Qui aurait pu prévoir que des salles de 22 villes du Québec auraient présenté un spectacle de danse contemporaine en pleine pandémie ? Qui aurait cru que des spectateurs, tellement émus de voir deux corps se toucher en ces temps de distanciation, auraient spontanément multiplié les «merci!», plutôt que d’applaudir après une représentation de La question des fleurs ? Ce spectacle arrive maintenant à Montréal. Entrevue avec l’initiateur de cet intrigant projet, Mickaël Spinnhirny, dont l’agence représente une douzaine de compagnies , notamment, Les Ballets Jazz de Montréal et Marie Chouinard.
Pendant des mois, le milieu de la danse a été presque paralysé par la COVID 19. «Nous avons dû annuler plus de 200 spectacles, à la suite des restrictions annoncées en mars 2020», explique Mickaël Spinnhirny. «Comment faire un spectacle de danse sans contacts physiques ? Pas évident ! Mais, Danny Morissette et Daphnée Laurendeau sont un couple dans la vie, donc ils n’ont pas besoin de masques et ils n’ont pas à se soumettre à la distanciation.»
Entrer dans la danse
Mais, quelles danses, quelles chorégraphies peuvent intéresser, aujourd’hui, les spectateurs souvent exaspérés d’être confinés ? «Nous lançons un message d’espoir et c’est ce que sous-entend le titre du spectacle : peut-on encore s’offrir des fleurs ? Peut-on encore être là les uns pour les autres ? Nous avons fait appel à quatre chorégraphes qui nous entraînent dans autant d’univers très différents en une heure. Chacun peut y trouver des gestes, des images qui le rejoignent.»
«D’un côté, on a Dominique Porte qui fait en quelque sorte dans la danse théâtre; d’un autre on retrouve Ismaël Mouaraki et ses mouvements plus urbains. On visite aussi le côté très physique et contemporain d’Andrea Peña, sans oublier la vision romantique de Christophe Garcia. Quand on dit qu’il y en aura pour tous les goûts, il y en aura surtout pour tous les niveaux exploratoires de la danse contemporaine!»
À chaque étape de la création, on s’est ajusté à l’évolution des mesures sanitaires. «La question des fleurs est un manifeste pour la liberté artistique, malgré les restrictions. Par exemple, Mouaraki a développé une bonne partie de sa chorégraphie dans des parcs. Garcia, lui, est en France; il a donc travaillé via Internet, etc., de sorte qu’en novembre 2020, le spectacle était prêt.
De Amos à Rivière-du-Loup
Mickaël Spinnhirny en a long à raconter, après avoir assisté à La question des fleurs un peu partout au Québec. «On me dit que c’était la première fois qu’on présentait un spectacle de danse contemporaine à Amos. Même chose pour Rivière-du-Loup où il est venu 150 personnes ! À Sherbrooke, les gens étaient tellement touchés de voir deux corps si proches sur une scène qu’ils n’ont pas applaudi; ils ont plutôt dit merci! D’ailleurs, que 22 salles québécoises présentent un spectacle de danse contemporaine, c’est du rarement vu ! En temps normal, quand on a 10 salles, on débouche le champagne !»
Chaque chorégraphe y est pour 15 minutes dans ce spectacle d’une heure. «Au bout du compte, ce ne sont pas quatre chorégraphies, mais bien une seule liée par la trame sonore de Laurier Rajotte qui a recours, par exemple, aux violons pour accompagner le romantisme de Garcia et à l’électro pour l’énergie brute de Peña.»
Y-aura-t-il une autre vie pour La question des fleurs après les représentations à l’Agora du 4 au 8 mai 2021 ? «Chose certaine, on va prendre une pause de 6 mois, car Daphnée est enceinte. Mais, pour les prochains jours, ce duo en quatre signatures chorégraphiques distinctes me semble le tremplin idéal pour quiconque veut tenter l’expérience de la danse contemporaine. »
La question des fleurs
Chorégraphes : Christophe Garcia, Ismaël Mouaraki, Andrea Peña, Dominique Porte
Assistante à la chorégraphie pour Christophe Garcia : Marie-Eve Carrière
Interprètes : Daphnée Laurendeau, Danny Morissette, Mickaël Spinnhirny
Note : Le dernier des quatres duos sera interpreté par Danny Morissette et Mickaël Spinnhirny
Musique : Laurier Rajotte
Éclairages : Thomas Kiffer
Vidéos et photos : Bobby León
Une initiative de l’Agence Mickaël Spinnhirny en coproduction avec les compagnies Andrea Peña & Artists, Destins
Croisés, la [parenthèse] / Christophe Garcia et Système D/Dominique Porte.
Agora de la danse, Espace orange : 4-5-6-7 mai 2021 – 18 H / 8 mai 2021 – 16 H
En webdiffusion : du 14 mai 2021 au 21 mai 2021
Durée : 60 minutes
Sur la première photo : Daphnée Laurendeau, Danny Morissette / Crédit : Bobby León