Dimanche dernier la Maison Symphonique de Montréal et Pro Musica en collaboration avec l’OSM nous ont offert le pianiste russe Denis Matsuev, président du jury du Concours Tchaïkovsky 2019 ayant couronné, rappelez-vous fin juin, le jeune talentueux pianiste français Alexandre Kantorow. Durant ce très rapide récital de Matsuev, nous y avons entendu une inoubliable version de la sonate en si mineur de Franz Liszt, absolument parfaite en équilibre d’expressivité suave , en tout cas idéale en sublime comme seul Georgy Cziffra était jadis capable de l’illuminer.
Il en fut de même avec la fameuse mais tapageuse Mephisto valse no.1 fort diabolique encore de Liszt. Après l’entracte, la tendre Dumka de Tchaïkovsky n’a causé aucun ennui de mémoire à M.Matsuev qui expédiait les pièces sans grande cérémonie. Puis survint l’époustouflante musique de ballet de Petrouchka d’Igor Stravinsky en trois mouvements exaltés et différenciés en expressivité sonore et immensément percussive bien entendu, tel que l’indique la partition du compositeur favori des chorégraphes de Diaghilev aux Ballets russes. Plusieurs rappels ont séduit aussi la foule dont l’Impromptu en sol bémol majeur opus 90.no3 de Franz Schubert et ultimement un extrait du Peer Gynt de Edward Grieg joué avec souffle et piano tonitruant jusqu’à la limite des possibilités assourdissantes de l’instrument. La salle n’était qu’à moitié pleine ce qui ne colle pas avec le statut et le niveau de jeu du virtuose, mais ainsi est devenue la réalité des artistes et interprètes russes victimes des boycotts et des contrecoups des campagnes anti-russes de tout acabit. C’est dommage, car c’est un très grand artiste.