De la rue Saint-Laurent, on escalade des marches vers un petit studio mal éclairé. Les spectateurs entourent la scène sur laquelle sont placées 5 chaises. Nous ne savons pas à quoi nous attendre, mais pour une raison quelconque, le cœur me débat. Les lumières se tamisent. Le seul bruit est le grincement des haut-parleurs allumés puis on entend l’aiguille sur la table tournante. Je réalise rapidement que je vais vivre une expérience sensorielle nouvelle. Non seulement allons-nous assister à un spectacle dansé sur le classique Dance Side of the Moon, mais je sais déjà que l’émotion sera au rendez-vous.
La musique commence. Maxine apparait. Je retiens mon souffle. Elle est sensuelle, elle est douce. Elle est en colère, mais toujours en harmonie parfaite avec la mélodie. Ses mouvements sont poétiques et durs, doux et forts, grands et petits. Elle surprend lorsqu’elle manipule les chaises. Les projections vidéos efficaces de Kim-Sanh Châu complètent et transforment l’espace froid. Le résultat est émouvant, saisissant et sincère.
Imaginé et créé par Helen Simard, elle nous explique que le spectacle existait déjà dans une autre dimension. Il a simplement fallu le concrétiser. Cet album iconique nous fait passer à travers un vaste éventail d’émotions et ce spectacle nous fait vibrer. “This show is about music, about how music brings us together and can carry us through our moments of relation and despair.”
Seule, Maxine Segalowitz illumine la salle sombre et nous transporte dans l’univers imaginé et absurde de cette oeuvre magistrale. Artiste reconnue du Fringe, elle ne déçoit pas.
Sur une note plutôt personnelle, je me suis retrouvée assise dans ce spectacle la journée de la fêtes des pères. J’ai perdu mon père il y a environ 7 ans et il adorait la musique de Pink Floyd, surtout l’album Dark Side of the Moon. La musique m’a envahie et le spectacle m’a émue. Pour un instant, je me suis retrouvée proche de lui dans une salle remplie d’inconnus. La combinaison de la musique, des projections et de la danse a créé quelque chose de magique. Une expérience sans pareil. Bravo à toute l’équipe.
“Dance Side of the Moon” faisait partie du Festival St-Ambroise Fringe de Montréal 2018 et est récipiendaire d’un Frankie Award pour la chorégraphie la plus exceptionnelle. Mon meilleur conseil est de garder un oeil sur les prochains projets de ces femmes extrêmement talentueuses : Helen Simard, Kim-Sanh Châu et Maxine Segalowitz. Des noms à retenir.
Photo de Maxine Segalowitz par Kimura Lemoine