Les Grands Ballets réussissent avec brio à recréer la magie de Cendrillon, conte de fées qui a traversé les siècles. Grâce à des décors éblouissants et de magnifiques costumes créés à Montréal, la chorégraphie de l’Australienne Jayne Smeulders nous transporte hors du temps. Avec la prodigieuse musique de Prokofiev, interprétée par l’Orchestre des Grands Ballets, on a conçu un spectacle qui pourra plaire à toute la famille et même à ceux qui ne sont pas portés vers la danse.
La force du rêve
Ce ballet sur pointes, créé en 2011 pour le West Australian Ballet, est inspiré du conte des frères Grimm. Ici, la Fée marraine est, en fait, la maman décédée de la petite Cendrillon, dont le père est remarié avec une femme qui a deux filles.
Malgré son deuil douloureux, l’orpheline de mère continue de croire à un avenir meilleur. Même si on lui accorde bien peu d’importance dans sa nouvelle famille, la jeune fille s’accroche à ses rêves. En ce sens, la quête de Cendrillon est intemporelle. En effet, aujourd’hui encore, on parle d’«équipe Cendrillon» chez les sportifs qui atteignent des sommets, alors que leurs réussites semblaient improbables. Depuis toujours, la force du rêve peut transformer la vie nous dit Cendrillon à travers des solos spectaculaires, interprétés avec grâce par Rachele Buriassi, le soir de la première.
Humour
Cela dit, les méchantes et vaniteuses demi-soeurs de Cendrillon apportent une généreuse dose d’humour au spectacle! Ces énergumènes jouées par Vanesa G.R. Montoya et Anya Nesvitaylo ont soulevé des éclats de rire tout au long de la soirée, en multipliant les courbettes, souvent exagérées et maladroites, dans le but d’attirer l’attention du prince et, surtout, détourner son regard de Cendrillon. Leurs nombreuses pitreries lors du grand bal au palais royal sont particulièrement hilarantes!
Élégance
Maude Sabourin incarne avec une grande élégance la Fée marraine, dont la présence se confond avec des apparitions de la défunte mère de Cendrillon. Il faut saluer, ici, la finesse des éclairages de Marc Parent.
Du côté des hommes, Roddy Doble se démarque dans le rôle du Prince charmant avec quelques solos qui lui ont valu des applaudissements enthousiastes.
Quant à la belle-mère, elle est incarnée par la danseuse Myriam Simon qui prend sa retraite. Le directeur artistique des GB, Ivan Cavallari, lui a d’ailleurs rendu un vibrant hommage, avant la représentation, en ce soir de première.
Musique
Au coeur du spectacle, il y a la fabuleuse musique de Sergueï Prokofiev, créée dans les années 1940 et qui a si bien traversé le temps. Le compositeur russe a su composer une trame qui correspond aux différents développements de l’histoire, en s’inspirant de danses traditionnelles telles que la bourrée et la gavotte, sans oublier l’adagio et le pas de deux. Cette partition n’est jamais ennuyeuse! L’interprétation soignée de l’Orchestre des Grands Ballets sous la direction enjouée de Dina Gilbert y est pour beaucoup dans la réussite de ce ballet de plus de deux heures, sans temps morts.
Personnages hauts en couleurs
On aura compris que, parmi les grands attraits de cette soirée, il y a aussi les costumes de Marie-Chantale Vaillancourt, une artiste qui a oeuvré, entre autres, dans le milieu du cinéma et du cirque. Son imaginaire fait écho à l’esthétique de la haute couture, ce qui contribue à insuffler de la modernité à ce conte ancien.
La thématique des ailes d’oiseaux est rappelée à travers différents costumes, alors que trois oiseaux, Espoir, Foi et Charité, apparaissent pour guider Cendrillon au jardin enchanté où elle trouvera sa robe de bal. Ajoutons qu’on reste bouche bée devant la magnificence de la scène où les licornes tirent le somptueux carrosse !
La magie du spectacle repose aussi sur les décors scintillants de Simon Guilbault. Grand escalier, riches tapisseries, etc., tout est mis en oeuvre pour créer un univers de rêve.
Bref, la Cendrillon intemporelle des Grands Ballets est une réussite! À ne pas manquer!
Cendrillon / Les Grands Ballets
Chorégraphie: Jayne Smeulders
Musique: Sergueï Prokofiev
Orchestre des Grands Ballets / Dina Gilbert, dir.
À la Salle Wilfrid-Pelletier du 31 mai au 4 juin et les 8 et 9 septembre / Détails