Voilà la saison musicale 2018-2019 tire à sa fin et notre couverture de plus de cent articles critiques des récitals et des concerts des ensembles tant universitaires que professionnels tire à sa fin avant les vacances vers le Domaine Forget ou le Festival de Lanaudière cuvées été 2019…ou vers le Concours International Tchaikovsky à Moscou.
Ainsi, l’OSM a terminé en beauté fin mai. Le chef Kent Nagano a dirigé un laborieux programme Berlioz où était inscrite la Symphonie fantastique dont la version immortalisée par Charles Dutoit et l’OSM aux belles années de ce qu’on appelait jadis le plus grand ensemble orchestral français au monde demeure, encore aujourd’hui, insurpassable. Il y avait bien eu une oeuvre de Franz Liszt, ce grand défenseur et ami de Berlioz voire son propagandiste en l’Allemagne d’alors où vivaient l’idéaliste Robert Schumann, puis Mendelssohn et le jeune génie Johannes Brahms, eh bien cette oeuvre intitulée Idée fixe donnait le ton à l’atmosphère du climat compositionnel intitulé Lélio ou le retour à la vie de Berlioz, oeuvre tragico-opératique plus que suite symphonique à ladite symphonie fantastique.
C’est un échafaudage plus que discutable, rarement joué, tragédie peu colorée inégalement animée par un Lambert Wilson dont on se demande ce qu’il fait là quand un si grand nombre de comédiens québécois peuvent avantageusement porter ces chaussures-là. Mais le public fut ravi de l’expérience sans aucun doute et il s’est offert à en souffrir les longueurs (inhérentes à la chute amoureuse pour la comédienne Harriet Smithson) vu le peu d’équilibre ou de mesure du tout, au fil de ces treize sections d’oeuvre amphigourique et presque surréaliste à la Gustave Moreau. Le ténor Frédéric Antoun, le baryton Dominique Côté, la pianiste Olga Gross y avaient donné leur concours et le Choeur de l’OSM s’est acquitté de cette tâche tonitruante ou pompière mais belle sur le plan de la contribution chorale, avec la direction de Andrew Megill.
Alain Gauthier signait une mise en espace moins discutable que banale vu le peu d’espace disponible sur cette scène exigüe. Venons-en maintenant au concert final de l’Orchestre Métropolitain avec Yannick Nézet-Séguin nous offrant une symphonie baptisée Jeremiah de Leonard Bernstein qui s’avère un défi pour tous. Pour ma part, c’est plutôt la seconde symphonie de Félix Mendelssohn dite Lobgesang ou Chants de louange qui a offert le baume de notre fin de saison musicale. Tout au long de ce concert, pas seulement de cette symphonie pour solistes, mais le choeur de l’OM et l’orchestre sous Nézet-Séguin, ce sont aussi les sopranis Karina Gauvin et Myriam Leblanc qui y ont brillé de tous leurs feux avec la belle voix solide du ténor Andrew Staples.
Voilà donc pour cette fin d’année, alors que le CMIM bat son plein et que votre serviteur ici même est en train de jauger les complexités du visa russe pour cette invitation reçue à assister au grand évènement du Concours Tchaikovsky de Moscou. J’hésite à la formalité administrative complexe du visa et mon coeur bat fortement pour les trépidations uniques d’un concours où tous les grands noms du piano et du violon de demain sont alignés pour être entendus dans la grande salle du conservatoire de Moscou… Que mes idoles de la musique me conseillent bien…alors que devant mon écran d’ordi je pourrais tout voir ou tout mieux entendre sans déplacer ce corps malade de sa dose de trépidations musicales…
Photo de Karine Gauvin: Michael Slobodian