La pièce « Les Serpents » trouve sa richesse dans son vocabulaire poétique, ses actrices dévouées et son histoire parfois trop réaliste.
Cette œuvre plutôt sombre nous présente trois femmes qui se retrouvent sous l’emprise d’un homme manipulateur: sa conjointe, sa mère et son ex. Ces trois personnages dans trois contextes différents se rencontrent sur le seuil de la résidence de celui-ci et conversent longuement. Leurs dialogues lyriques et troublants donnent un caractère Shakespearien à cette histoire.
Selon l’autrice Marie NDiaye, la famille est un champ gravitationnel aliénant et cruel; toujours il nous repousse mais sans cesse on y revient. Chaque humain éprouve des problèmes de famille et jours après jours on s’aime, on se chicane, on s’écoute, on ne s’écoute pas et on recommence. Cette roue sans fin est au coeur de cette fable obscure.
Catherine Paquin-Béchard, dans le rôle de France, réussit son personnage soumis et troublé par la peur tandis qu’Isabelle Miquelon est solide et intense dans son rôle de Madame Diss. Le contraste est plaisant. Rachel Gratton incarne Nancy avec aisance et authenticité.
J’ai apprécié les décors plutôt minimalistes de Francis Farley-Lemieux. Cette maison où habite l’homme représente les conflits familiaux auxquels nous faisons tous personnellement face et la simplicité des décors permet au public d’imaginer à leur façon leur lieu de douleurs. De plus, avec la scène dénudée l’accent est mis sur le texte.
Le Théâtre de l’Opsis lance le cycle des territoires féminins mettant de l’avant des femmes en avant et arrière-plan. En effet, la directrice générale, Luce Pelletier contribue à ce virage féministe en leur donnant des opportunités multiples. De plus, sa mise en scène rappelle le tableau iconique « Christina’s world » d’Andrew Wyeth. X
Ce drame plutôt thriller psychologique laisse à désirer. Les actrices livrent un texte lourd et parfois embêtant à suivre. Le récit est bon, cependant la pièce demeure sans couleur et sans saveur. Je dirais même beige. J’aurais probablement préféré lire le texte de Marie NDiaye.
Les Serpents est présenté par le Théâtre de l’Opsis du 12 novembre au 7 décembre 2019 à l’Espace Go.