Face à Face, aux Éditions Druide, est un recueil de nouvelles, un collectif sous la direction de Sonia Sarfati, qui a eu l’idée de faire sortir les personnages de la fiction pour les inviter à rencontrer leur créateur. Une ingénieuse et grandiose idée qui donne lieu à quatorze rencontres inusitées, de magnifiques confrontations et du pur bonheur pour le lecteur.
Avec la participation de Raphaëlle B. Adam, Natasha Beaulieu, Roxanne Bouchard, Boum, Luc Chartrand, Patrice Godin, Catherine Lafrance, Samuel Larochelle, Annie L’Italien, Stanley Péan, Nathalie Petrowski, Nathalie Roy, Patrick Senécal et Ghislain Taschereau.
Résumé :Que se passerait-il si un écrivain se retrouvait coincé dans le monde qu’il a imaginé pour son protagoniste fétiche ? Ou si une romancière se heurtait à celle qu’elle a mise volontairement dans le pétrin ? À l’invitation de Sonia Sarfati, quatorze autrices et auteurs d’horizons variés nous offrent une rencontre inédite avec un de leurs personnages récurrents. Rassurante ou mouvementée, la relation entre un créateur et sa créature est fascinante pour plus d’une raison, et pas seulement parce que le premier a droit de vie et de mort sur le second. Que ce soit le temps d’un règlement de compte ou d’une rencontre singulière, voici quatorze de ces face-à-face impromptus.
Cela a toujours été un fantasme pour moi, lors de mes lectures, d’avoir envie de communiquer avec mes personnages préférés, d’entrer dans leur vie, dans leur roman. J’avais goûté un peu à cette possibilité avec le livre La fille de papier de Guillaume Musso et j’avais bien aimé. Donc, quand Sonia Sarfati a publié ce collectif de nouvelles, où les personnages sortent de leur fiction pour une rencontre avec leur créateur, j’ai tout de suite su que j’allais adorer ce livre.
Bien qu’il ne soit pas nécessaire de connaître l’auteur et son œuvre pour apprécier ces histoires, ces rencontres, je dois dire que j’ai tout de même trouvé encore plus jouissif de retrouver des personnages dont j’avais déjà lu le roman. Pendant un moment, j’ai l’impression de retrouver un ami et j’ai envie de savoir ce qu’il devient. J’oublie que sans son auteur, le personnage stagne et sa vie n’avance plus.
Le premier roman que l’on revisite est celui de Patrick Senécal, 5150 rue des Ormes (qui a été aussi adapté au cinéma). C’est assurément mon histoire préférée, avec le personnage de Yannick Bérubé qui vient régler ses comptes avec son créateur. Génial. Je retrouve l’humour de Patrick Senécal (que j’ai adoré dans la série Malphas) et j’ai éclaté de rire de les entendre se chamailler tous les deux. Jouissif!
Parmi les personnages que j’ai adoré retrouver, il y a celui de Charlotte Lavigne, créée par Nathalie Roy. J’ai lu tous les romans qui la concernent et je dois dire que je m’ennuyais d’elle et son meilleur ami Ugo, que l’on retrouve également. J’ai aimé me transporter à nouveau dans l’univers de Charlotte, mais surtout dans la plume de Nathalie Roy, à l’époque de ces romans de «chick lit». Belle nostalgie, le temps d’une nouvelle.
Patrice Godin a retrouvé son personnage que je connais bien d’Alexia que j’ai connu dans plus d’un de ses livres et j’ai trouvé intéressant leur conversation. C’est captivant et parfois émouvant, d’entendre ces conversations, ces questionnements que les personnages ont face à leur destin, leur passé, leurs similitudes avec l’auteur. Par exemple, Samuel Larochelle qui discute avec Émile Leclair, son alter ego de son premier roman À cause des garçons, que j’avais beaucoup aimé. Le personnage secoue son auteur et l’amène à une belle introspection.
Fait intéressant, après chaque histoire, on a une petite biographie de l’auteur ou autrice et une description du personnage qui est revisité, et en provenance de quel roman. Ainsi, je suis allée lire ces descriptions avant de lire la nouvelle, pour me mettre en tête le personnage, surtout quand c’était des auteurs ou des romans que je n’avais pas déjà lus. Ainsi, même si je n’ai pas lu le premier roman de Nathalie Petrowski, j’avais une bonne idée de qui était ce personnage d’Aline qu’elle revoit après près de 30 ans.
Une autre belle proposition par Roxane Bouchard, où les personnages parlent à l’autrice pour l’influencer dans l’écriture de la suite de leurs péripéties. C’est ingénieux comme idée et même si je ne connais pas son univers et ses personnages, j’ai aimé de les voir tenter de la convaincre de changer le cours de leur vie. L’histoire est parfois loufoque et m’a fait vraiment rire avec tous ces rebondissements astucieux.
Ghislain Taschereau nous a concocté une histoire bizarre à souhait, où l’auteur est en symbiose avec lui-même, son miroir, son deuxième moi. Étrange, mais intéressant comme nouvelle.
Natasha Beaulieu, pour sa part, elle ose mettre en scène son histoire en temps de pandémie. Cette proposition est très intéressante et m’a donné le goût d’accéder à son autre monde qu’elle a créé dans son roman Face à la faille.
Parmi les histoires, il y a même la rencontre d’un personnage de bande dessinée avec son autrice Boum (Samantha Leriche-Gionet, bédéiste et illustratrice). Quelle bonne idée d’avoir une nouvelle en BD! Et on en ressent les effets tout au long de nos autres lectures ensuite.
Pour Raphaëlle B. Adam, ce personnage que l’on rencontre, c’est plutôt une ville imaginaire, Riverbrooke, que l’on revisite. C’est une histoire bien mystérieuse, qui adresse la question suivante : A-t-elle réellement été créée par l’écrivaine cette ville ou bien vivait-elle déjà en elle, attendant le bon moment de se manifester ? Vraiment génial comme nouvelle. Cela m’a donné le goût de lire ce livre Servitude qui se déroule dans cette ville.
Donc, ce recueil de nouvelles est des plus captivants et motivant à lire du fait qu’on retrouve des personnages qu’on a connus et on revisite des romans qui nous ont plu. Mais également, cela nous permet de découvrir de nouveaux auteurs, personnages, romans, qu’on a par la suite envie de lire.
Merci pour cette belle lecture Sonia Sarfati et merci aux auteurs et autrices de s’être prêté au jeu de ces rencontres avec leurs personnages.
Journaliste pendant près de trente ans au quotidien La Presse, Sonia Sarfati a principalement couvert la littérature et le cinéma. En parallèle, elle a écrit une cinquantaine de romans et albums s’adressant pour la plupart aux jeunes. Elle a plusieurs fois été finaliste pour des prix littéraires et en a même remporté quelques-uns, dont celui du Gouverneur général – littérature jeunesse pour Comme une peau de chagrin. Chez Druide, elle a participé au collectif jeunesse Mystères à l’école et a dirigé le recueil On tue la une, une incursion dans le monde du journalisme. Elle partage aujourd’hui son temps de façon plus équitable entre le journalisme et la fiction. Elle est aussi scénariste, éditrice-conseil et biographe.
Recueil de nouvelles
Nombre de pages : 256 pages
Collection : Reliefs
Date de parution : 23 mars 2022
Prix : 24,95$
Éditions Druide : https://www.editionsdruide.com/