Le TNM reprenait du service, ce soir (9 septembre 2020), avec Zebrina. Une pièce à conviction, portée par Emmanuel Schwartz. Distanciation oblige : seulement 160 spectateurs peuvent être admis dans la salle. Tenterez-vous l’expérience de voir ce solo sur votre ordi ? Si oui, voici à quoi vous pouvez vous attendre.
Un voyage intérieur
Avec François Girard à la mise en scène, Schwartz devient un intriguant bibliothécaire et découvre qu’on vient de rapporter un livre emprunté 133 ans plus tôt ! Déterminé à infliger à ce contrevenant «l’amende de sa vie», l’homme se lance dans une quête pour ne pas dire une enquête qui l’amènera à parcourir le monde.
L’Australie, la Chine, la France, l’Allemagne, etc., rien n’arrête le héros de Underneath the Lintel du dramaturge américain Glen Berger. La traduction de Serge Lamothe reflète bien la quête spirituelle de cet homme qu’on verra de plus en plus tourmenté.
Schwartz a bien des tours dans son sac pour rythmer ce monologue de près d’une heure 40. En plus d’adopter un petit accent rigolo, son personnage hollandais ira jusqu’à danser le swing et chanter. Quant au texte, créé en 2001, il nous donne l’impression d’avoir été écrit ces derniers mois. En effet, dès le début du spectacle, le bibliothécaire se présente dans un théâtre qui a été fermé durant un certain temps et il lance : «Y’a pas plus de monde que ça!» Éclat de rire de la part du public réuni au Théâtre du Nouveau Monde, où moins de 20 % des sièges sont occupés, conformément aux consignes sanitaires.
Un seul plan large pour tout le spectacle
Cela dit, il me semble évident que la magie du théâtre ne fait pas bon ménage avec la web diffusion. L’impression que tout est statique s’installe sans tarder, alors que la caméra nous transmet le spectacle en entier en un seul plan large. De plus, le plateau semble peu éclairé et les projections associées aux nombreux voyages du bibliothécaire de même que les environnements sonores nous échappent ou passent inaperçues. Néanmoins, on ne perd pas un mot de ce texte axé sur des questions essentielles : quel est le sens de la vie d’un être humain ? À quoi sert-elle ? Pas besoin non plus de porter un masque comme les spectateurs sur place. Vue de cet angle, la web diffusion pourrait bien s’avérer un compromis acceptable pour plusieurs en temps de pandémie.
Zebrina, une pièce à conviction
Avec : Emmanuel Schwartz
Texte : Glen Berger. Traduction et dramaturgie : Serge Lamothe. Mise en scène : François Girard. Une coproduction du Théâtre du Nouveau Monde, du Centre Segal et du Centre national des arts. Au TNM du 9 au 27 septembre (diffusion Web en simultané), au Centre Segal en décembre et au CNA en janvier.