Le chanteur Sam Smith, ouvertement non-binaire, a électrisé la foule au Centre Bell, samedi soir, avec son spectacle Gloria, célébrant la diversité. La star britannique et ses musiciens et danseurs gravitent autour d’une énorme statue représentant Vénus ou Aphrodite allongée nue sur la scène. Durant tout le spectacle, l’artiste de 31 ans multiplie les changements de costumes: robes de lamé, corset, crinoline, etc. Il y a une gradation dans les tenues vestimentaires qui fait écho aux trois thèmes de la soirée: Amour, Beauté et Sexe.
Le chanteur fond en larmes
En plus de son exubérance sur scène qu’on pourrait sans doute comparer à celle de Lizzo, l’auteur-compositeur-interprète qui a déjà reçu 5 prix Grammy, fait preuve d’un sens de la mélodie à la Elton John. Pas étonnant que dès les premiers accords, toute la salle chante les vers d’oreille pop et soul: Stay With Me, suivie de I’m Not the Only One et Like I Can, trois pièces du premier album de Smith.
Ovationné, il prend alors un moment pour mesurer la chaleur que lui réserve le public montréalais et les larmes lui montent aux yeux, comme en témoigne la captation en direct sur grand écran. «Oh mon Dieu! J’ai vraiment essayé de ne pas pleurer, oh mon Dieu! Merci beaucoup, merci beaucoup! Vous êtes incroyables! Je vous aime aussi!», dit-il, en anglais.
Le visiteur se souvient d’ailleurs de sa première visite à Montréal, un soir où il neigeait. Il n’avait que 21 ans. Vous ne m’avez pas oublié, s’émeut Sam.
À bas les tabous !
Il chantera ensuite Perfect, tirée de son dernier album intitulé Gloria, en duo avec Jessie Reyez. Cette chanteuse, née à Toronto, s’est d’ailleurs produite en début de soirée. Durant un peu plus d’une demi-heure, elle a interprété des pièces RnB entrecoupées de prises de parole énergiques, voire acrimonieuses, notamment, contre un producteur avec qui elle a travaillé et qui aurait abusé de la situation.
Heureusement, le ton fut plus serein avec Smith qui affirme sa différence, notamment à travers ses costumes mais, sans faire de longs discours. Plutôt bon enfant et compatissant, il a même eu une attention particulière pour ceux qui n’ont pas trouvé l’amour: «Is anyone single? If you’re single, I wrote this song for you», lança-t-il en présentant Dancing With a Stranger, une pièce de son album Love Goes.
Puis, les rythmes deviennent disco avec Lose You et I’m Not Here to Make Friends et même I Feel Love de Donna Summer. Durant cet hymne à la luxure, Smith retire son t-shirt et quatre danseurs caressent son torse dodu. L’un d’entre eux lui lèche une épaule.
Le public multiplie les cris d’approbation devant cette audace du chanteur qui semble ainsi avoir surmonté ses difficultés à accepter son poids. Mais, la véritable pièce de résistance de la soirée n’est pas encore arrivée…
Les vingt dernières minutes de ce spectacle d’environ une heure quarante poussent l’audace encore plus loin! Recouvert d’un voile blanc, Smith interprète Gloria a cappella avec ses choristes. Cet air qui a des allures d’hymne religieux vante les mérites de l’acceptation de soi: «Be yourself so loud tonight Sparkling like dynamite If that is who you are A hymn for Gloria»
Les danseurs dépouillent alors Smith de son voile et l’artiste se retrouve torse nu, portant un cache-sexe, des bottes cuissardes noires et des bas résille pour interpréter Human Nature de Madonna. Les fans de Sam sont en délire devant cette scène vraisemblablement perçue comme l’ultime geste d’acceptation de son corps.
Puis, ce sera sans doute la chanson la plus attendue de la soirée, Unholy, avec Kim Petras qui apparaît sur un grand écran à l’arrière-scène. Cette pièce qui a été incluse parmi les meilleures chansons de 2022 par le magazine Rolling Stone, aura dépassé la marque du milliard d’écoutes en continu à travers le globe.
En guise de rappel, les danseurs livrent une ultime chorégraphie lascive sur la nouvelle chanson enregistrée par Smith et Madonna, intitulée Vulgar, un titre qui, on le devine, ne fait pas dans la dentelle…
Au bout du compte, ce chanteur de pop soul s’aventure dans des zones où l’acceptabilité sociale n’est pas toujours acquise. Mais, il ne s’agit pas de provoquer pour provoquer. Son extravagance devient une forme de catharsis en harmonie avec son public qui a passé la soirée debout à l’acclamer!
Au-delà de ses mises en scène salaces et clinquantes, le meilleur atout de Smith demeure sa riche voix de ténor aux accents de baryton, mise en valeur grâce à d’excellents musiciens et choristes et une sonorisation sans faille.
Pas de doute, l’escale montréalaise de la tournée Gloria n’aura laissé personne indifférent!
Sam Smith / Gloria The Tour
Centre Bell, 12 août