Plusieurs milliers de personnes étaient au rendez-vous, en cette belle soirée d’été (10 août), pour le traditionnel concert de l’Orchestre symphonique de Montréal au Parc olympique. Le chef Rafael Payare et quelque 80 musiciens de l’OSM célébraient la diversité des musiques et des cultures des Trois Amériques. Des invités autochtones, ainsi qu’un trompettiste vénézuélien et une chanteuse de Trinité-et-Tobago ont pris part à cette soirée éclectique intitulée Aux couleurs des Amériques.
Avec classe et simplicité, l’animatrice de la soirée Magalie Lépine-Blondeau a tout de suite su intéresser le public, en lui donnant des précisions brèves et pertinentes sur ce qu’on s’apprêtait à jouer. La comédienne a notamment expliqué pourquoi on avait choisi d’interpréter un extrait de la Symphonie du Nouveau Monde de Dvořák. Non seulement cette oeuvre a été créée lors d’un séjour du compositeur en Amérique, mais certains analystes estiment que cette partition traduit l’admiration du compositeur tchèque pour les spirituals et les chants de plantation afro-américains.
Le public était ainsi disposé à écouter attentivement l’Allegro con fuoco tiré de la plus connue des symphonies de Dvořák. Une entrée en matière réussie !
L’autrice innue Natasha Kanapé Fontaine a ensuite lu, dans sa langue, un texte où elle a parlé, entre autres, de «Pays mien». On a pu suivre ses propos grâce aux sous-titres en français qui apparaissaient sur les écrans placés de chaque côté de la scène. Quant au chanteur Jeremy Dutcher, de la Première Nation Tobique, il a livré un magnifique chant en Wolastoqiyik (malécite) avec sa voix puissante de ténor accompagnée par l’orchestre.
Rythmes exotiques
Puis, on a soudainement eu l’impression d’être transportés à une grande soirée du Festival de jazz de Montréal, lorsque le trompettiste vénézuélien, Pacho Flores, est venu jouer un concerto composé pour lui par le Cubano-Américain Paquito D’Rivera. Flores est un virtuose qui a, notamment, reçu le premier prix du concours international «Maurice André», le concours de trompette le plus renommé au monde.
Il démontre ses prodigieuses qualités dans le Concerto Venezolano où il est rejoint par Hector Molina au cuatro, une petite guitare à quatre cordes. Les deux musiciens produisent assurément l’un des moments forts de la soirée. La dernière partie de l’oeuvre, teintée de flamenco, est particulièrement festive et une bonne partie de la foule s’est levée spontanément pour applaudir, à la fin du morceau.
Accents jazz
On entre alors tout naturellement dans l’univers jazzé de West Side Story de Leonard Bernstein. Payare se montre particulièrement fougueux dans ces danses symphoniques parfois rythmées de claquements de doigts ! On jouera aussi l’immortelle mélodie de Somewhere. Ce moment tout en douceur est toutefois envahi par les bruits dérangeants qui semblent émaner d’installations électriques aux abords de la scène. Le doux poème symphonique Santa Cruz de Pacairigua du Vénézuélien Evencio Castellanos en souffrira également.
À ce programme généreux, s’ajoute la prestation envoûtante de Jeanine de Bique. La soprano originaire de Trinité-et-Tobago a charmé le public avec les mélodies de Honey and Rue : « The town is lit » de André Previn.
Un portrait de famille incomplet
Cet ambitieux tour d’horizon des Amériques ne contenait toutefois aucune oeuvre représentative des francophones. C’est comme si nous étions absents de la diversité des musiques et des cultures des Trois Amériques. Il aurait pourtant été tout naturel de glisser dans ce programme quelques minutes de musique québécoise. Un extrait des Diableries de François Dompierre ? Une danse pastorale d’André Mathieu ?
Enfin, on aurait souhaité que maestro Payare nous dise quelques mots. Les Montréalais ne demandent qu’à le connaître davantage.
Virée classique
La Virée classique se poursuit du 12 au 14 août dans différentes salles de la Place des Arts. On y verra en concert, entre autres, Pacho Flores, Jeanine de Bique et James Ehnes. Le saxophoniste Branford Marsalis a toutefois déclaré forfait, à la suite d’une opération à un genou.