestres wagnériens. Il n’en reste pas moins que ces arrangements signés par les québécois Éric Lagacé et Frédéric Chiasson peuvent à tout le moins offrir une porte d’entrée attrayante vers la musique de Wagner. Le violoniste est accompagné par l’ensemble allemand Staatskapelle Halle, sous la direction du chef espagnol Josep Caballé-Domenech pour «Siegfried Wagner concerto» et «Richard Wagner traüme» (rêve). Da Costa s’est entouré de la formation des Pays-Bas, Utrecht string quartet, pour les autres pièces. Enfin, ceux qui ont aimé le premier album «Stradivarius à l’opéra», avec ses airs très chantants de Bizet et Puccini, entre autres, doivent s’attendre à tout autre chose avec ce nouvel opus. En effet, avec «Stradivarius à l’opéra II», il ne s’agit pas de reprendre au violon des airs connus de tous, mais plutôt de rendre les Wagner accessibles au grand public.