C’est le 24 mai que la comédie dramatique Les tortues écrite et réalisée par David Lambert prend l’affiche au Québec. Le film met en vedette Dave Johns, Olivier Gourmet et Brigitte Poupart et raconte les difficultés d’un couple queer, qui, après 35 ans de vie commune, doit survivre aux changements qu’apporte la retraite de l’un d’eux.
Résumé : À Bruxelles, dans les Marolles, Henri se prépare à fêter sa retraite de policier. Son mari Thom, photographe devenu brocanteur, se fait une joie de célébrer l’aube d’une nouvelle vie. Mais la fête ne se passe pas comme prévu. Thom découvre qu’il est cocu et gifle Henri, sous les yeux de tous. Thom, fin stratège, décide de lancer une procédure de divorce, persuadé que c’est grâce à un tel électro-choc qu’il va récupérer Henri. Henri, au contraire, saisit la balle au bond et fait tout pour se débarrasser de Thom. Il en arrive à ramener un chien perdu à la maison alors que Thom est gravement allergique. Le cocon d’amour se transforme en champ de bataille. Thom et Henri découvrent une facette l’un de l’autre qu’ils ne connaissaient pas encore. Et si le divorce laissait la place à un remariage ?
David Lambert, cinéaste belge, est passé maitre dans l’art d’explorer le couple queer, toujours avec un regard bienveillant, mais en démontrant tous les hauts et les bas de l’amour, et en utilisant divers styles et genres qui surprennent parfois même. Ainsi, Hors les murs, son premier long métrage, racontait une histoire d’amour entre un homosexuel albanais et un pianiste bruxellois bisexuel. Puis son deuxième long métrage Je suis à toi, racontait une histoire d’amour entre un boulanger homosexuel wallon et un bisexuel argentin. Cette fois-ci, dans Les Tortues, il aborde la dépression suite à la retraite, la remise en question d’un couple qui s’ignore et s’oublie et se tient pour acquis, après 35 ans de vie commune. Tout cela, dans l’humour et le cocasse, mais en laissant aussi voir subtilement toute la vulnérabilité et la douleur intérieure des personnages.
À l’image des tortues, ce film progresse lentement, laissant beaucoup de place à la musique qui prend la parole à la place des personnages et approuve l’ambiance que le réalisateur nous propose.
Olivier Gourmet est Henri, ce policier qui, dès son premier jour de retraite, découvre qu’il ne peut supporter l’ennui et n’a rien de prévu pour se désennuyer. N’étant pas habitué d’être à la maison tous les jours avec son conjoint, il se sent pris au piège et plus Thom l’entoure, couve, le materne, plus il vient à vouloir sortir de cette union, de cette vie. Ce grand acteur a un rôle très difficile à défendre, puisque son personnage est des plus antipathique. Malgré tout l’amour et les soins que lui profère son conjoint, il est des plus cruels avec lui. Ce n’est que vers les derniers moments du film que ce personnage s’ouvre enfin et qu’on se prend d’empathie pour lui, preuve que ce grand acteur a su très bien relever le défi de nous faire aimer son personnage malgré tout.
Dave Johns incarne Thom, le conjoint qui a tout laissé derrière lui, il y a plus de 35 ans, pour vivre avec Henri, un peu comme les femmes à l’ancienne, qui ne vivent que pour leur mari. Il cuisine, fait les courses, le ménage, et est soutenu financièrement par Henri, en plus d’avoir laissé de côté ses amis et son métier pour se consacrer à son couple. Il est tellement attendrissant ce personnage, qu’on l’adore tout de suite. Mais peu à peu, on comprend qu’il est beaucoup trop dépendant affectif et que sa relation est malsaine. Il doit prend ses distances pour se reprendre en main et c’est ce qu’on le voit faire graduellement, alors qu’il reprend contact avec son ancienne vie. Cet acteur est vraiment excellent pour nous montrer toutes les nuances de douceur, toute sa bonté et bienveillance pour autrui.
Personnellement, j’aurai aimé en voir plus de cet univers avec lequel il renoue. J’aurais aussi aimé que les quelques personnages secondaires qui gravitent autour du couple soient un peu plus exploités. Par exemple Brigitte Poupart incarne la seule amie de Thom, mais on en sait peu sur elle et il aurait été intéressant de la voir un peu plus. C’est la même chose pour le milieu de la drag que j’aurais aimé voir un peu plus.
Au final, ce film est très drôle, cocasse, rempli de belles touches d’humour dans les scènes de ménage que l’on adore regarder. C’est amusant de voir toutes les mesquineries que chacun met en place pour faire réagir l’autre. Mais aussi, c’est beau de voir subtilement les douleurs de l’un et de l’autre. Ce beau mélange de comédie et de drame est bien dosé et fait de ce film, un bon divertissement.
Produit par Artémis, Christal Films, TS Productions cette coproduction Belgique/ Canada est une comédie dramatique distribuée au Canada par Les Films Opale. Les tortues prendra l’affiche le 24 mai prochain.
Bande-annonce : https://youtu.be/MRfQRl-9Rc4
RÉALISATEUR David Lambert
SCÉNARISTE David Lambert
PRODUCTEURS Artémis
Christal Films
coproduction Belgique/ Canada
DURÉEE 82 minutes
GENRE Comédie dramatique
PAYS Belgique-Canada
LANGUE Français, anglais
ANNÉE 2024
DISTRIBUTION
Dave Johns
Olivier Gourmet
Brigitte Poupart
crédit photos : Courtoisie Les films Opale