Michel Boujenah achève une tournée à travers le Québec et était de passage à Montréal ce dimanche, pour nous parler de sa vie, ou du moins de sa vie rêvée. Un terrain de jeu très fertile pour l’humoriste franco-tunisien, dont les mimiques et le rire plus que communicatif sont passés à l’histoire.
Après plus de 45 ans de carrière, Michel Boujenah n’a rien perdu de sa passion ni de son énergie. Loin de sonner comme un adieu, cette tournée québécoise est surtout un prétexte pour résumer sa vie, ses inspirations, ses réflexions sur l’actualité, riche et désespérante à la fois.
Pour quelqu’un qui possède la double nationalité souriante-positive, il doit être parfois difficile de constater les reculs d’une société – française – dont il a partagé les écueils. Mais il a pris le parti d’en rire et de nous faire rire, et comme il le dit lui-même : on peut rire de tout, si c’est bien fait.
Ainsi, l’enfant qu’il était nous raconte sa Tunisie : école mixte, ouverte et tolérante, mère poule et précieuse, soleil amical et omniprésent. Si ses mots ne le traduisent pas directement sous cette forme, on sent bien que le déménagement fut une souffrance pour le gamin d’alors, qui a dû laisser de nombreux souvenirs. Nous les décrire est une façon de les faire vivre. Jamais il n’a oublié sa culture, ses origines, ses valeurs. Et c’est pour toutes ces raisons qu’il occupe aujourd’hui encore, après tout ce temps, une place particulière dans le cœur de ceux qui croisent sa route. L’humoriste est naturel et l’homme sincère.
Son enfance et son adolescence seront les fils conducteurs de la soirée. Narrer sa vie au complet aurait sans doute été trop long ! Car rester sur scène à dérouler un texte qu’il a déjà présenté 450 fois (!!!) très peu pour lui ! Ce qu’il cherche, c’est le public : tout est prétexté à taquiner les personnes des premiers rangs, bien à sa vue, et le pire c’est qu’elles en redemandent ! Ses capacités et son besoin d’improviser ont été bien servis.
Michel Boujenah a-t-il su se renouveler au fil des ans ? Oui, tout en gardant ce qui a fait son identité, son charme, son succès. Ne nous mentons pas : on reste friand de ses imitations inénarrables de sa mère, ses mimiques, son accent, sa gestuelle. On le voit débarquer sur scène, sautant dans tous les sens, parlant à une vitesse – mon Dieu ! – et dès ces premières minutes, on veut entendre son rire – mon dieu bis ! – ce rire !
Mais il a changé aussi. Comme il le dit dans son autobiographie : « … parce que le monde a changé ». Les attentats, la montée des extrêmes, les clivages sociaux… ont pu l’ébranler, mais il garde le cap et intègre des sujets périlleux comme le mouvement #metoo. Et lorsqu’il devient plus sensible, sans être triste, plus nostalgique, sans être déprimé, on se rappelle que derrière sa façade comique, Michel Boujenah est capable d’évoluer sur une pléthore d’émotions.
Une visite ensoleillée qui a confronté les premiers émois de l’hiver. À bientôt pour la suite de cette vie rêvée M. Boujenah !
Crédit photo : michelboujenah.ca
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