Moi : Est-ce que tu es natif de Montréal?
Lucas : J’suis né à Toronto. Ma famille est arrivée ici quand j’avais deux semaines. Je me considère Montréalais.
Moi : D’où te viens l’amour de la musique?
Lucas : Mon père était percussionniste professionnel dans les années 70-80, ma mère à une oreille très musicale aussi. Y avait toujours de la très bonne musique qui jouait chez nous. J’ai fait mes études à l’école Face. À la maternelle, on avait déjà de la chorale. J’ai pas mal baigné là-dedans toute ma vie.
Moi : Tu as donc une formation musicale?
Lucas : Oui. Après le secondaire, j’ai étudié au Cégep Vanier en guitare-jazz.
Moi : Quels instruments joues-tu?
Lucas : La guitare, l’accordéon et la clarinette.
Moi : Depuis combien d’années chantes-tu dans la rue?
Lucas : La première fois que j’ai joué dans la rue, j’avais environ 16 ans, maintenant j’ai 29 ans. Ça fait au moins 13 ans. J’ai commencé à temps plein vers l’âge de 21 -22 ans. Maintenant, j’ai assez de contrats pour vivre, je ne le fais plus à temps plein.
Moi : Quelles sont tes influences musicales?
Lucas : Je suis un fan d’un bonhomme qui s’appelle Nick Drake. C’est un British des années 70. Il est mort assez jeune. Il a sorti trois albums. Son dernier album Pink Moon m’a beaucoup influencé. Y a aussi Leonard Cohen, Joni Mitchell, Bob Dylan, Tom Waits, Joan Baez, Django Reinhardt.
Moi : Donc, c’est ton répertoire?
Lucas : Quand j’ai commencé, je jouais surtout du manouche, du gypsy jazz comme on dit en anglais. Vers 18-19 ans, c’est pas mal ça que je jouais dans le métro. Par la suite, je me suis intéressé au Bluegrass, au country et au folk. Présentement, je baigne beaucoup plus dans la musique américaine.
Moi : Parle-moi des bands dont tu fais partie?
Lucas : Mon band principal c’est Street Meat, avec qui je joue depuis 7-8 ans. J’ai rencontré Paul Dawson au secondaire. On a connu notre contrebassiste, Jean-Philippe Demers grâce au Regroupement des musiciens du métro. Le Regroupement organisait des concerts à la Station Campus. Le trésorier de l’époque, Dino Spaziani, nous avait matché ensemble, moi, Paul et Jipi avec un autre musicien, Tito. Par la suite, on a commencé à jouer en trio dans la rue. On est allé au Brésil quatre fois. On a fait le Festival de Jazz de Montréal. Cet été, on fait le Festival de la chanson de Tadoussac. On va faire aussi le Fabuleux Festival International du Folk Sale à Ste-Rose-du-Nord.
Moi : Parle-moi du festival au Brésil.
Lucas : Des gens au Brésil ont organisé le festival Sounderground. Y avait des musiciens de rue de partout au monde, de l’Espagne, de la France, de l’Afrique…. Au Brésil, ils n’avaient jamais rien vu de la sorte. La première édition qu’on a fait est en 2012. On est allé une semaine à São Paulo. Y avait des grosses foules tout le temps. Ensuite, on est retourné par nous-mêmes. On a fait une tournée. Puis, en revenant de la tournée, le festival nous a rappelé. Ils ont dit : cet été, est-ce que vous voulez revenir? Quelques mois plus tard, on est retourné à Rio de Janeiro. Ça nous a permis de se faire plein de contacts à travers le monde.
Moi : Est-ce que tu fais des tournées?
Lucas : Avec Street Meat, on est allés au Brésil quatre fois. On a fait deux tournées en Ontario. On fait souvent Québec, Chicoutimi, Tadoussac et la Gaspésie.
Moi : Quels sont les avantages à jouer dans la rue?
Lucas : C’est la liberté surtout. Tu te lèves le matin, si t’as envie de jouer, tu vas jouer. Si t’as pas envie, tu n’y vas pas. Aussi simple que ça. Aussi, l’industrie de la musique est en train de changer. C’est rendu très difficile de vendre des CD. J’ai réalisé assez jeune que si je voulais vivre de la musique, il fallait que j’aille jouer dans la rue et dans le métro.
Moi : Qu’est-ce que tu trouves le fun quand tu joues dans la rue?
Lucas : C’est l’fun d’être libre. De faire ce que tu veux. D’être totalement en contrôle de ce que tu fais. De jouer ce que tu veux quand tu veux. Ou pas jouer quand ça te tente pas. Et puis, on fait des belles rencontres. Par exemple, moi et Jipi le contrebassiste, on jouait sur la rue Ste-Catherine. Le directeur de l’école privé Selwyn House est passé. Depuis, il nous engage une ou deux fois par année. Les riches de Westmount et nous, on est des musiciens de rue, c’est un contexte qu’on ne verrait jamais sans la musique de rue.
Moi : Est-ce qu’il y a des défis, des choses que tu aimes moins?
Lucas : On doit parfois mettre notre chapeau de travailleur social pour dealer avec les gens qui ont des problèmes de santé mentale ou de consommation. Mais, y a des itinérants qui sont devenus mes amis à force de se côtoyer. L’autre défi, c’est sûr que c’est pas le métier le plus payant au monde, être musicien. Quand j’ai assez de contrat, je ne vais pas jouer dans la rue. J’te dirais que dix mois par année, je ne joue plus dans le métro ni dans la rue. Quand il fait beau, que l’été vient de popper, je vais jouer dans la rue pour le plaisir.
Moi : Qu’est-ce que tu fais l’hiver?
Lucas : En décembre, j’ai beaucoup de contrats. Puis, janvier, février, mars, je joue dans les bars surtout, dans les salles de spectacles. On fait aussi des tournées. J’suis allé à Chicoutimi, Québec et Tadoussac en février. Il faut se garder occupé l’hiver.
Moi : Quels sont tes emplacements préférés à l’extérieur?
Lucas : C’est l’fun de jouer dans le Village devant Chez Mado ou le métro Beaudry, quand la rue Ste-Catherine est piétonnière. La rue est constamment en évolution. Par exemple, le pot vient d’être légalisé. Il va avoir plein de touriste à la SQDC. Je pense que ça serait assez logique d’aller jouer devant, surtout si on joue du reggae.
Moi : Dans quels bars joues-tu?
Lucas : Les deuxièmes mercredis du mois, j’suis à l’Escalier. Les derniers vendredis du mois, je suis au Grumpy’s au centre-ville.
Moi : As-tu des albums?
Lucas : Oui, au mois de mai, j’ai lancé un album solo, Tempered Tantrum, enregistré au Quai des Brumes et le 1er juin, j’ai lancé un autre album avec le groupe Stompin’ Trees.
Moi : Vas-tu jouer dans la rue encore longtemps?
Lucas : Sûrement.
Moi : Pour toi, jouer dans la rue c’est…. ?
Lucas : Des rencontres intéressantes et surprenantes. On rencontre toute sorte de monde qui s’arrête pour jaser. J’ai des amis que je n’aurais jamais rencontré si je ne jouais pas dans la rue.
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