Adapté du roman presqu’autobiographique du franco-rwandais Gaël Faye, le film Petit pays d’Éric Barbier, qui prend l’affiche dans nos salles de cinéma le 28 août prochain, raconte l’histoire d’un jeune garçon du Burundi qui est confronté à la séparation de ses parents et aux effets dévastateurs du génocide sur sa famille. Ce film témoignage et hommage aux familles du Burundi et du Rwanda, met en vedette Jean-Paul Rouve (Donne-moi des ailes) et Isabelle Kabano.
Résumé : Dans les années 1990, un petit garçon vit au Burundi avec son père, un entrepreneur français, sa mère rwandaise et sa petite sœur. Il passe son temps à faire les quatre cents coups avec ses copains de classe jusqu’à ce que la guerre civile éclate mettant fin à l’innocence de son enfance.
Il faut le dire, la force de ce film (et probablement du roman) vient du fait qu’il adopte le point de vue du jeune Gabriel, 11 ans, alors qu’il est plongé dans deux tragédies, soit la séparation de ses parents et la guerre civile qui éclate. Étant à la fois Français et Rwandais, en plus d’être un Tutsi, Gaby est tiraillé par ses identités.
Ce que j’adore de ce film, c’est de pouvoir plonger dans le quotidien d’une famille au Burundi. On découvre comme les gamins s’amusent entre eux, vont à l’école, déjeunent le matin. Il y a même un moment magique, où on est témoin d’une cérémonie de mariage au Rwanda. C’est joyeux et festif à souhait. C’est intéressant de voir l’intimité de gens dont on ne connaissait que le destin tragique du génocide.
On se rappelle surement du film un Dimanche à Kigali, où le génocide est mis de l’avant. Cette fois-ci, le génocide est hors-champ. Car celui-ci survient au Rwanda alors que la famille immédiate de Gabriel est au Burundi, à trois heures de route. Même si la guerre civile sévit au Burundi aussi, ce sont surtout les effets collatéraux dévastateurs que les familles subissent qui sont présentés dans ce film. Et les quelques scènes plus violentes sont plus émotives et décrites que montrées graphiquement. Mais elles nous frappent quand même en plein visage, car on en voit les répercussions sur les gens qui ont survécu. C’est brutal et efficace. Le monologue de la grand-mère qui raconte ce qu’elle a vu à Kigali après le génocide nous donne des sueurs froides.
Une autre grande force de ce film est assurément la qualité du jeu des acteurs. Le jeune Djibril Vancoppenolle qui incarne Gabriel est hallucinant et il étonne par sa justesse de jeu. Et Isabelle Kabano, née à Bujumbura qui incarne la mère de Gaby, est à la fois antipathique au départ, lors de sa séparation du père des enfants, puis, on s’y attache peu à peu et lorsqu’elle bascule dans la folie, cette actrice se donne totalement pour livrer une prestation époustouflante et poignante.
Ce film, bien qu’il soit brutal et difficile à regarder et surtout à entendre par moment, vaut la peine d’être vu, pour enfin voir le quotidien lumineux, joyeux et somme toute festif des gens du Burundi et connaître une réalité différente de la nôtre.
Note : Auteur-compositeur-interprète, Gaël Faye est né en 1982 au Burundi, d’une mère rwandaise et d’un père français. Le 1er avril 1995, à treize ans, il quitte malgré lui son pays natal, en proie à la guerre, pour rejoindre la France. Cette étape de sa vie marque un besoin qui ne le quittera plus : exorciser par les mots tous les sentiments d’une vie déracinée. Petit pays, paru en 2016 est son premier roman.
Bande annonce : https://www.youtube.com/watch?v=l7-xX5oSyIs
Distribution
Jean-Paul Rouve : Michel
Isabelle Kabano : Yvonne
Djibril Vancoppenolle : Gabriel
Delya de Medina : Ana
Tao Monladja : Gino
Veronika Varga : Mme Economopoulos
Équipe technique :
Réalisateur Éric Barbier
Production Jerico Films et Super 8 Production
Directeur de production Bruno Vatin
Casting Didacienne Nibagwire
Directeur de la Photographie Antoine Sanier
Décors Pierre Renson
Chef monteuse Jennifer Augé
Compositeur Renaud Barbier
Son Jean Minondo et Ken Yasumoto
1 er assistant réalisateur Vincent Bell
Scripte Aurélie Platroz
Costumes Laurence Esnault
Directrice de post-production Léa Sadoul
Crédit photos : courtoisie de AZ Films