La Licorne passe à son tour au théâtre en ligne avec une pièce qui tombe à point. Alors que la pandémie pousse tout un chacun à se réinventer, le dramaturge catalan Joan Yago Garcia donne la parole à un groupe de trentenaires (Mikhaïl Ahooja, Sonia Cordeau, Simon Lacroix, Raphaëlle Lalande) qui craignent pour leurs emplois et décident de démarrer leur propre entreprise. Non seulement ils sont convaincus que «Fairfly» est un produit révolutionnaire, mais ils estiment que ses vertus environnementales vont leur permettre de «changer le monde», rien de moins. Critique de Marc-Yvan Coulombe
Le test du réel
En plus d’aborder le sujet des startups, franchement rare au théâtre, «Fairfly» est aussi une réflexion profonde sur l’amitié et la loyauté. En effet, ces quatre trentenaires se connaissent depuis longtemps, mais leurs liens qui semblaient imperturbables seront rudement mis à l’épreuve, quand chacun sera confronté à sa réalité et défendra ses intérêts.
Sans tout vous révéler, disons que «Fairfly» est un produit d’alimentation inusité pour bébé. Non seulement ses qualités nutritives sont vite reconnues, mais son coût de production est faible. Plus encore, la fabrication de «Fairfly» qu’une des protagonistes traduit par «mouche équitable», repose sur l’utilisation de résidus, notamment, de l’industrie porcine et du coup fait disparaître des tonnes de déchets.
L’idée est si séduisante que les compétiteurs se multiplient. Mais un problème encore plus grave risque de couper les ailes de «Fairfly»
L’épreuve du virtuel
Ce texte de Joan Yago Garcia est un feu roulant de répliques, durant 75 minutes! On a vraiment l’impression que cette histoire se déroule chez nous, dans cette traduction d’Elisabet Ràfols et adaptation de Maryse Warda. Les quatre comédiens jouent sans masques et sans distanciation physique. Ils sont crédibles tant au décollage que durant le vol et l’atterrissage brutal de leur voyage entrepreneurial. Cependant, ils s’emportent parfois au point que ça devient un peu cacophonique, mais bon, on peut baisser le volume.
Cela dit, on regrette de ne pas pouvoir sentir toute leur énergie en présentiel. On aurait aussi apprécié observer dans son ensemble la mise en scène de Ricard Soler Mallol, né à Barcelone, tout comme l’auteur de la pièce. Reste que les différents points de vue des caméras et le montage donnent une webdiffusion dynamique de ce bon spectacle. À vous de décider si ce compromis virtuel vous convient.
Fairfly / Texte : Joan Yago García / Traduction : Elisabet Ràfols et Maryse Warda / Mise en scène : Ricard Soler Mallol
Avec : Mikhaïl Ahooja, Sonia Cordeau, Simon Lacroix et Raphaëlle Lalande
Représentation virtuelle : 20 $ / Disponible pour visionnement jusqu’au 12 décembre