Quatorze ans après avoir présenté un premier «one man show» éponyme, l’humoriste Jean-Marie Corbeil remonte sur scène avec son nouveau spectacle solo : Fouille à nu. Le quinquagénaire a d’ailleurs bien fait rire son monde, ce soir, au théâtre du Gesù, en parlant, entre autres, de ses phobies et de ses observations lorsqu’il se regarde nu dans un miroir. Bref, de l’humour qui est souvent en dessous de la ceinture…
Du coq-à-l’âne
Seul sur scène durant environ 80 minutes, Corbeil enchaîne tous ses sujets en passant du coq-à-l’âne. Sans accessoire, ni décor, il a le sens de la mise en situation. Ses remarques sur l’aménagement intérieur des avions sont hilarantes! Il s’amuse aussi des stratégies de sauvetage prévues en cas d’écrasement de l’appareil. Mais, fallait-il nous raconter son moment passé au cabinet d’aisance en pleine zone de turbulence ?
Sa description d’une promenade de son chien par une glaciale journée d’hiver est presque cinématographique, tant elle est racontée avec justesse. L’humoriste et comédien trouve aussi le ton pour parler de l’empressement des Québécois à sortir leurs tenues estivales, dès que le mercure repasse au-dessus du point de congélation.
Corbeil s’épanche avec tendresse sur sa relation avec ses parents et la courtoisie de son père envers sa mère. Il raconte, longuement, des souvenirs d’enfance pour lesquels on ne se sent pas nécessairement concernés. Il va jusqu’à demander au public de chanter avec lui une ritournelle vulgaire apprise de sa grand-mère.
Côté religion, il avance une explication à tout le moins saugrenue de la raison pour laquelle Jésus serait revenu sur terre, trois jours après sa mise à mort.
L’artiste nous fait aussi part de son analyse de la situation politique des États-Unis qui, selon lui, se résume au fait que Trump est un «tata» qui a réveillé des millions de «tatas». Du déjà entendu et pas très drôle!
Faire la leçon
Cela dit, le spectacle se gâte encore davantage quand Corbeil tombe dans un long dénigrement des hommes, sujet à la mode s’il en est! Selon lui, les messieurs n’auraient pas la force psychique pour mettre au monde des enfants, même s’ils avaient un jour la possibilité d’enfanter. Aussi, les mâles abuseraient des congés de maladie, s’ils étaient menstrués!? On le voit, Jean-Marie je-sais-tout a des opinions même sur des situations hautement improbables!
Du même souffle, l’observateur omniscient recommande aux hommes d’un certain âge d’éviter la teinture à cheveux, ainsi que les costumes moulants lorsqu’ils vont à vélo. Le ridicule de la coquetterie chez les aînés ne se vivrait-il qu’au masculin? En tous cas, le donneur de leçons ne prodigue pas ces mêmes précieux conseils aux dames âgées.
Consensuel jusqu’au bout, Corbeil termine en disant aux femmes : «Soyez libres! Quant aux hommes, c’est déjà fait, alors fermez vos gueules!»
Avec ses bribes des infos qui font la manchette, l’humoriste me semble ajouter à la confusion du discours ambiant. Ce sociologue autoproclamé, qui prétend s’inquiéter de la montée de la droite au Canada, se limite à une lecture à tout le moins simpliste de l’actualité où l’on ignore que, dans les faits, le sexe masculin est souvent ostracisé. Monsieur Corbeil est-il au courant, entre autres, de l’exclusion des hommes blancs d’un appel de candidatures à l’Université Laval, en vertu de critères fixés par le gouvernement fédéral?
En crachant ainsi sur la condition masculine, sait-t-il que trois fois plus d’hommes que de femmes se suicident au Québec, selon les dernières données de l’INSPQ? Malgré tout, la solution à nos maux, serait de sommer les gars de fermer leurs gueules, selon ce champion du prêt-à-penser. Pathétique!
La démagogie de monsieur Corbeil lui permettra peut-être d’attirer du monde dans ses salles, mais ce n’est certainement pas lui qui me fera taire!
Faire rire les gens est un objectif louable à ne pas confondre avec faire la morale.