Martin Fontaine n’a pas lésiné sur les moyens pour que son spectacle Elvis Expérience Montréal 72 – Comme si c’était arrivé, devienne un événement incontournable au Cabaret du Casino de Montréal en cet été 2018. Rien de nouveau pour cet artiste qui fait les choux gras et une carrière exceptionnelle en incarnant dans tous ses détails le King depuis plus de 20 ans de Québec à Vegas, à l’Europe, à Montréal. Tout cela avec la bénédiction de la famille Presley, Priscilla et Lisa-Maria en tête.
Donc 24 musiciens aux cordes, aux cuivres, aux percussions, aux claviers, 8 choristes femmes et hommes en voix et en costume d’époque et jouant les personnages qu’ils incarnent, et une orchestration impeccable et respectueuse de la sonorité d’Elvis des années 70 sont autant de détails qui nous séduisent à première vue.
La petite histoire d’Elvis est reproduite à l’aide de documents d’époque sur grand écran et nous replace en contexte. Dans le cas de ce spectacle, on revisite les événements puisqu’Elvis qui aurait dû venir à Montréal, n’y a jamais mis les pieds, les autorités religieuses et politiques québécoises ayant jugé qu’Elvis aurait fait scandale.
Dès son entrée en scène, le phénomène Fontaine, suscite une vive curiosité: comment ce rouquin coupe de cheveux en brosse et aux yeux pers peut-il autant ressembler au King? Il y a certes les deux heures de maquillage et les combinaisons, déjà-vu, blanches et noires à large ceinture scintillante. Mais il y a aussi cette performance époustouflante, mouvements du bassin, roulements de bras, exécution de maegiri et de katana comme un karateka, danse à un rythme fou, puis cette voix et ces mimiques si semblables, qui créent l’illusion totale.
Bien sur qu’Elvis Experience ne fait pas dans la haute technologie qui donne aujourd’hui une dimension surhumaine aux artistes sur scène. Mais ce spectacle livré sous forme de concert est une réconciliation avec l’humain et l’authenticité. On le sait, Elvis est devenu plus grand que nature. Et si mon invité de la soirée, un Américain, a d’abord été poliment sceptique face à mon enthousiasme, il est sorti abasourdi, séduit et conquis par cette expérience d’Elvis signée Martin Fontaine.
Pendant 90 minutes, les classiques du répertoire d’Elvis ont défilés au plus grand plaisir d’une salle gagnée d’avance: See see Rider, Proud Mary, Love me tender, I’m so lonely I could cry, le Johnny B Goode de Chuck Berry, I’m all shook up, Blue Suede Shoes, Fever, Glory Glory Hallelujah, etc.
Fontaine descend au parterre pour distribuer baisers aux femmes et poignées de main aux hommes, il laisse échapper ses foulards bleu poudre après avoir bien pris soin d’y laisser quelques gouttes de sueur, il lance des oursons en peluche pendant la chanson Let me be your teddy bear et Hound dog. Entre les chansons, il joue le jeu et s’adresse aux spectateurs en français avec un fort accent anglais.
Martin Fontaine aura été Presley à son corps défendant. S’il a eu une crise d’identité et une remise en question il y a une quinzaine d’années malgré son succès à incarner Elvis, aujourd’hui on le sent remis et confortable dans son rôle. Peut-être que ses spectacles démaquillé, sous sa vraie identité, et qui tournent à travers le Québec, servent-ils aussi de catharsis dans son ambitieux projet de vie.
Juré. Elvis Expérience au Cabaret du Casino est un incontournable.
Jusqu’au 25 août.