De la panoplie de films présentés par le Festival du Nouveau Cinéma, deux films ont marqué les cinéphiles tant par leur excellente facture que par la qualité des interprètes ou de la thématique abordée: ce sont tout d’abord So long my son de Wang Xialshuai, une habile fresque de trois heures portraiturant la Chine des quarante dernières années avec le brio de deux interprètes gagnants (la belle Yong Mei et le viril Wang Jinchun) des prix d’interprétation de l’Ours d’argent au festival de Berlin.
On classe étrangement ce film comme un drame familial mais c’est en vérité une fresque socio-politique de l’évolution de la Chine depuis la Révolution culturelle par-delà les réformes de Deng Tsiao Ping jusqu’à nos jours.
Autre bijou découvert malgré la discrétion des heures et lieux de présentation, il s’agit du film en langue arabe de Maryam Touzani intitulé Adam. Il présente le récit d’une grossesse de mère célibataire (la brillante Nisrin Erradi) esseulée au Maroc, pays musulman, qui pose ses dilemmes déchirants à résoudre au plus grand désespoir éthique de la mère enceinte, rebutée par l’enfant non désiré et on s’émeut de cette situation qui l’aura vue malmenée par tout son entourage (l’ultimement accueillante Lubna Azabal dans le rôle d’une veuve reprenant vie et coeur humain).
Hélas tous les petits bijoux cinématographiques du Festival, autrement fort bien organisé il faut le dire, sont projetés sous-titrés systématiquement en anglais et quasiment jamais en français ce qui fait de notre ville, c’est lamentable, la plus grande démissionnaire culturelle en cette matière d’exigence d’accessibilité aux nôtres, en langue française primordiale j’entends, ce qui devrait se voir remédié de beaucoup pour mieux diffuser d’excellentes réalisations cinématographiques. Je termine ce succinct rapport avec quelques mots à propos d’un autre film qui aura paru d’intérêt vu la regrettable homophobie georgienne de Tbilissi soit le film And Then We Danced de Levan Akin.
Le beau danseur Merab (Levan Gelbakhiani) s’éprend du séduisant Iraklli (Bachi Valishvili) encore meilleur danseur que lui et cet amour réciproque ne trouve pas son achèvement logique au sein d’un milieu de la danse stupidement obtus pas très plausible…Le monde de la danse n’a de brio que par ses étoiles ouvertement acceptantes ou inclusives face à l’amour bleu, comme s’il se trouvait encore des chorégraphes et compagnies de cette virulence machiste de nos jours (je dis ça même s’il s’agit de danse folklorique georgienne). Le film a tout de même comme mérite de donner libre cours aux interrogations où nous étions nous-mêmes à l’époque des films Midnight Express (avec Brad Davis) ou voire même aussi loin que Reflection in a Golden Eye (avec le légendaire Marlon Brando!).
Le placard où l’on rentre encore trop vite pour sceller l’issue d’un film n’est pluss une solution crédible ni une possibilité à laquelle un cinéaste intelligent puisse songer sans embarras, en 2019, s’abandonner…Le Festival du Nouveau Cinéma 2019 a couronné le film Beanpole dont je n’ai pu supporter, dès le début, le meurtre d’un nourrisson par étouffement délibéré, ouvrage assassin de sa mère détraquée, à l’époque d’un Leningrad encerclé psychologiquement par le spectre des Allemands vaincus certes, mais ayant fait triompher la psychologue de leur inhumanité désinvolte au quotidien russe reposant sous les douteux lauriers de Staline. À chacun sa tolérance aux violences supportables et insoutenables!