Tanguy, pièce adaptée du film du même nom, peinait à trouver son rythme hier pour sa première. Une distribution alléchante et un propos plein de promesses – À 30 ans, il vit toujours chez ses parents – n’ont pas suffit à compenser les facilités utilisées pour maximiser les numéros comiques, au détriment des personnages.
Tanguy aurait pu être présenté dans le cadre d’un théâtre d’été : un propos léger, des retournements ‘vaudevilesques’, des personnages clichés… et cela aurait pu fonctionner. Mais placé hors de la légèreté de la belle saison, le charme semble avoir manqué.
La première misait sans doute sur le thème, toujours d’actualité – des enfants trentenaires vivant encore chez leurs parents – et sur le succès somme toute relatif du film à sa sortie en 2001. Est-ce que le film a mal vieilli, rendant son adaptation périlleuse ? Possible. C’est du moins ce que laisse penser certains clichés qui reviennent fréquemment tout au long des 2 heures de spectacle : le gay de service, tendance vieille folle, les cris/portes qui claques/exclamations tonitruantes, les réactions de surprise, de contentement, de victoire , très surjouées.. On a perdu la subtilité du film.
Le metteur en scène, Normand Chouinard, voulait faire rire, pas de problème avec ça. Mais il est aussi tombé dans le piège : à trop vouloir faire rire, on arrive rapidement à utiliser les grosses ficelles comiques en surabondance. Par exemple, des gestes ou attitudes qui pouvaient nous faire sourire la première fois, devenaient lassants au bout de la troisième fois. Le souci, c’est qu’ils ne sont pas apparus que trois fois, mais pendant toute la durée de la pièce : je pense par exemple, au levé de cœur de la mère, au ‘yes’ du père, à l’évocation de la légalisation du cannabis (écoeurantite déjà atteinte la veille pour cause d’actualité)… bref, quand c’est trop, c’est trop… longtemps.
Autre problème important : le rythme. L’histoire nous est présentée sous forme d’une succession de sketchs, entrecoupés par l’intervention de personnages aléatoires, qui expédient leur citation, censée introduire le sketch suivant. Une approche qui empêche le spectateur de s’attacher aux personnages, le forçant à se concentrer sur les éléments dits comiques.
Quelques bons coups tout de même : la complicité évidente entre Marie-Chantal Perron et Normand D’Amour, une très juste composition de Christophe Payeur dans le rôle de Tanguy, un karaoké assez bien amené pour signifier l’entracte. Les personnages secondaires font ce qu’ils doivent faire, leurs nombreux rôles ne leur permettant pas de développer à ce point, mais le contrat est rempli : leur investissement et leur énergie sont là et ils s’amusent.
Beaucoup de bruit et de facilités donc, pour une pièce qui aurait gagné à voir certaines scènes coupées pour resserrer le rythme et pour amener le spectateur à passer le premier niveau, afin de s’intéresser davantage au propos et aux émotions partagées de son personnage principal.
Durée du spectacle : 2h15, avec entracte.
Tanguy est présenté jusqu’au 21 octobre, à la salle Pierre-Mercure du centre Pierre-Péladeau, puis sera en tournée au Québec jusqu’en octobre 2019.
Mise en scène: Normand Chouinard
Adaptation: Yves Morin
Avec: Normand D’Amour, France Castel, Marie-Chantal Perron, Christophe Payeur, Roger La Rue, Hilaire St-Laurent