Après avoir été présenté en grande première montréalaise, lundi le 18 décembre dernier, au cinéma Impérial en présence de nombreuses personnalités, les artisans du film SAPIN$ sont arrêtés à Québec lors de leur tournée de promotion du film. Le coscénariste et réalisateur Stéphane Moukarzel, ainsi que l’acteur Étienne Galloy sont venus présenter le film au cinéma Le Clap Ste-Foy et accorder des entrevuesau Chateau Bonne Entente. Voici mon entretien avec les artisans de ce film tourné presqu’entièrement à Montréal, mais qui se déroule majoritairement dans les rues de NY.
Synopsis : Rémi, 21 ans, quitte son berceau natal de La Tuque au Québec pour aller vendre des sapins de Noël à New York dans le but de rembourser une dette menaçant son avenir. Largué au fin fond du Bronx, il fera la rencontre de Laura, une activiste française pince-sans-rire, qui sera sa collègue pour le prochain mois. Ensemble, ils vont découvrir la vibrante communauté peuplant leur coin de rue et vont apprendre à survivre aux épreuves toutes aussi absurdes que dramatiques que leur réserve le monde sauvage de la vente de sapins.
coscénariste et Réalisateur Stéphane Moukarzel
D’où vous est venue l’idée de ce film basé sur la vente de sapins à NY par des Québécois en décembre ? « C’est une industrie qui existe depuis au moins 60 ou 70 ans, où des Québécois débarquent à NY pour environ un mois afin de vendre des sapins de Noël sur le coin d’une rue.
Mon ami et directeur photo Alexandre Lampron me racontait autour d’un verre qu’il y a 15 ans, il avait vendu des sapins de Noël à New York. Et j’ai tout de suite entrevu un univers, une atmosphère qui serait intéressant de développer autour, dans un film. Et c’est souvent comme cela que je trouve mes idées de film, autour d’un lieu particulier qui me fournit l’étincelle de départ d’un court ou long métrage. À partir de ce lieu, je crée ensuite l’histoire. Donc, cette fois-ci, c’est ce coin de rue, un quadrilatère, un quartier qui m’a tout de suite parlé, la bizarrerie de la nuit, la communauté, ces deux jeunes qui sont des étrangers, mais qui sont un peu adoptés par tout le monde. » Continuez à écouter sur ses recherches sur le sujet
Pour le choix des personnages, il y a beaucoup de diversité, comme c’est le cas à New York justement. Parlez-moi de ce choix de quartier. « Oui j’ai choisi de situer l’action dans un quartier plus latino et afro-américain, car je voulais que cela fasse partie de l’expérience du personnage qui n’est jamais sorti de son coin de pays (La Tuque), qu’il soit confronté à toute cette diversité et ces gens qui ne parlent pas sa langue. »
Une fois l’idée trouvée, vous avez choisi d’écrire le scénario avec Germain Larochelle. Comment avez-vous écrit le scénario à quatre mains ? « J’ai d’abord fait toute la recherche sur le sujet, puis j’ai écrit des pistes d’histoires, d’atmosphère à créer, de thèmes à aborder. Puis, le reste s’est fait à deux. On a d’abord brainstromé avec l’idée de base que c’était le voyage initiatique de transformation et d’ouverture sur le monde d’un jeune de région qui n’a jamais sorti de son patelin. Petit à petit, on s’est construit un «scène à scène» vraiment détaillé, et on s’est ensuite séparé la tâche d’écrire chacun une partie des scènes, qu’on s’envoyait ensuite pour se valider, se corriger, se modifier pour faire en sorte que les scènes se tiennent ensemble. »
Étonnamment, le tournage s’est déroulé principalement à Montréal. Est-ce que vous avez tourné quelques scènes à NY ou pas du tout ? « On a tourné seulement 3 jours à New York. On a très peu de scènes qu’on a prises à New York. Il y a la station de bus lorsqu’il arrive et aussi quelques plans de la ville, les buildings et aussi dans le métro et quelques scènes dans le Queens et dans le Bronx. Mais tout ce qui touche le quartier de vente de sapin, on a effectivement trouvé un coin de rue à Montréal pour reproduire New York. »
Et vous avez tourné en novembre et décembre à Montréal. Pourtant, on ne voit pas de neige dans tout le film. J’imagine que cela a été un grand défi de tourner principalement dehors, le soir, la nuit dans le froid et avec la température qui ne coopère pas toujours, donc pas de neige du tout ? «En fait, il y a eu une journée où il a neigé, mais cette journée-là, c’est quand il arrivait à New York, et cela ne fonctionnait pas. Car à New York, c’est trop tôt à la fin novembre pour neiger. Et ensuite, il n’a plus neigé. » Écoutez la suite sur les défis de la température
Il y a une image forte qui m’a marqué vers la fin du film, alors que Rémi a passé tout le mois à tenter de vendre ses fameux sapins, dès le lendemain de Noël, on voit plusieurs sapins jetés aux poubelles, sur le bord de la rue. C’est troublant… Au-delà de l’humour, vous abordez des thèmes forts comme les immigrants qui tentent de survivre, l’itinérance, la solidarité de la rue. Que voulez-vous que les gens retiennent de ce film ?
Écoutez-le parler du message :
Étienne Galloy, Rémi
Le réalisateur et coscénariste a mentionné qu’il a écrit ce rôle de Rémi, pour toi et le film repose entièrement sur tes épaules. Est-ce que cela ajoute de la pression de savoir que le rôle a été créé pour soi ? Écoutez-le parler de la recherche du comique et de la pression :
Parmi les autres acteurs avec lesquels tu as joué, la plupart, on ne les connaît pas et tu n’avais jamais joué avec eux non plus. Est-ce que cela est déstabilisant ou au contraire stimulant ? « C’est ben plus stimulant que de travailler toujours avec les mêmes personnes. Et en plus, la raison pour laquelle on ne les connaît pas vraiment, c’est que ce sont des acteurs anglophones que l’on ne voit pas vraiment dans nos productions québécoises. Et cela fait du bien de voir d’autres visages à l’écran. Le bassin d’acteurs anglophones au Québec et au Canada est énorme à comparer à ceux francophones. Et il y a tellement de bons acteurs. Ils n’ont juste pas la chance de travailler aussi souvent. Mais ils sont excellents. C’est une belle vitrine de faire connaître des acteurs anglophones dans nos films québécois parfois. C’est une belle idée moderne. Cela reflète la réalité du mélange des langues et des cultures de plus en plus. J’ai aimé découvrir ces talents-là et aussi on réussit plus à embarquer dans le film, de ne pas reconnaître les acteurs que l’on voit partout. »
Quels ont été tes plus grands défis ? Travailler la nuit ? Dans le froid ? En anglais majoritairement ? « Assurément, le froid a été le plus gros défi pour moi et on tournait majoritairement la nuit, en novembre et décembre à Montréal, c’est vraiment froid. Mais aussi, je ne suis pas un gars qui se couche tard et je préfère les horaires de jours pour travailler. Dans ce cas-ci, on avait plutôt des horaires de 15h à 3 ou 4 heures du matin. On allait se coucher lorsque le soleil se levait. Donc, j’avais de la difficulté à dormir le jour. Cela me rendait malheureux. Je pense bien que l’épuisement de mon personnage était en partie aussi mon propre épuisement haha!» Écoutez-le parler aussi de son anglais
C’est comment de travailler avec Stéphane ? « J’ai adoré travailler avec Stéphane. Il a un cerveau particulier. On le sait dès qu’on le rencontre que Stéphane c’est toute une bibitte. Dans sa tête ça brasse. Et c’est pour cela qu’on fait ce métier. Pour travailler avec des gens à l’esprit créatif débordant. J’en ai profité pour embarquer complètement dans sa folie. J’ai adoré que ce soit un projet éclaté, où on mélange les genres. On s’est compris tout de suite. Et les textes sont f… drôles ! Si je suis drôle dans le film, c’est à cause de ses textes hilarants. »
Vous développez plusieurs projets comme scénariste / réalisateur, dont l’adaptation du roman Quand on aime la mauvaise personne, difficile de trouver la bonne d’Édith Chouinard. J’ai lu ce livre et j’ai adoré. À quelle étape es-tu rendu ? Écoutez-le parler de ce projet de film ou de série.
Tu as coscénarisé, coréalisé et coproduit ton premier long-métrage La Marina en 2019 distribué par Les Films Opale, qui est maintenant disponible sur la plateforme Crave. Quels sont tes projets pour l’avenir ? Scénariser, réaliser, acteur ? « J’adore jouer. Je vais continuer à jouer toute ma vie. Mais aussi j’ai le désir d’écrire mes propres trucs. J’ai aussi une veine entrepreneuriale que j’ai le goût de développer. » Écoutez-la suite de ses désirs concernant la télé québécoise et aussi le budget pour les séries jeunesse.
Fiche technique
Titre SAPIN$
En anglais : EVERGREEN$
Durée 111 minutes
Année de production 2023
Pays Canada
Version originale Français et anglais
Sous-titres Français et anglais
Équipe créative
Producteur ZIAD TOUMA
Réalisateur STÉPHANE MOUKARZEL
Scénaristes GERMAIN LAROCHELLE & STÉPHANE MOUKARZEL
D’après une idée originale de STÉPHANE MOUKARZEL & ALEXANDRE LAMPRON
Direction de production JEAN-FRANÇOIS ROESLER
Direction de la photographie ALEXANDRE LAMPRON
Direction artistique MARIE-PIER FORTIER
Costumes JOËLLE EUGÉNY
Maquillage MARIE SALVADO
Coiffure MÉLANIE LEBEL
Supervision de postproduction ERIK DANIEL
Montage PHILIPPE MELANÇON
Prise de son DOMINIK HEIZMANN
Conception sonore SYLVAIN BELLEMARE
Mixage MARTIN M MESSIER
Musique originale PETER VENNE
Photos de plateau LAURENCE GRANDBOIS BERNARD FABRICE GAËTAN
Distribution des rôles
Rémi ÉTIENNE GALLOY
Laura DIANE ROUXEL
Morgan TYRONE BENSKIN
Manivanh THY SROS
Dan DON JORDAN
Collecteur STUART FINK
Père Noël itinérant CONRAD PLA
Tito DANNY BLANCO-HALL
Jacey MIMO MAGRI
Maison 4:3 distribuera le film au Canada.
SAPIN$ prendra l’affiche le 22 décembre 2023.
Bande-annonce SAPIN$
Lien YouTube : https://youtu.be/zl7TAWjvy-g
Lien Viméo: https://vimeo.com/879411124
Crédit photo : Réjeanne Bouchard