Alors que le crucifix vient d’être retiré de l’Assemblée nationale, le symbole de la croix demeure bien en vue, cet été, au Théâtre La Marjolaine, où «Les Nonnes» sont de retour, dans une nouvelle version de ce spectacle musical d’après «Nunsense» de Dan Goggin. En effet, Luc Michaud et Marc St-Martin ont su mettre à jour le texte traduit par Serge Grenier en 1988. Grâce à des répliques rythmées et bien ancrées dans notre réalité de 2019, on rit souvent.
Sous l’oeil attentif de la mère supérieure (convaincante Dorothée Berryman), nos religieuses y vont de numéros musicaux très variés, allant du gospel à la pop de Lady Gaga. Elles agrémentent aussi de chorégraphies, la soirée caritative présentée en vue d’amasser des fonds pour faire enterrer leurs consœurs. Rappelons que plusieurs d’entre elles sont mortes d’empoisonnement alimentaire et que certains corps demeurent au congélateur, en attendant qu’on trouve de l’argent pour les porter en terre.
Pas de fuite d’infos personnelles avec «Les Nonnes»
Tout en voulant divertir le public, Soeur Marie Amnésia (hilarante Chantal Lamarre) souhaite aussi tester nos connaissances religieuses avec un quiz. Sarcastique, elle tente de rassurer les spectateurs qui pourraient être embarrassés par ses questions : «Ne vous en faites pas ! Ça va rester entre nous. Nous ne sommes pas chez Desjardins !»
Y’a d’la joie !
De son côté, Soeur Antoine de Padoue (Dorothée Berryman) fait l’essai d’un produit de la SQDC (Société québécoise du cannabis), trouvé en coulisse. Ce vaporisateur de cannabis la ragaillardit au point qu’elle entonne un pot-pourri des plus inattendus, allant d’extraits de «La vache en Alaska» (Carmen Campagne) à «Lindberg» (Robert Charlebois), incluant le juron qui qualifie la «chute en parachute» ! Cet écart de conduite n’empêchera pas la mère supérieure de continuer de faire la leçon à tout son monde, comparant même à Hubert Lenoir, l’une de ses nonnes portée aux déhanchements. Les différends seront toutefois vite oubliés, car chacune aura son moment de gloire, qu’il s’agisse de Rose-Anne Bérubé-Bernier (Soeur Marie Pauline), Caroline Lavigne, maîtresse des novices, Lisa Palmieri (Soeur Lili, novice). Soulignons aussi le très bon travail de la pianiste Andy St-Louis (Soeur Harmonie).
Les bémols
Malheureusement, on n’entend pas toujours clairement les paroles, surtout lorsqu’elles sont chantées par tout le groupe sur des accompagnements pré-enregistrés. De plus, on a droit à une longue série de jeux de mots qui ne font pas toujours rire. Bref, on pourrait sans doute élaguer ce spectacle d’une heure 40, sans entracte.
60 ans de théâtre d’été
Il n’en reste pas moins que jeunes et moins jeunes se sont bidonnés, samedi soir (13 juillet), tout en appréciant se retrouver dans l’un des plus anciens théâtres d’été du Québec. Installé dans une grange construite au 19e siècle et dont on a conservé le silo distinctif, La Marjolaine célèbre ses 60 ans avec «Les Nonnes».
Les Nonnes (théâtre musical d’après «Nunsense» de Dan Goggin)
Traduction/adaptation (1988) : Serge Grenier
Réécriture et mise à jour (2019) : Luc Michaud et Marc St-Martin
Trames musicales et arrangements : Luc Gilbert
Mise en scène : Marc St-Martin
Chorégraphies : Marie Deslongchamps
Distribution : Dorothée Berryman, Chantal Lamarre, Caroline Lavigne, Rose-Anne Bérubé-Bernier, Lisa Palmieri
Pianiste : Andy St-Louis
Au Théâtre La Marjolaine, jusqu’au 17 août