Denis-Martin Chabot, auteur de biographies ainsi que de plusieurs romans de la littérature québécoise LGBTQ, vient de publier le roman Escales Parisiennes, aux éditions ND, une autofiction qui parle de relations toxiques et de violence conjugale entre hommes, sujets peu souvent abordés en littérature LGBTQ.
Résumé : Un auteur québécois, célibataire depuis peu, rencontre Christophe lors d’une séance de dédicaces dans une librairie parisienne. Les deux conviennent d’un rendez-vous après l’événement. C’est alors que l’auteur découvre que son ex-mari de neuf ans, un agent de bord qu’il vient de laisser, entretenait pendant tout ce temps une relation avec Christophe lors de ses nombreuses escales à Paris. Cette coïncidence déroutante est le point de départ d’un récit touchant, parfois dur, parfois drôle avec, en toile de fond, les amours dysfonctionnelles, la dépendance affective et la violence dans les relations amoureuses et intimes entre hommes.
Dans ces deux romans précédents Rue Sainte-Catherine Est, métro Beaudry et Il y a longtemps que je t’aime, je ne t’oublierai jamais, Denis-Martin Chabot donnait la parole et mettait en scène la communauté LGBT des années 80 et celle plus actuelle des années 2000. Il nous a dressé un portrait vrai, sensible et sans jugement de cette communauté. Dans ce tout nouveau roman, Denis-Martin se donne lui-même la parole, en écrivant une autofiction, basée sur ses expériences de vie, en changeant des événements et des personnages et sans jamais révéler ce qui tient de la vérité ou de la fabulation. Mais le fond de cette histoire et la manière dont c’est raconté, voilà ce qui est le plus important dans ce récit, fenêtre ouverte sur la réalité qu’est la violence conjugale entre hommes et les relations dépendantes affectives.
Ces sujets tabous sont traités avec beaucoup de doigté, d’authenticité et de sensibilité, avec la plume magnifique de Denis-Martin qui sait toujours si bien rapporter des faits, décrire des lieux et alimenter des dialogues de manière à soutenir notre intérêt. Avec franchise, précision et sans pudeur, Denis-Martin nous dresse le portrait, en toute intimité, d’un homme qui a, pendant plusieurs années, été victime d’intimidation et de violence psychologique et même physique parfois, dans sa relation conjugale avec un autre homme. Sans donner trop de détails sur les ébats sexuels, mais en laissant place à l’imagination, l’auteur nous fait comprendre comment cette relation pouvait être intense et déstabilisante.
Naturellement, en sachant que ce roman est basé en partie sur la réalité de l’auteur, on ne peut que se demander ce qui est vrai et ce qui est fiction dans ces événements et ces tribulations. Mais, ce qu’on retient surtout ce sont les émotions que l’on sait vraies, les blessures que l’on reconnaît comme authentiques, les séquelles dont on atteste la véracité.
À travers ce roman, Denis-Martin nous fait également voyager, en France, à Paris. Il nous fait découvrir un Paris différent de ce qu’on a l’habitude de voir. Il nous amène également dans le milieu des écrivains, les salons, les dédicaces.
J’aime la façon dont l’auteur nous amène cette histoire, dans le moment présent puis en flash-back dans ses souvenirs, en alternance, de cette relation qui s’est terminée assez récemment. Ainsi, on apprend à connaître la réalité des personnages, tout en ayant des accès aléatoires dans leur passé pour mieux comprendre d’où ils viennent et pourquoi ils agissent d’une manière ou d’une autre.
J’aime aussi que Denis-Martin Chabot s’autorise de belles petites vengeances avec ses personnages, sans pour autant y aller avec de la haine, ni du mépris. Il y a beaucoup de place au pardon, à la rédemption et à la compréhension dans ce roman, ce qui en fait un excellent divertissement, une belle réflexion sur les relations toxiques et une belle opportunité de connaître un petit peu plus cet auteur et journaliste, qu’est Denis-Martin Chabot.
Denis-Martin Chabot a été journaliste à la radio et à la télévision de Radio-Canada pendant 32 ans. Désormais pigiste, il est également auteur de biographies dont Mémoires d’une mairesse, Lac-Mégantic, le 6 juillet 2013 sur Colette Roy Laroche. Il est aussi dramaturge, poète et écrivain. En 2017, il a remporté le prix hommage du Prix du roman gay en France pour ses romans Rue Sainte-Catherine Est, métro Beaudry et Il y a longtemps que je t’aime, je ne t’oublierai jamais.
Date de parution : Juin 2019
Prix : 19.95$
Nombre de pages : 170 pages
Édition : ND éditions