C’est 10 ans après avoir présenté sa pièce très remarquée À présent que Catherine-Anne Toupin revient à l’écriture et nous dévoile sa nouvelle pièce La Meute. Cette œuvre nous parle de violence et explore les limites de l’acceptable. Quelles sont les conséquences de nos actes? À quel moment dépassons-nous les limites?
La pièce débute par un monologue poignant de Sophie (Catherine-Anne Toupin), où plusieurs discours d’une grande violence s’entrecoupent. On comprend qu’elle a perdu son emploi, et qu’elle a essuyé une myriade d’insultes. Mais les événements qui ont mené à cette malheureuse situation restent inconnus. Qu’a-t-elle fait pour se retrouver dans une telle situation? C’est ce que nous découvrirons à la fin seulement.
Après avoir conduit toute la nuit, Sophie arrive chez Martin et sa tante Louise, interprétés respectivement par Guillaume Cyr et Lise Roy, qui résident dans un coin reculé. Sophie s’y est rendue pour louer une chambre. La jeune femme semble ivre et complètement désorientée, et dit avoir besoin de prendre un peu de recul. En quelques jours, et l’alcool aidant, Sophie se lie d’amitié avec ses hôtes.
Il est difficile d’en dire plus sans dévoiler l’intrigue de ce thriller, qui se termine sur une note plutôt surprenante.
Il est rare de voir ce sujet abordé dans une pièce, mais il est nécessaire de se pencher sur cette question. Les débats autour de la limite de la liberté d’expression et les dérives d’Internet se multiplient. Catherine-Anne Toupin a su explorer et dépeindre la violence que l’on retrouve sur les médias sociaux d’une façon juste. Les images sont fortes, les mots choquants et les personnages fangeux. D’être confrontés à ces situations inquiétantes et malaisantes nous fait également prendre conscience de nos propres actes et de ce que nous devons accepter ou non comme société.
Marc Beaupré a fait un excellent travail à la mise en scène. Le décor épuré et sombre sert bien l’intention dramatique de la pièce. Les déplacements des acteurs sont réfléchis et les répliques rythmées. Le seul bémol de cette oeuvre est qu’une fois le « punch » dévoilé, on se met à nous expliquer de long en large les raisons du licenciement de Sophie. Cela alourdit considérablement la fin de la pièce, et comme spectatrice, je déteste qu’on me prenne ainsi par la main. Ces explications interminables n’étaient pas nécessaires à la compréhension de l’histoire.
La Meute est tout de même une pièce à voir, ne serait-ce que pour la pertinence de son thème par rapport à la société actuelle.
La Meute est présentée au théâtre de La Licorne jusqu’au 17 février, mais faite vite si vous voulez y assister. Il ne reste que quelques billets. https://theatrelalicorne.com/lic_pieces/la-meute/
Photo: Suzanne O’Neill