Après avoir fait les beaux jours du Capitole de Québec, la comédie musicale Saturday Night Fever débarque à Montréal, avec ce qu’il faut de disco, de paillettes et de groove pour vous faire lever de votre siège. Petite prudence cependant il faut prendre ce spectacle pour ce qu’il est : un spectacle de danse, point.
[masterslider id= »136″]Si comme moi, le film de 1977 résonne encore dans vos souvenirs, avec un tout jeune John Travolta qui connaissait alors son premier grand rôle, vous risquez d’être quelque peu surpris, pour ne pas dire déçu…
Il s’agit ici d’un spectacle à grand déploiement, qui oriente ses forces de manière naturelle vers la danse ; n’oublions pas que le rôle principal est porté par Nico Archambault, grand gagnant de So You Think You Can Dance Canada en 2008 et qu’il s’agit d’une histoire qui parle… eh bien de danse !
Plus précisément, on y suit le quotidien de Tony Moreno, jeune adulte vivant encore chez ses parents et dépendant financièrement d’un petit boulot plus que précaire. Sa raison de vivre, il la trouve tous les samedis soirs, à la discothèque Odyssée 2001, où il fait valoir ses impressionnants talents de danseur. Son monde va changer le jour où il rencontre Stéphanie, danseuse également et peu impressionnée par son charisme, à qui il va pourtant proposer d’être sa partenaire pour participer à un concours de danse – concours qui pourrait changer sa vie.
Il est vrai que – dit comme ça – le scénario de Saturday Night Fever ne semble pas très élaboré. Trop souvent considéré comme un film « de danse » à cause ou grâce à sa bande originale mythique. Pourtant, il s’agit bien d’un drame qui dépeint les difficultés d’un fils d’immigré aux prises avec ses rêves et ses désillusions et dont la fin est loin d’un happy end convenu : on finit plutôt sur une note déprimante avec un héros dont l’avenir semble incertain et désenchanté.
Toute cette vision – dure et réaliste – disparait complètement de l’histoire. D’ailleurs le mot « histoire » s’applique difficilement : les évènements nous sont présentés sous forme de saynètes, par DJ Monty, (Gwendal Marimoutou, très rafraîchissant au demeurant) entrecoupées de numéros de danse, que l’on attend impatiemment. Il y a un déséquilibre évident entre les numéros musicaux survoltés et la qualité de jeu qui se fait désirer, d’autant plus que dans certaines interventions, les voix des comédiens se perdent dans le chuintement de leur respiration ou leur articulation imprécise.
Et qu’en est-il de la fameuse bande originale, en majorité composée par les Bee Gees ? Tous les indispensables sont là, mais la plupart ont été remaniés, ce qui rend leur reconnaissance parfois ardue… Mais la qualité de voix des chanteurs est telle que l’on a vite fait d’oublier ce bémol.
Donc au final, il faut considérer Saturday Night Fever comme un gigantesque numéro de danse, un show de scène dans lequel chacun des intervenants se donne à 100% pour que les spectateurs ne restent pas assis trop longtemps sur leur siège. Pour comprendre l’histoire et ses enjeux, je vous renvoie au film…
« Saturday Night Fever» : présenté au Théâtre Saint-Denis jusqu’au 1er avril 2018.
Durée du spectacle : 2h20, avec entracte.
MISE EN SCÈNE
Stéphane Jarny
DISTRIBUTION (Par ordre alphabétique)
Personnages : Nico Archambault, Wynn Holmes, Matthieu Lévesque, Gwendal Marimoutou, Joseph Martin.
Chanteurs : Nevedya, David Latulippe
Danseurs : Juliana Casas Herrera, Chad Erick Concepcion, Andrea Condorelli, Kristian Dalisay, Cyndie Forget-Gravel, Alexandre Francoeur, José Florès, Lauri-Ann Lauzon, Cassie Mainville, Chris McCarthy, Sarah Steben, Alexandra Trovato
Photo © Sébastien Jetté