Katia Gagné s’est avant tout dédiée au théâtre physique. Très vite, ses créations à titre de « metteure en scène » pour le théâtre ou pour des festivals de musique (Festival de la chanson de Granby, 2013) ont révélé une grande nécessité et un immense souci du corps en scène. Théâtre, danse, performances musicales, Katia croit en la prégnance du corps, un corps authentique, engagé et vulnérable. Aujourd’hui, choisissant ponctuellement de faire de la danse son médium de prédilection, sa démarche chorégraphique s’affirme pro-gressivement, avec force; les mots et les composantes du théâtre venant la conforter.
Avec ELLE-MOI. D’un bout du monde à l’autre, la créatrice offre une œuvre de danse qui grafigne la réalité en douceur, une œuvre à échelle humaine brute et dynamique, parfois tranchante, parfois évanescente et poétique.
C’est guidé par la soliste Ève Garnier que le spectateur délaissera le quotidien pour partir, le temps d’un voyage en train, à la rencontre de personnalités éphémères et de solitudes passagères.
Les interprètes, complices de parcours de Katia, Johanne Madore (Carbone 14), Lina Malenfant (ostéopathe) et Annie Roy (Cofondatrice de ATSA) ainsi que Lucie Vigneault (lauréate du Prix INTERPRÈTE 2015) composeront un chœur de femmes aux identités multiples, atemporelles dans une composition scénique minutieuse et élégante. Plaisir de voir revenir à la scène celles qui faisaient les scènes montréalaises de danse contemporaine dans les an-nées 90 !
Portée par une trame sonore puissante (Musique originale : Dino Giancola / Conception sonore : Bruno Pucella ) où les sons inépuisables du roulement de train se confondent à des tonalités plus électriques ou aux murmures des poèmes sonores, la soliste nous plonge dans les sous-couches et les méandres de la mémoire humaine. Mémoires vives, mémoires vides, réelles, fictives ou volées, mémoires sans fond, celles de nous tous, de nos familles, les interprètes en scène les portent toutes en elles dans une partition gestuelle très écrite, sauvage et sculpturale.
ELLE-MOI. D’un bout du monde à l’autre, se joue de notre rapport au temps pour proposer une œuvre dansée où la solitude d’une humaine invite le spectateur à sa rencontre.