L’une des pièces de théâtre les plus attendues de l’hiver 2022 à Montréal prend l’affiche chez Duceppe avec Didier Lucien dans le rôle de Martin Luther King Jr. Au Sommet de la montagne, mise en scène par Catherine Vidal, se déroule dans la nuit qui a précédé l’assassinat de l’emblématique militant afro-américain. L’oeuvre créée en 2009 soulève des questions intemporelles. Jusqu’où peut-on aller pour défendre une cause? Et comment s’assurer que nos ambitions ne s’éteindront pas avec nous?
Memphis, le 3 avril 1968. Après avoir prononcé I’ve been to the Mountaintop, l’un de ses discours les plus célèbres, Martin Luther King Jr. se retire dans sa modeste chambre du Lorraine Motel. Seul, fatigué, il tente de mettre sur papier les premières lignes de sa prochaine allocution.
Lorsqu’il commande un café au service de chambre, c’est Camae (Sharon James) qui le lui apporte. Cette inconnue se lance dans une discussion animée avec le pasteur. Elle l’amène à confronter son propre passé et à s’interroger sur l’avenir des Afro-Américains. Mais qui est donc cette femme ?
Jointe à la sortie d’une répétition, Catherine Vidal qualifie de «duel» cette pièce de la dramaturge américaine Katori Hall (The Mountaintop), créée en 2009, à Londres. «En réalité, le personnage de Camae vient questionner les bases de l’engagement de Martin Luther King Jr. L’amour et la non-violence suffisent-ils pour réparer les injustices ? Doit-on toujours se limiter à tendre l’autre joue ?»
Didier Lucien : «une bête de scène!»
Enthousiaste, la metteuse en scène se réjouit de la chimie qui s’installe entre ses acteurs. «Ils sont tous les deux très forts, d’ailleurs cette pièce est un duo. Mais, en même temps, on peut dire que c’est un premier grand rôle pour Didier Lucien. Il était temps ! Cet acteur est vraiment une bête de scène !»
Poésie, humour et revirements surprenants dans ce texte traduit par Edith Kabuya. «C’est dans un français près du nôtre sans être complètement québécois. En fait, je dirais que la musicalité de ces personnages américains s’entend dans la traduction que nous utilisons. Il aurait été impertinent de passer par un français de France pour raconter une histoire qui se déroule aux États-Unis !»
Mise en scène réaliste
C’est une pièce réaliste précise madame Vidal. «Essentiellement, le décor recrée la chambre du motel où Martin Luther King a été assassiné. Je crois que nous avons trouvé une bonne façon d’aider notre duo d’acteurs à occuper la grande scène du théâtre Duceppe. Vous allez voir !» On aura aussi recours à certaines images d’archives.
Un héros vulnérable
L’autrice américaine a choisi de présenter son personnage de Martin Luther King Jr. en soulignant sa vulnérabilité. «Avec ses qualités et ses faiblesses, notre héros est avant tout un être humain. Par exemple, à un moment donné, il va à la toilette et on l’entend uriner. En descendant un peu de son piédestal ce meneur légendaire, Katori Hall a voulu dire que la lutte pour la justice n’appartient pas qu’aux êtres d’exception et que chaque personne peut y participer. Bref, il ne faut pas demeurer inactif en attendant un nouveau Messie.»
Une résonance actuelle
Non seulement l’histoire de ce grand militant des droits civiques, «tombe pile sur l’actualité, mais sa vie elle même a de quoi nous inspirer dans cette difficile période de pandémie. On voit Martin Luther King douter, puis son courage reprend le dessus. Il a poursuivi sa marche malgré l’incertitude; ça fait du bien d’entendre ce discours actuellement.»
Au sommet de la montagne
Texte : Katori Hall / Traduction : Edith Kabuya
Mise en scène : Catherine Vidal
Interprétation : Didier Lucien, Sharon James
Théâtre Jean-Duceppe de la Place des Arts
À compter du 23 février 2022
Avec les récents assouplissements des mesures sanitaires, de nouveaux billets sont disponibles.
Détails : Duceppe