Avec son spectacle Nous, Martin Perizzolo offre une très belle palette de jeu, d’improvisation, de coups de gueule et de « grassieusetés». Un humoriste qui mérite d’être connu au-delà des Beaux malaises et des Fromages d’ici.
[masterslider id= »139″]C’est d’ailleurs par un sondage que Martin Perizzolo commence son spectacle : au travers de quelle plateforme le public présent le connaît-il ? Il s’agit là en fait d’un moyen très judicieusement amené pour parler de la fameuse émission Expédition extrême. Mis en colère par une accumulation de frustrations au cours de l’émission, il a déployé un langage des plus fleuris, qui fait encore les beaux jours des vidéos Youtube les plus visionnées, plus d’un an après les faits. Loin de vouloir se trouver des excuses, Martin entreprend donc de remettre ces faits dans un contexte : s’en suivent 20 minutes de descriptions hilarantes sur les raisons de sa colère ; un règlement de compte/thérapie qui nous déride et nous permet de mieux cerner le bonhomme : franc, ironique, pince sans-rire et efficacement moqueur.
Le reste de ses numéros traitent de sujets plus quotidiens qui, sans être originaux, ont le mérite de nous faire réfléchir par l’absurde. Ses thèmes de prédilection ? La surconsommation et l’environnement : sans être paternaliste, il met en relief les situations absurdes auxquelles notre société nous habitue. On apprécie qu’il n’aborde pas directement les relations hommes-femmes – ce qu’il pourrait par contre faire dans un prochain spectacle – et on se régale, sans jeu de mots, lorsqu’il évoque les différences générationnelles concernant nos rapports à la nourriture.
On notera aussi ses talents en improvisation, que ce soit pour les interventions inopinées avec le public ou pour justifier une annonce d’entracte un peu trop abrupte. Martin Perizzolo est à l’écoute de son public et ne se considère pas en terrain conquis.
L’entracte inhabituelle offre tout même une transition bienvenue entre des numéros, appelons-les « grand public » et des numéros plus graveleux. Un humour gras qui, en revanche, n’est pas sa plus grande force, mais qu’il ne manquera pas de peaufiner s’il continuait à évoluer dans le genre. On note également une distorsion dans le rythme : entre fous rires et sourires polis, la deuxième partie mériterait d’être resserrée.
Il n’en reste pas moins une agréable surprise et comme il réfléchit beaucoup et vite, nul doute qu’il saura palier aux faiblesses qui sont monnaie courante dans un stand-up de cette envergure.
Un petit clin d’œil aussi à Charles Deschamps, qui a officié à titre de première partie : il n’est jamais évident d’occuper cette place, mais il a soutenu son intervention avec aplomb et… un petit peu de stress, ce qui ne nous empêchera pas de le surveiller davantage dans les prochains mois.
Martin Perizzolo est en tournée au Québec jusqu’en septembre 2018.
Durée du spectacle : 1h30