Éric Gauthier vient de publier, aux éditions Alire, un roman de fantasy urbaine, Les étages ultérieurs. Ce roman imprévisible et original aborde des thèmes comme la vie, l’amour, le deuil, mais aussi la prédestination. Si notre futur est déjà déterminé, si on le connaît d’avance, pouvons-nous changer notre avenir ? Voilà une des questions que ce roman aborde avec justesse et finesse. Génial!
Résumé : Aurèle, un jeune homme tout ce qu’il y a d’ordinaire, a quitté tôt les bancs d’école pour aider à la ferme familiale. Mais quand prend fin la Seconde Guerre mondiale et que son frère plus vieux, Méo, rentre à la maison, il comprend qu’il n’est plus indispensable et il accepte un emploi d’homme à tout faire au domaine des Pontbriand. Dès son arrivée, Aurèle constate que les maîtres des lieux sont absents et que tout est laissé aux bons soins de leurs employés – même l’éducation de la petite Lédonie, huit ans, dont les Pontbriand ont la garde. C’est Delphine, la gouvernante, qui lui fait la classe et, très vite, Aurèle s’entiche tant de l’enfant que de la jeune femme, dont les allées et venues nocturnes ne cessent de l’intriguer. Tout d’abord réticente, Delphine partage bientôt son secret avec lui : elle l’entraîne dans l’escalier de la mystérieuse tourelle du manoir, un escalier qui mène vers l’avenir… leur avenir ! Si ce qu’Aurèle voit dans leur futur proche l’enchante – comme ce baiser bientôt volé à Delphine –, les étages ultérieurs dévoilent cependant un avenir plus sombre, inquiétant, au cœur duquel Lédonie semble tenir un rôle primordial. Or, comment savoir si c’est pour le meilleur ou pour le pire ?
J’ai découvert la plume d’Éric Gauthier avec le roman Le Saint Patron des plans foireux, et j’avais adoré son écriture de raconteur. Il a un don pour nous raconter une histoire qui peut paraître farfelue, étrange et irréelle, tout en nous amenant à vouloir y croire et embarquer à fond dans son univers mystérieux. En général, les histoires fantastiques et surnaturelles ne m’intéressent pas, mais le talent de conteur d’Éric Gauthier m’a fait totalement embarquer dans ce nouveau roman Les étages ultérieurs. Il faut dire que je suis une fervente adepte des histoires de voyage dans le temps. Dès les premières pages, j’ai tout de suite embarqué dans la prémisse de ce roman, avec cet escalier mystérieux dans la tourelle, qui permet de voir des brides de l’avenir, d’année en année, pour les habitants de cette maison. Éric Gauthier a une finesse inouïe pour décrire avec précision et images fortes, les lieux, situations et personnages, si bien qu’on veut croire que tout cela est possible.
J’ai embarqué à fond dans cette histoire. Je me suis questionnée à savoir comment moi j’aurais réagi. J’ai été sidérée par l’évolution des événements et j’ai encensé l’ingéniosité du récit fantastique que l’auteur nous raconte avec autant ferveur et de surréalisme.
Tout au long de l’histoire, je me suis demandé où on s’en allait, et quel en sera l’aboutissement. Malheureusement, je dois dire que la fin de ce roman m’a laissé sur ma faim. J’aurais aimé en savoir plus et en comprendre plus. Mais somme toute, cette fantastique aventure vaut la peine d’être lu, pour le divertissement qu’elle procure et nous permet de nous sortir de notre quotidien et nos zones de confort.
Ce que j’ai aimé le plus dans ce roman, ce sont les réflexions pertinentes et questions sans réponses que nous amène l’auteur. Par exemple : Est-ce que l’on peut tenter de modifier le futur aperçu, pour changer les moins bons moments sans pour autant annuler les meilleurs aspects de son avenir ? Et si notre avenir empirait en essayant de le rendre meilleur ? Et de voir d’avance ce que l’avenir nous réserve, est-ce que cela est bénéfique ? Est-ce que cela nous permet de faire d’avance nos deuils ? De se préparer pour être apte à mieux vivre ce qui nous attend ? Ou encore, est-ce que le fait de voir dans notre futur un événement intéressant nous motive à tout faire pour qu’il se réalise vraiment ? Mais également, de voir d’avance ce qui s’en vient, est-ce que cela enlève tout le côté surprenant de la vie et nous laisse un sentiment blasé et de déjà-vu ?
Bref, j’ai adoré à nouveau me délecter de la plume d’Éric Gauthier et avoir accès à son imaginaire fantastique et envoûtant.
Abitibien errant, informaticien défroqué, Éric Gauthier raconte le fantastique, l’absurde, les mystères de la vie moderne. Tantôt écrivain, tantôt conteur, il s’est produit sur une multitude de scènes, du Sergent recruteur (à Montréal) jusqu’au Yukon, en France et en Serbie. Sa passion pour les rouages des histoires l’amène aussi à accompagner d’autres auteurs dans leur écriture. Ses écrits et ses contes lui ont valu plusieurs prix, dont le Grand Prix de la science-fiction et du fantastique québécois. Après son recueil de contes Feu blanc (2009) et son ambitieux roman Montréel (2011), il proposait en 2015 La Grande Mort de mononc’ Morbide, roman qui met en évidence sa voix de conteur et son style singulier. Il habite Sherbrooke où il élabore en ce moment sa prochaine combine.
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Date de parution : 28 octobre 2021
Prix : 28.95$
Nombre de pages : 367 pages
Éditions Àlire : https://www.alire.com/
Site de l’auteur : https://ericgauthier.net/
Voici mon appréciation de son roman précédent : https://lesartsze.com/le-saint-patron-des-plans-foireux-deric-gauthier-divertissant-et-destabilisant/