Dorothée Berryman, Marc Béland, Naïla Louidort et Martin-David Peters font revivre sur scène des discours marquants de personnages célèbres tels que Mère Teresa, Barack Obama, Simone Veil et René Lévesque. Dans un spectacle intitulé Aux grands maux, les grands discours, les comédiens interprètent des envolées oratoires de ces illustres personnages, sans chercher à les imiter. En abordant des thèmes aussi variés que la liberté, le droit de vote, l’amour et la paix, ces messages résonnent encore aujourd’hui, selon les quatre interprètes rencontrés lors d’une présentation d’extraits de cette production.
Marc Béland dans un discours de René Lévesque
Après une brève mise en situation où l’on voit une vidéo du général de Gaulle qui lance son «Vive le Québec libre», depuis un balcon de l’hôtel de ville de Montréal, en 1967, Marc Béland apparaît sur scène avec les mots du fondateur du Parti québécois, René Lévesque.
Le comédien n’essaie pas de se donner une voix et une gestuelle comme celles de l’ex-premier ministre péquiste. «Mon premier défi est de mémoriser le texte original, parfois un peu écourté. Je laisse ensuite l’acteur en moi interpréter le message toujours d’actualité» de ce défenseur de la social-démocratie.
Revisiter un discours de ce politicien, prononcé il y a une cinquantaine d’années, n’est pas seulement une question de nostalgie. Selon monsieur Béland, l’essentiel des propos de René Lévesque est un appel à se prendre en main, ce qui demeure d’une grande pertinence, aujourd’hui.
L’artiste croit que les jeunes, entre autres, y gagneront à découvrir la pensée du porte-étendard du projet de souveraineté du Québec dont l’une des phrases les plus célèbres demeure: «si je vous ai bien compris, vous êtes en train de dire à la prochaine fois».
Observateur de la scène politique, l’acteur estime que ce voyage dans le temps permettra aussi aux spectateurs de voir plus clairement la transformation préoccupante du discours des élus, au fil des ans.
«Il n’y a plus aucun politicien qui parle avec passion comme René Lévesque. Son phrasé, ses intonations et le choix de ses mots étaient presque de la poésie! Aujourd’hui, tout est formaté. On entend souvent des ministres d’un même gouvernement utiliser les mêmes mots en entrevue. On s’en tient à des lignes qui deviendront des clips aux bulletins de nouvelles. Ça me pue au nez!»
Comme ses trois autres collègues, Marc Béland interprétera des discours de plusieurs personnalités dont Albert Camus et Adolf Hitler.
De Joséphine Baker à Barack Obama
Pour sa part, Naïla Louidort, portera, notamment, les mots de Joséphine Baker, personnalité incontournable du XXe siècle. Celle qui chantait «J’ai deux amours, mon pays et Paris» aura été une source d’inspiration, notamment, pour les Afro-Américains.
L’ambition de cette artiste de music-hall, née au Missouri, l’avait amenée à tenter sa chance à Paris. Icône des années folles, elle est d’ailleurs devenue française, en 1937.
Par la suite, elle utilisa sa grande popularité au service de la lutte contre le racisme pour l’émancipation des Noirs, en soutenant le mouvement américain des droits civiques.
Quant à Martin-David Peters, il se voit confier un discours de Barack Obama qui a marqué l’histoire en devenant le premier président des États-Unis, ayant des origines africaines. En livrant une traduction française abrégée du célèbre «Yes, we can» (Oui, nous pouvons), prononcé en 2008, monsieur Peters voit son rôle comme celui d’un messager d’espoir.
«Avec la metteure en scène Marie Guibourt, j’ai travaillé à entrer dans ce discours en demeurant moi-même, le plus possible. À travers les mots de ce grand orateur, je vais dire au public : voyez comment l’arrivée de ce président a changé l’Amérique! Voyez tout ce qu’on peut faire ensemble!»
Le comédien reprendra aussi des discours de Martin Luther King et de Winston Churchill.
Dorothée Berryman et les mots de Mère Teresa
Dorothée Berryman se consacrera, entre autres, au message de Mère Teresa. Cette religieuse reconnue pour son oeuvre auprès des plus démunis a reçu le prix Nobel de la paix, en 1979, avant d’être canonisée, en 2016, comme sainte Teresa de Calcutta.
La comédienne souligne qu’elle a joué plusieurs rôles de religieuse, au cours de sa carrière, notamment, au théâtre, dans les spectacles Les Nonnes et Sister Act.
«Moi, ce que je ressens de Mère Teresa, c’est que ça prenait toute une force pour faire ce qu’elle a fait! C’était une femme déterminée qui a su aller chercher de l’argent pour secourir des gens qui étaient dans la rue! C’était aussi un personnage controversé, entre autres, à cause de son opposition à l’avortement. Au bout du compte, son oeuvre demeure exceptionnelle!»
Mais, quel ton adopter pour faire parler une sainte? «C’est justement ça qui est difficile! Puisqu’il n’est pas question de l’imiter, il faut trouver une intonation et des gestes qui conviennent. À bien y penser, c’est une problématique connue des acteurs puisque, lorsqu’on joue un personnage, il s’agit toujours de le faire vivre à travers soi.»
Déjà une dizaine de représentations prévues
Aux grands maux, les grands discours est présenté par Les Agents Doubles, la maison de production qui est derrière le succès du spectacle Verdict.
Ce nouveau projet sera à l’affiche au Gesù, à compter du 1er février (2024). Plusieurs représentations sont prévues dans ce théâtre montréalais, ainsi qu’à la Salle Albert-Rousseau, à Québec et au Théâtre des Patriotes, à Sainte-Agathe.
Aux grands maux, les grands discours
Avec: Dorothée Berryman, Marc Béland, Naïla Louidort et Martin-David Peters
Au théâtre Le Gesù:
1er, 2, 3, 7, 8 et 9 février à 19h.
et le 10 février, à 14h