Pour son troisième roman, La page manquante, Valérie Langlois s’est inspirée de sa propre vie, alors qu’elle a sombré dans un long coma, en janvier 2014, à la suite d’une maladie neurologique très rare, qui lui a fait perdre des pans de sa mémoire, et lui a nécessité une longue guérison à réapprendre à parler, marcher et vivre. Un roman rempli de résilience, à la fois bouleversant et fascinant. Un roman qui change les perspectives et amène une réflexion sur la précarité de la vie, les valeurs profondes, les amitiés, la famille, l’amour et la recherche du bonheur. Ouf! Quel roman magnifique! Et sachant que c’est inspiré d’une histoire vraie de l’auteure, on ne peut qu’en être encore plus touché et ému!
Résumé : Salomé Gauthier se réveille dans une chambre d’hôpital. Elle apprend qu’elle vient de passer plusieurs semaines dans le coma. Prisonnière de son corps, elle ne se souvient de rien : il manquera désormais une page à sa vie. Le récit de ses difficultés de réadaptation se juxtapose avec celui des événements qui ont conduit au drame. Salomé, clouée à son lit et reconnaissant à peine ses proches, devra réapprendre les gestes les plus instinctifs : communiquer, manger, marcher, aimer. Elle persévérera en apprivoisant les séquelles d’un traumatisme qui ne la quittera jamais tout à fait.
Au moment où j’ai lu son 2e roman, en février 2014, je venais d’être mise au courant de ce qui lui était arrivé en janvier 2014, avec ce long coma, par l’auteure Mélanie Fortin sa grande amie. Sachant qu’elle est guérie et qu’elle a écrit un nouveau roman, je voulais absolument le lire.
Quelle histoire inspirante! J’ai rarement lu un livre avec autant d’intérêt et de passion. Quand je devais le mettre de côté pour quelques heures, j’avais toujours ce récit en tête et des réflexions qui me surgissaient à tout moment de la journée. J’étais obsédée par ce roman et toutes les émotions et sensations qu’il m’apportait à sa lecture.
Ce roman nous place dans la tête de Solomé, alors qu’elle se réveille graduellement de son coma. Et l’on suit avec elle, toutes ses étapes de guérison. Valérie Langlois a un réel talent pour nous faire ressentir toutes les émotions de son personnage. On se sent prisonnière, comme elle, d’un corps qui ne répond plus. On a soif avec elle, lorsqu’elle ne peut pas boire, à cause de sa trachéotomie. On sent la paranoïa nous envahir, lorsque son cerveau lui envoie de faux signaux. On apprend à respirer avec elle, quand on lui enlève sa trachéo, dont voici l’extrait dans le roman pour vous donner une idée de l’excellente plume émouvante de Valérie : «Tout se passe rapidement. Le ventilateur est éteint. J’étouffe! Est-il possible que j’aie tout oublié, jusqu’à comment respirer? Je suffoque. Pendant un instant passe dans ma tête une image de moi, à huit ans, étouffant sous l’eau de la piscine municipale. Ma gorge est étanche… Non! Non! Aucun filet d’air ne se rend jusqu’à mes poumons, impossible d’avaler une goulée d’oxygène. Ça bloque dans ma gorge! Des larmes roulent toutes seules du coin de mes yeux. J’entends le médecin parler à l’infirmière. – D’accord, ça fait vingt s secondes, on va rebrancher le respirateur.» On souffre et on persévère avec elle, lorsqu’elle réapprend à marcher, à parler, à lire. C’est presque épuisant pour nous de lire certains passages, mais c’est aussi extrêmement gratifiant de la voir réussir!
En plus de vivre avec elle ces moments intenses, on est à même de voir tout le travail, l’effort et le dévouement du personnel médical, pour aider à guérir Salomé. On tombe également en amour avec la famille de Salomé, sa maman si dévouée, ses amis très proches qui lui permettent de remonter peu à peu la pente. Que d’émotions nous vivons avec ce roman si merveilleusement présenté! On nous présente même, en alternance, dans les premiers chapitres, les événements qui ont mené à ce drame de janvier 2014. C’est une belle idée que d’amener ces moments plus doux, plus heureux, plus joyeux, en alternance, nous permettant de mieux absorber les moments intenses de la maladie et se détendre un peu de ces moments plus pénibles.
Et au final, ce roman nous fait réfléchir sur nos valeurs, nos combats, notre recherche du bonheur. Voici un extrait très inspirant : «…puisque chaque décision prise, pourrait influencer le jour d’après, il m’appartient désormais de veiller à ce que tous mes choix soient faits en vue d’améliorer mon sort, de créer pour mes filles et moi une vraie qualité de vie. L’équation du bonheur est simple : persévérance plus bonne humeur plus travail. Tout est dans l’attitude.»
En résumé, ce roman est à lire absolument et il est assurément l’un de mes coups de cœur de l’année 2019.
Détentrice d’un baccalauréat en psychoéducation, Valérie Langlois a travaillé pendant près de vingt ans dans le milieu de la déficience intellectuelle avant de se consacrer à l’écriture. Elle est l’auteure de deux romans historiques publiés chez VLB : Culloden – La fin des clans (2011, sélection de Québec Loisirs et de France Loisirs) et La Dernière Sorcière d’Écosse (2014, sélection de Québec Loisirs). Boursière du CALQ en 2012, elle a obtenu le prix Philippe-Aubert-de-Gaspé (au Salon du livre de la Côte-du-Sud) en 2015. Elle habite à Lévis.
Date de parution : 3 avril 2019
Sujet : Littérature québécoise
Nombre de pages : 312 pages
Prix 24,95 $
Valérie Langlois sera au salon du livre de Québec.
Consultez le site http://www.silq.ca/ pour voir son horaire de signature.
Éditions Libre Expression
http://www.editions-libreexpression.com/