L’acteur et artiste Gabriel Gascon, dont la carrière débute avec la troupe des Compagnons de Saint-Laurent et qui, dès 1951, participe au premier spectacle du Théâtre du Nouveau Monde cofondé par son frère Jean, s’est éteint le 30 mai 2018 à l’âge de 91 ans. Bien connu pour être le premier interprète du personnage d’Alexis Labranche dans la série télévisée Les Belles Histoires des pays d’en haut, de 1956 à 1965, c’est son amour pour le théâtre qui l’amène cependant à quitter le Québec en 1965 pour aller s’installer et travailler en France où il obtient entre autres plusieurs rôles dans des films tels Les Camisards de René Allio, La Menace d’Alain Corneau, La Vocation suspendue et L’Hypothèse du tableau volé de Raoul Ruiz.
À son retour dans sa ville natale en 1980, Gabriel Gascon accepte aussi des rôles dans de nouvelles séries télévisées, dont Les Moineaux et les Pinson, Les Plouffe et Montréal P.Q.
Mais c’est le théâtre, comme toujours, qui l’interpelle principalement et s’ensuit, entre autres, une collaboration soutenue avec son ami et metteur en scène Denis Marleau, notamment dans La Dernière Bande de Samuel Beckett en 1994 et Maîtres anciens de Thomas Bernhard en 1995.
Sa carrière se poursuit jusqu’au milieu des années 2000, notamment au cinéma, en jouant dans de nombreux films, dont Le Marais en 2002, le premier long métrage de Kim Nguyen, et Guide de la petite vengeance de Jean-François Pouliot en 2006, qui lui vaudra d’être finaliste en 2007 pour le Jutra du meilleur rôle de soutien.
En 2012, la cinéaste Sylvie Groulx, une nièce de Gabriel Gascon, réalise un portrait intimiste de son oncle intitulé La Passion selon Gabriel, ce qui marquera sa dernière collaboration dans le monde artistique.
« Gabriel était une force de la nature. Enfant, il ne devait pas survivre au purpura qui l’affligeait et qui n’épargnait pratiquement personne. Et pourtant ! Dès son jeune âge, il s’est moqué du Destin. Il n’était guère impressionné par les croyances imposées et ne s’en préoccupait guère. Il traçait son chemin, un chemin qui en fin de compte semblait se tracer pour lui tellement les choses lui venaient naturellement. Chacun semblait son préféré car son amour était infini, pour les siens comme pour ses amis. Il savait écouter ; il était présent pour les siens et s’intéressait à eux. Il trouvait le temps et la façon de faire une place à chacun ; sa générosité était sans bornes et il laissait le soin aux autres de limiter leurs demandes ».
Père de famille dédié avant tout à ses enfants, il créait un monde de joie et d’amour pour ceux qui avaient le bonheur de le fréquenter. En perte de lucidité, il s’était retiré du monde petit à petit, comme une flamme qui s’amenuise, jusqu’au souffle final qui inexorablement l’éteint, plongeant tous ceux qu’il laisse derrière dans une morne obscurité.
Outre sa conjointe Suzanne Houde, Gabriel Gascon laisse dans le deuil ses enfants Stéphane et Sophie, Christopher, André et Virginia, Jérémie et Éléonore ainsi que son ex-épouse et amie, Virginia Brannon, ses petits‑enfants, Martin, McGuire, Otto, Ugo et Clara, ses neveux et nièces, et de nombreux amis.
Les détails de l’hommage qui lui sera rendu au TNM le 11 juin prochain, seront publiés ultérieurement.