Nomade du monde aux cheveux électriques, la pétillante Flavia Coelho m’a offert ma première interview. Très chaleureuse, elle m’a mise à l’aise de suite:
« – Comment tu t’appelles?
– Clémence et toi?
– Moi c’est Flavia. Enchantée!
– Enchantée! »
Hier à l’Olympia de Paris, aujourd’hui au Club Soda de Montréal, elle inonde le monde de son talent et de sa fraîcheur! C’est la première fois qu’elle vient à Montreal, début d’une conquête des Amériques? Sûrement ! Mais pour l’instant l’Europe la réclame à nouveau et elle ne fera qu’un aller-retour pour cette fois, à peine le temps de visiter le Vieux-Montréal que c’est déjà terminé. « C’est le jeu du métier », dit elle, pas le temps de visiter mais elle l’accepte et cela ne l’empêche pas de se sentir chez elle partout, le monde est sa maison. Chaque nouveau concert est un plaisir partagé et la tornade brésilienne commence à peine son épopée musicale!
Déjà instigatrice d’un nouveau genre appelé le bossa muffin (mélange de sonorités reggae, bossa, musique traditionnelle brésilienne), avec le soutien permanent de Victor Vagh, son producteur et ami. Ils ont relevé le défi de créer un style autre, car comme elle le dit très bien, « C’est pas parce que je suis brésilienne que je vais faire de la bossa nova! ».
Sa liberté est un de ses atouts. Elle a grandi dans un Brésil fraîchement libéré de la dictature et garde ancré en elle ce besoin d’ouverture d’esprit. Ce côté « électron libre » et l’envie d’émancipation, elle l’a hérite de sa mère. Coiffeuse et maquilleuse, elle l’emmenait toujours avec elle en coulisse pour s’occuper des artistes de cabaret. Déjà, un mini-ouragan opère, car cette petite hyperactive se promène entre les danseurs, danseuses et transgenres des cabarets comme un poisson dans l’eau. Et ce, dans un monde où les esprits ont encore des difficultés à s’ouvrir. Lorsqu’elle est trop dans les pattes de sa mère, celle-ci lui met un seau sur la tête et « va jouer ailleurs! » Dans ce seau, sa voix résonne et là dans cet environnement naît la chanteuse que nous connaissons aujourd’hui.
Très fière de ses racines, les favelas l’ont vu naître. De là viennent les bases de ses influences musicales, rap US, hip hop: « J’ai grandi dans le quartier », me dit-elle. Puis, Paris l’a rendue Femme, indépendante, autonome, arrivée sans papier à Paris pour tenter sa chance. A la douane, le stress augmente… « Vais je passer? » Elle se fredonne une chanson de Chico Buarque, « Samba de Orly », « Ça va me porter chance », dit elle. Le douanier voit Brésil sur son passeport et lui dit « Oh! Bresil vous connaissez Chico Buarque? Samba de orly? J’adore cette chanson! » Et hop, un Coup de tampon et c’est gagné en avant pour l’aventure parisienne !
Depuis, sa famille la contemple à distance, très fière d’elle, son père va même traverser l’Atlantique en 2018 pour découvrir son « mondo meu ».
Ses racines brésiliennes sont sa plus grande fierté, elle l’assume à travers ses textes. Elle souhaite montrer que ses origines sont métissées et colorées.
Malgré un succès incontesté, elle reste naturelle, pas de chaussures à talons hauts ou aiguilles, c’est en basket qu’elle monte sur scène pour être le plus à l’aise! crinière au vent, elle est prête pour le concert qu’elle va donner le soir même.
Bref, une artiste pétillante de vie !
Photos © Clem Latique