Ils ont brillé dans des oeuvres tout d’abord de Manuel de Falla avec le Duo-con-Fuoco constitué des guitaristes Simon Duchesne et Hugo Larenas, puis, mieux encore, avec le duo de guitaristes Adam Cicchilitti et Steve Cowan dans Tonadilla du compositeur Joaquin Rodrigo! Ce sont ainsi ces habiles guitaristes qui ont sauvé en haute qualité la soirée musicale au profit des enfants syriens.
Auparavant, l’ensemble Forestare d’Alexandre Éthier avec une douzaine de guitaristes (toujours de la guitare classique) avaient offert ses prestations musicales notamment avec le troisième air composé par Jean-Baptiste Lully pour la prestation théâtrale du Bourgeois gentilhomme de Molière à la divertissante cour du Roi Soleil. On s’est donc réjoui de musique pour guitare à la soirée très bourgeoise d’ailleurs conviant les mélomanes montréalais à se rappeler des enfants syriens éprouvés depuis 2011 par la guerre d’influence géopolitique que se livrent les cinq grands du conseil de sécurité sur le dos des Syriens (comme sur le dos de tous les peuples arabes en jadis révolution décrite comme printanière, cela avec l’assentiment des Saoudiens et leurs princes du golfe persique qui ne tiennent plus la route philosophique indiquée par le fondateur de leur dynastie, le grand Ibn Séoud) .
Des oeuvres chorales ont également été chantées en dilettante, quelques airs d’opéra aussi et le pianiste Enzo de Rosa a présenté une de ses agréables oeuvres soit Océano de même qu’un des Miroirs de Maurice Ravel, la difficile oeuvre intitulée Une barque sur l’océan, un défi surmonté pour lui, précisait-il lui-même, au terme de la soirée conclue par un succulent buffet de cuisine levantine.
Outre que le Levant (donc la Syrie et le Liban) était le paradis de haute culture, charnière entre l’Orient et l’Occident et la perle des possessions françaises (en Protectorat), on ne peut que se désoler des printemps arabes agissant comme leurres de changements impérieux et prétextes odieux à des tueries plus que criminelles. Ces printemps arabes avaient déjà existé par deux fois récemment, au vingtième siècle, peu avant 2011 : une première fois sous Laurence d’Arabie et les décevantes promesses non remplies des Anglais ayant fait miroiter aux Arabes des indépendances qu’ils ne livrèrent pas, ensuite le leurre des dupes qui opéra encore, une seconde fois, à l’époque de l’Égyptien Nasser et ses rêves de République Arabe Unie vite tombés en ruine avec la désastreuse suite des déclarations de guerres absurdes toutes perdues d’avance contre l’astucieux et implacable adversaire cherchant vaillamment et avec une volonté pugnace un refuge isolé du monde qui le persécutait partout- il faut relire le triste ouvrage intitulé 100,000 juifs à la mer de Jacques Derogy, Stock, Paris, 1973, 249 pages pour s’en redonner un aperçu très accablant pour la Grande-Bretagne.
Pour qui a gardé en conscience les propos moqueurs et satiriques de Voltaire au troisième chapitre de son Candide, on sera en droit, donc, de se réjouir de la décence des organisateurs de cette soirée-bénéfice dans la salle dédiée à l’incomparable pédagogue musicale que fut la figure de la regrettée Soeur Marie-Stéphane, auteur(e) du brillant ouvrage La musique au point de vue éducatif (référence : Institut des saints noms de Jesus et Marie, Montréal, 1936, 127 pages, épuisé) de se réjouir qu’aucune allusion politique ne fut même insinuée (sauf une diapositive franche affirmant avec un slogan anglais disant The international community must hold its responsibility towards the Syrian people…comme si Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères français, lui-même, pouvait être parmi nous pour en rougir d’une honte impardonnable) durant cette soirée fort signifiante. Fait notable, la soirée fut désertée par les consuls montréalais des cinq grands du conseil de sécurité de l’ONU. En tout cas, la soirée sans accent de revanche ou de blâme fut bourgeoisement passée, car on n’aurait pu supporter sans rage aucune allusion aux sources historiques ou factuelles de ces débandades turco-arabes répétées. Le catéchisme diplomatique actuel répété en mantras détestables dans nos journaux de psittacisme auxquels aucune intelligence solide ne croit vraiment de vraie bonne foi, consolons-nous, n’a donc pas fait l’objet des discours, nos félicitations à tous les organisateurs ne serait-ce que pour ça. En effet, on aurait eu raison alors de prendre la sortie, à l’écoute rhétorique des blâmes réciproques feignant de donner l’heure juste (que nous n’aurons jamais) sur les manoeuvres des marionnettistes-experts, soit les acteurs criminels de ce drame historique malheureusement non encore achevé. Les enfants même dans notre société dite riche…paient toujours pour les idioties appauvrissantes des adultes, que ce soit les mauvais choix éducatifs accablants où on supprime l’enseignement de la musique et des arts au primaire dans une réforme dite d’éducation éclairée. En tout cas, c’est une bénédiction que les musiciens ne se mêlent pas de politique internationale, puisque la raison de l’intelligente RealPolitik à la mode Kissinger ou Powell ou Susan Rice ne participe d’aucun coeur humain au cute de la beauté musicale et que cette science de la destruction de notre prochain nous échappe en ses finasseries. Saura t-on bientôt le pire face aux exactions manigancées en seconde main? Sans doute pas et le fait demeure qu’on prend toujours les enfants, en effigie d’emblème-photo de la souffrance causée par des adultes tous fous furieux de pouvoir absolu, quelque côté qu’on regarde, toutes démences confondues à l’asile des fous qu’est devenue non seulement le Proche-Orient depuis 2002, mais tous ces pays mal gérés (Haïti n’est pas le seul exemple venant spontanément à l’esprit). Le désarroi du jeune Candide de Voltaire, convaincu de vivre dans le meilleur des mondes et pétri de la vérité de son mentor imposteur, ressemble à ces acteurs humanitaires accourus parfois les poches pleines ne sachant plus où donner de la tête en ces pays éplorés. Vive la musique, la grande musique classique donc ceux ou celles qui l’enseignent comme dans une école du quartier de Charlevoix où la musique prend la place qui lui est due deux heures par jour, école dont il faudra reparler bientôt! Vendredi soir, les musiciens ont donné de leur talent sincère et une bonne somme d’argent, nous a-ton confirmé en fin de soirée: cela servira à secourir quelques-uns de ces enfants selon un hasard de bienfaisance que seule la Providence choisira en fonction de l’enchaînement des événements humains et inhumains sur lesquels le poète musical n’a aucune influence autre que de tenter de consoler les éprouvés d’un chant ou un air à méditer. On n’a pas besoin d’être ophtalmologue syrien ou chef de clan pour apercevoir tout ça!