Matinées musicales du LMMC
Dimanche le 12 novembre 2017
Salle Pollack, 15h30.
Ordre des oeuvres au programme:
Jean-Sébastien Bach: Suite no. 2 pour violoncelle seul en ré mineur BWV 1008
Dimitri Shostakovich Sonate pour violoncelle et piano en ré mineur opus 40 (1934)
Claude Debussy : Sonate pour violoncelle et piano en ré mineur (1915)
Felix Mendelssohn Sonate pour violoncelle et piano en ré mineur opus 58 (1843)
En rappel: Serge Prokofiev Moderato de la Sonate en do majeur opus 119 (1950)
Au violoncelle ALBAN GERHARDT, au piano Cécie Licad.
Né à Berlin, en 1969, le violoncelliste allemand Alban Gehrardt n’a guère besoin de présentation. Il est au sommet de son art et il est applaudi unanimement à l’échelle planétaire par à près tout le monde musical.
Toutes les oeuvres choisies par le soliste à son programme ont été écrites en ré mineur, coïncidence sans signification spéciale, mais la seconde suite de Bach pour violoncelle seul remit d’emblée, en évidence, toute la richesse des textures envoûtantes de son violoncelle.
Devant une salle comble, pour sa cinquième présence en récital à Montréal, il est ensuite revenu aux côtés de la pianiste accompagnatrice d’origine philippine, Cécile Licad. Bien sûr, toutes les oeuvres jouées ont ravi la salle. Cécile Licad ne manque pas de personnalité et elle ne s’efface pas derrière le violoncelle pour lui donner préséance.
Cette puissance sonore s’explique aussi par le fait que le piano de concert Steinway est resté grand ouvert pour toute la durée du récital.
Cécile Licad n’a pas vraiment eu une carrière très importante en dehors des États-Unis. Curiosité, tout de même, sa biographie indique qu’elle aurait remporté, en 1981, la médaille d’or du prix Leventritt alors qu’il n’y avait pas eu d’épreuve ni de concours cette année-là (le concours n’existe plus et il a déjà offert de grands noms comme Eugène Istomin, Alexis Weissenberg, le grand Van Cliburn, Michel Block et le Canadien Anton Kuerti)! On raconte sur internet que c’est ce qui aurait lancé la carrière de madame Licad! Peu importe, comme chambriste, son jeu est étincelant et son adresse complète avec originalité les interprétations que conduit Gerhardt des sonates de Shostakovich et de Mendelssohn.
Dans le Debussy, elle prend en effet toute la place qui revient au piano dans cette oeuvre et Gerhardt a pu compter sur elle, lors du rappel offert, en fin de concert, pour marquer d’enjouement et de beaucoup d’alacrité l’interprétation du joyeux second mouvement marqué Moderato de la sonate pour violoncelle et piano opus 119 de Serge Prokofiev.
Voilà donc deux musiciens qui jouent et endisquent magnifiquement ensemble. Petit fait divers: la popularité du musicien Alban Gerhardt est telle qu’il n’est pas resté un seul exemplaire de ses disques sur étiquette Hypérion qu’on offrait en vente à l’entracte. Léger dépit amoureux: tous les récitals du LMMC cette année ont été des réussites radieuses malgré leur brièveté puisque tout ce beau monde s’enfuit à 17h30 au plus tard. Un public moins raisonnable n’aurait pas laissé partir M. Gerhardt après seulement un rappel, il me semble. On en aurait demandé encore et redemandé maints autres. Hélas, mes désirs en cela sont rarement exaucés dans la Montréal d’aujourd’hui. Je trouve la réserve des mélomanes de notre époque bien trop sage pour la qualité des artistes qui viennent nous émouvoir. Ce n’était pas comme ça, dans mon temps de jeune exalté très (ou trop ) enthousiaste.