Samuel Larochelle, qui célèbre ses 10 ans en littérature, vient de publier son douzième livre, le roman Elias et Justine, aux Éditions Druide. Le prolifique auteur, connu pour ses biographies (Peter McLeod, Bruno Pelletier, et Louise Portal, très bientôt en 2023), sa trilogie jeunesse (Lili), ses récits poétiques (J’ai échappé mon cœur dans ta bouche) et son album illustré (Le plus petit sauveur du monde) amène le lecteur dans des zones d’émotions plaisantes avec ce tout nouveau roman qui parle d’amitié, de racisme, de différences culturelles, de parentalité. De belles réflexions et une histoire d’amitié précieuse et émouvante.
Résumé : Justine, une Québécoise de 34 ans, peine à faire le deuil de sa dernière relation et craint de ne jamais avoir d’enfants. Elias, un Libanais de 25 ans, est sur le point de déménager sa vie et ses rêves au Canada. Le hasard les réunit sur une terrasse à Paris. La chimie est instantanée. En quelques mois, leur relation bouleversera leurs vies. Elle lui proposera un projet qu’il pensait inaccessible. En retour, il imposera des conditions quasi impossibles. Ensemble, ils exploreront jusqu’où leur complicité peut mener…
On parle souvent d’histoire d’amour dans les romans et toute la gamme d’émotions que cela nous fait traverser. Samuel Larochelle a choisi d’y aller avec une histoire d’amitié tout aussi grande que le plus beau coup de foudre amoureux. Eh oui! Un coup de foudre amical, cela existe et celui raconté dans ce livre est extrêmement agréable à lire, car il est intense, sensible, rempli d’ouverture et de compromis, qui sont les bases d’une réelle amitié et qui nous fait passer par une gamme d’émotions fortes tout au long de notre lecture.
Justine, Québécoise à Paris, fraichement célibataire et en peine d’amour, rencontre Elias, jeune Libanais, à quelques mois d’immigrer au Canada, son plus grand rêve. Entre eux, le courant passe et en peu de temps, ils s’ouvrent l’un à l’autre, avec beaucoup de respect et l’envie d’en apprendre et d’en comprendre leurs différences. Quelques mois plus tard, ils sont colocs et ont une décision cruciale à prendre concernant leur avenir et celui d’un petit être en devenir.
Samuel Larochelle n’a pas hésité à se renseigner sur le Liban, en y séjournant quelque temps et en questionnant ses amis libanais. On sent la fibre journalistique en lui, lorsqu’il aborde les mœurs, les cultures, les traditions, mais aussi les préjugés qui perdurent. Il sait bien nous montrer les différences entre le Québec et le Liban, mais aussi avec la France. On comprend mieux Elias, dans son désir de venir au Québec pour affirmer son homosexualité et s’affranchir de ses traditions et de cesser de se sentir à part. Extrait «À Paris, je suis le foreigner. Dans les rues de Beyrouth, je suis l’outsider».
J’aime que malgré qu’il se sente incapable d’être lui-même dans son pays, au point de le quitter, Elias n’ait que des éloges pour sa patrie. «Je suis persuadé que le Liban est le plus beau pays du monde! Notre culture est d’une richesse absolument inégalable. J’ai visité une dizaine de pays dans ma vie et je n’ai jamais mangé de plats aussi goûteux que ceux de ma mère. À Beyrouth, les gens ont une énergie particulière qui est difficile à mettre en mots. Il faut absolument que tu y ailles un jour pour le sentir toi-même. » À plusieurs moments dans le roman, on nous décrit des mets du Liban à m’en donner l’eau à la bouche, tellement l’auteur nous les décrit si bien tout en saveurs et en odeurs.
J’aime aussi que Samuel Larochelle ancre son roman dans l’actualité, en intégrant par exemple, la cathédrale Notre-Dame de Paris, un peu avant les événements destructeurs, et en citant plusieurs faits historiques récents en lien avec ce que les deux personnages centraux vivent.
J’aime aussi que l’on puisse découvrir notre Québec à travers les yeux d’un immigrant assoiffé de culture. On redécouvre Montréal, le village, la poésie de Gaston Miron, notre littérature québécoise, et nos séries télé canadiennes. On voit tout différemment.
Bien sûr, on aborde également le racisme envers les Arabes et l’homophobie, ainsi que les traditions strictes du Liban. Mais cela est amené avec beaucoup de bienveillance et une bonne dose de compréhension. On comprend que c’est l’ignorance et la peur de l’inconnu qui fait parfois réagir fort.
Pour avoir lu plusieurs livres de Samuel Larochelle, je dois dire que ce plus récent roman est l’un de ses plus accomplis, plus réfléchi, et le plus senti. J’ai eu quelques moments de grandes émotions et j’ai adoré ses personnages, que l’on suit d’un chapitre à l’autre en alternance comme narrateur. On comprend d’où ils viennent, ce qu’ils cherchent et pourquoi ils sont de réels jumeaux cosmiques, ou âmes sœurs. L’auteur sait aussi bien nous décrire un sublime plat typiquement libanais, que nous détailler une scène de baise très explicite entre Élias et son partenaire. Il peut également nous expliquer en détail les différences culturelles, que nous partager avec humour et émotions, comment les personnages vivent leurs doutes, leurs peurs, leurs passions.
Finalement, on aborde la question de la parentalité. Comment avoir un enfant de nos jours, si on peine à demeurer en relation de couple ? Quand l’horloge biologique se fait sentir et que le désir d’être parent s’installe, on voit qu’il y a des solutions diverses à notre portée. Et c’est ce que ce roman aborde avec finesse et brio.
Pétillant et mélancolique, Samuel Larochelle écrit des livres aussi profonds que divertissants. On lui doit entre autres le récit poétique J’ai échappé mon cœur dans ta bouche, les romans À cause des garçons et Parce que tout me ramène à toi, ainsi que l’album Le plus petit sauveur du monde, récompensé du prix littéraire Espiègle et publié dans sept pays. Il occupe également une place de choix en journalisme et en entrepreneuriat culturel.
Nombre de pages : 432 pages
Date de parution : 13 septembre 2023
Prix : 29,95$
Editions Druide
http://www.editionsdruide.com/
Voici mon appréciation de certains livres de l’auteur :