C’est un véritable tour de force que réalise l’équipe des Fourberies de Scapin : de savoureuses scènes à la puissance comique parfaitement maîtrisée qui déclenchent fous rires à tout-va, le tout à un rythme des plus décoiffant. Sans conteste, une grande réussite.
Molière ! Qu’il doit être intimidant, mais ô combien gratifiant de pouvoir jouer dans l’une de ses pièces. Maître incontesté de la comédie sous bien des formes, la barre est haute quand vient le temps de donner vie à ses personnages, tantôt vils, tantôt exubérants, tantôt attachants, mais toujours si divertissants.
Il régnait une certaine fébrilité en ce soir de première, parce que – oui bon – première, mais surtout parce que le public avait hâte de voir ce que le mélange André Robitaille/Patrice Coquereau/Benoit Brière pouvait donner. La réponse : des duos qui passeront assurément à l’histoire du TNM ! Vous savez, lorsque vous riez avant même que les comédiens n’aient commencé à parler ? Quelle belle sensation et quelle belle énergie.
Et quand je parle d’énergie, celle déployée par tout un chacun est absolument impressionnante : il en faut des calories pour mener à bien deux heures de spectacle avec la même intensité du début à la fin ! Énergie physique certes, mais énergie verbale également, car le phrasé de Molière requiert un rythme et une vigueur bien particuliers pour traduire le loufoque des situations de donc le comique, façon Commedia Dell’arte qui caractérise une pièce comme Les Fourberies de Scapin.
Il est également très plaisant de voir différentes générations de comédiens se côtoyer : le charisme du « vieux baroudeur » André Robitaille se goupille avec merveille à la fraicheur du jeune Sébastien René ; d’ailleurs, on aurait pu penser que Scapin – interprété donc, par André Robitaille – pourrait voler la vedette. Mais au final, tous les personnages, même secondaires sont succulents : tous possèdent LEUR moment de folie. Une mention spéciale à Patrice Coquereau, très à son aise dans ce registre et bien sûr, un clin d’œil bien appuyé à Benoit Brière, qui nous offre un jeu d’inspiration « Louis de Funesque » et qui clairement… s’amuse !
Si le contenu est impeccable, le contenant n’est pas en reste : la mise en scène de Carl Béchard, réglée au quart de tour, est appuyée par des décors d’inspiration navale qui rendent l’espace de jeu grandiose. On notera les pertinentes trouvailles chorégraphiques qui permettent de mettre une touche moderne et intelligente et l’utilisation de la musique et des bruitages en tant qu’« artistes invités »…
Bref, le classique d’un maître, interprété par des virtuoses.
« Les Fourberies de Scapin » : présenté au Théâtre du Nouveau Monde jusqu’au 10 février 2018. SUPPLÉMENTAIRES : les 11, 13, 14 et 17 février. En tournée au Québec avec « Les Sorties du TNM » du 28 février au 24 mars 2018.
Durée du spectacle : 2h, avec entracte.
MISE EN SCÈNE
Carl Bouchard
DISTRIBUTION (Par ordre alphabétique)
Simon Beaulé-Bulman, Marie-Ève Beaulieu, Carol Bergeron, Benoit Brière, Patrice Coquereau, Lyndz Dantiste David-Alexandre Desprès, Marcelle Hudon, Sébastien René, André Robitaille, Catherine Sénart, Tatiana Zinga Botao
Photo d’Yves Renaud: Benoit Brière et Patrice Coquereau