Malgré la pandémie, le Festival du monde arabe réussit à amener à Montréal, cet automne, des musiciens et chanteurs renommés d’origine libanaise, syrienne, tunisienne, etc. On y verra, entre autres, le premier concert montréalais de la soprano syrienne Lubana Al Quntar, qui vit maintenant aux États-Unis; cette artiste est d’ailleurs devenue une figure de la résistance aux appels de Donald Trump pour empêcher les réfugiés syriens d’entrer en Amérique. On a aussi invité le célèbre humoriste d’origine égyptienne Bassem Youssef. Plus encore, des chansons de la légendaire Oum Kalthoum seront interprétées par un homme, soit le Libanais Abdelkarim Shaar.
Soirée d’ouverture
La soirée d’ouverture du FMA, le 29 octobre 2021, met en vedette Lubana Al Quntar, une chanteuse d’opéra qui peut aisément interpréter Puccini, mais aussi des chants araméens, soufis, arméniens, kurdes et turcs. Née en Syrie, elle a quitté son pays en crise, il y a maintenant une dizaine d’années, pour aller vivre aux États-Unis.
Invitée à un concert pour la Journée mondiale du réfugié, à New York, en 2016, Lubana Al Quntar a chanté l’air Sola, perduta, abbandonata de l’opéra Manon Lescaut. Elle a alors déclaré, en entrevue à l’AFP : « je ressens vraiment chaque mot que je chante : abandonnée et seule.» Du même souffle, cette battante ajoutait: «C’est formidable de laisser le monde entier voir à quoi ressemblent les réfugiés. Ils ont un rêve, ils ont du talent!» C’est au tour des Montréalais de la découvrir. Damas, du Nil à l’Euphrate – soirée d’ouverture / 29 octobre à la 5e Salle.
Oum par lui
Après avoir réuni trois chanteuses pour faire revivre le répertoire de la célébrissime Oum Kalthoum, en 2019, dans un concert intitulé Oum par elles, le FMA change la donne. Cette fois-ci, c’est le chanteur Abdelkarim Shaar qui plonge dans le répertoire de la plus grande diva arabe de tous les temps. «Il est plutôt rare qu’on voit un homme interpréter les chansons d’Oum Kalthoum et pourtant c’est ce que Abdelkarim Shaar a fait depuis longtemps à Beyrouth et souvent à guichets fermés!», souligne Emily Awad, directrice des communications du festival. Friand d’improvisations, ce chanteur qui mise sur la communication musicale en direct, n’a jamais entregistré d’album. Oum par lui / 30 octobre à la 5e Salle.
L’art de la rencontre
Même si les années passent à la vitesse grand V, plusieurs se souviennent encore du concert Le Cercle de l’extase, présenté par le FMA, en 2003. Ce dialogue entre l’Orient et l’Occident, à travers les chants mystiques de l’islam et le chant grégorien du christianisme, avait fortement ému le public, deux ans après les attentats du 11 septembre.
«Les rendez-vous d’artistes de divers horizons demeurent au coeur de notre démarche», souligne madame Awad, en précisant que la soirée de clôture du festival sera «une rencontre au sommet de l’art sacré ! En fait, on aura droit à un voyage mystique avec des artistes issus de différentes traditions soufies», soit : Khaled Al Hafez (Syrie), Abir Nasraoui (Tunisie), Habib Hosseini (Iran), Abdelkarim Shaar (Liban) et Mushfiq Hachimi (Afghanistan ). Sommet soufi– soirée de clôture /13 novembre au Rialto.
Des conférenciers «au-delà de nos espérances!»
Désireux de mieux faire connaître le monde arabe, le FMA a invité différents conférenciers et journalistes qui prendront part à des activités en présentiel ou en ligne. L’une de ces conférences concerne deux pays fréquentés par de nombreux québécois. Elle porte sur L’histoire de l’expérience démocratique au Liban et en Tunisie avec les conférenciers Sami Kleib, journaliste (Liban), Karim Emile Bitar, professeur de Sciences politiques à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth (Liban) et Nadia Haddaoui, journaliste (Tunisie). Cette conférence sera animée par Mourad Zaghidi, journaliste (Tunisie).
Le programme du FMA souligne que devant les turbulences persistantes qui secouent «ces deux seules démocraties vivantes au monde arabe», il faut se demander si la démocratie à l’occidentale convient aux Libanais et aux Tunisiens. C’est là le sens du titre de la conférence : Et si ce n’était pas pour nous ?
«Grâce à la magie de la technologie, certains intervenants seront au Liban, d’autres en Tunisie et on pourra assister à la rencontre dans son salon à Montréal, entre autres. L’Internet nous donne des ailes ! Il est clair que nous n’aurions pas eu les moyens d’amener toutes ces personnalités ici. C’est au-delà de nos espérances !» Et si ce n’était pas pour nous ? – L’histoire de l’expérience démocratique au Liban et en Tunisie / 31 octobre à 14h, heure de Montréal / En ligne / Gratuit
Le Festival du monde arabe se déroule du 29 octobre au 13 novembre, entre autres, à la Place des Arts et en ligne
Les détails de la programmation au www.festivalarabe.com