C’est le jeudi 4 novembre prochain que le premier long métrage de Catherine Therrien, Une Révision, prendra à nouveau l’affiche dans nos salles de cinéma du Québec. Ce film, qui a été présenté en ouverture du festival Cinémania et a connu un réel succès en première mondial au Festival du film francophone d’Angoulême, met en vedette Patrice Robitaille et Nour Belkhiria dans les rôles principaux.
Mon appréciation du film est disponible via ce lien : https://lesartsze.com/une-revision-un-film-sur-la-liberte-de-penser-et-dialoguer-jouissif/
Patrice Robitaille :
C’est un rôle qu’on vous voit peu souvent jouer, un intellectuel, calme, posé et érudit. C’est rafraichissant. Est-ce que c’était un beau défi ? « Un défi, sûrement. Tous les rôles en sont un défi. J’étais content qu’on m’offre ce type de rôle là effectivement. Je dis souvent que c’est un privilège de faire ce métier et en plus, j’ai la chance de travailler beaucoup et ça fait en sorte que des fois, on pense à toi pour des trucs pour lesquels tu ne serais pas le premier appelé. Et rapidement, dans ce milieu-là on est confiné à défendre un même type de rôle. » Écoutez la suite : role_nouveau
Et jouer avec Nour, la chimie est palpable. C’est arrivé rapidement ? « En fait, c’est moi qui donnais la réplique pour trouver l’actrice qui allait interpréter Nacira. Je ne sais pas combien on en a vu, mais dès que Nour est entrée dans la salle d’audition et qu’on a commencé à jouer ensemble, cela a été très clair pour moi que c’était elle qui avait la meilleure chimie avec moi. Et je pense que c’était assez unanime.» Écoutez la suite : Nour
« Ça fait du bien de voir que tu peux être en désaccord sur plein d’affaires, mais ne jamais cesser de réfléchir et d’argumenter dans le respect et en demeurant intègre. »
C’était comment d’être dirigé par Catherine ? « C’était super. Elle était une vraie capitaine de navire. À bien des égards, une chance qu’elle était là. Au départ, Catherine m’avait approché pour un autre scénario qui est tombé à l’eau pour une multitude de raisons. Ensuite, elle est revenue à la charge avec ce nouveau scénario pour cet autre rôle. Dès notre première rencontre, j’ai vu une fille brillante, allumée, dynamique, qui savait ce qu’elle voulait, où elle s’en allait. Ça, c’est hyper rassurant. Je trouve qu’elle a réussi à éviter plein de pièges potentiels, en traitant de sujets pas faciles. Et je trouve qu’elle l’a fait avec doigté et intelligence. »
Avez-vous vu le film récemment ? Quelles sont vos impressions ? «Je l’ai revu hier à nouveau, j’en suis ressorti très touché et plus intelligent. Je m’explique. Si les gens s’imaginent que parce que la prémisse c’est une étudiante de confession musulmane qui va demander une révision de note dans son cours de philo… oh, mon dieu, je n’irai pas voir ça, ça va être lourd… Mais pas du tout. Et on ne nivelle pas par le bas non plus. Je pense que quand tu sors de là, comme spectateur, tu te sens intelligent. Tu as réfléchi. Tu as été touché. Pis quelque part, c’est un peu cela la fonction de l’art. Donc, je pense que les gens devraient aller voir ce film.»
NOUR BELKHIRIA
Qu’est-ce qui vous plaisait dans l’idée de jouer ce rôle ? Écoutez-la raconter : Ce_qui_lui_a_plu
Jouer avec Patrice Robitaille ? « C’était super enrichissant. J’étais très honorée, car je le trouve vraiment talentueux et brillant. Il a vraiment interprété le personnage d’Étienne avec beaucoup de sensibilité, de vulnérabilité. J’apprenais beaucoup en le voyant travailler. »
Tu as nourri ton personnage à partir de ton expérience de vie, mais aussi celle des autres musulmans ? Écoutez-la parler de : motivation
On voit beaucoup de jeunes de nationalités différentes qui sont tes collègues à l’école et vous avez une belle amitié ensemble. C’est beau de voir ça sur grand écran. On n’en voit pas souvent. Toi, tu l’as perçu comment ? « Ça fait du bien. Cela apporte un vent de fraicheur de voir de la diversité à l’écran, de se sentir représenté. Malheureusement on n’en voit pas beaucoup. Et c’est un truc que j’ai remarqué quand je suis entrée dans ce milieu. J’espère que cela va aussi être transposé à la télévision. Je vois qu’on fait des efforts de plus en plus, mais il faudrait des rôles plus importants aux gens issus de la diversité. »
As-tu d’autres projets en cours ? «En fait, j’ai un peu une double vie. Je suis aussi avocate. J’ai ma prestation de serment dans 10 jours et je vais commencer à travailler dans le droit commercial. Alors, quand je ne suis pas en audition, ou entrain de répéter mes textes, je travaille comme avocate. Mais c’est sûr que je vais continuer mon travail d’actrice. Je peux faire les deux. Je travaille dans un environnement sain et bienveillant où mon équipe me permet de faire autre chose à côté. »
Denis Robert Productrice :
En regardant le film, je me suis dit que ce film aurait pu être réalisé par Denys Arcand. Il me faisait penser au Déclin par moment. Et il parait que c’est lui qui vous a parlé de ce scénario. Qu’est-ce qui vous a plu dans ce scénario ? « Je travaillais avec Catherine sur un projet de film dont le scénario n’était pas encore prêt pour tourner. Et on avait chacune cet espace dans notre horaire pour tourner un film. J’en ai parlé à Denys qui m’a proposé de lire un scénario qu’il avait reçu et dont il pensait que ça pourrait nous intéresser. Effectivement, je l’ai trouvé très d’actualité et très bon. Donc, avec les deux scénaristes, aidés par Denys comme consultant, ainsi que Catherine et moi-même, on a fait beaucoup d’ateliers pour amener le scénario à une vision commune de ce que Catherine voulait réaliser. Et au final, ce qui m’a plu dans le scénario et qu’on s’est entendu de faire, c’est un film sur le dialogue. Que tu sois d’accord ou non sur une position, ce n’est pas grave. L’important c’est le dialogue, la communication. »
Quels ont été les défis au niveau de la production du film ? Écoutez-la parler de : plusieurs_defis
Dans le film, celui qui a le mauvais rôle, c’est assurément les institutions scolaires, n’est-ce pas ? «C’est sûr, avec les institutions scolaires, c’est plus la réussite à tout prix. » Écoutez-la parler des : institutions
Le film a été présenté à Angoulême avec un réel succès et en au festival Cinémania. Quelle a été la réaction des gens ? «On a eu une ovation debout instantanée, dès la dernière image du film.» Écoutez la suite des : reaction_premiere
Catherine Therrien Réalisatrice :
Qu’est-ce qui vous a plu dans ce scénario et vous a donné le goût de le réaliser ? « Ce qui m’a plu dès le départ c’est que cela met en scène deux êtres de convictions, qui vont être ébranlés dans leurs convictions profondes. Et je trouvais cela hyper prometteur. De pouvoir travailler avec des personnages de principes, qui croient fort en leurs principes et existent grâce à leurs principes fondamentaux, c’est ce qui m’a d’abord plu dans ce scénario. »
Avez-vous apporté des changements au scénario pour le réaliser ? Comment avez-vous concilié votre vision de réalisatrice avec celle des auteurs ? «J’ai d’abord eu et lu une première version du scénario et ensuite, on a fait de tables de discussions autour du scénario avec Denise Robert, moi et les auteurs. Les auteurs ont fait beaucoup de réécriture, pour en arriver à une version que l’on a voulu tourner. Je me suis beaucoup impliqué dans cette réécriture, car je devais m’approprier le projet pour pouvoir le réaliser. »
Beau choix d’avoir pris Patrice Robitaille pour le personnage du prof de Philo. Pourquoi lui ? Écoutez-la parler de : Patrice_Robitaille
Et qu’est-ce que Nour avait d’intéressant pour le personnage de l’étudiante ? «Elle aussi, elle a nourri son personnage. Il y a beaucoup de sa couleur dans le personnage et de ses propres questionnements qu’elle a insufflés au personnage. Nour vient d’une famille musulmane non pratiquante. Et elle était très sensible à toutes ces questions qu’amène le film. Elle a, dans son entourage, des amis croyants, d’autres athées. C’était important pour elle de porter à l’écran un personnage qui n’était pas cliché. Et avec Raba (le personnage qui joue le père), on a énormément discuté de leur trame, de leurs scènes. Il y a plein de choses qui n’étaient pas au scénario et qu’on a ajoutées dans le film, pour donner vie à cette famille. »
Parlez-moi de la musique que l’on retrouve dans le film, je la trouve très pertinente et ajoute à l’émotion du film. Écoutez-la parler de la : musique
Que voulez-vous que les gens retiennent ou prennent de ce film-là ? «Je veux que les gens aient envie de discuter. Je veux que les gens sortent du film et se disent : je m’ennuie d’aller à l’école. Je m’ennuie de mes cours de philo. Je veux que les gens voient un prof inspirant, autant que les profs qui m’ont inspiré dans ma vie. Je veux que les gens aient envie de discuter après le film. Qu’ils aient envie d’en parler entre eux et qu’ils soient touchés par la réalité distincte des deux personnages. On a de l’empathie pour les deux et c’est ce que je veux que les gens retiennent. »
Le film Une révision prendra l’affiche le 4 novembre.
Durée 95 minutes
Distribution
- Patrice Robitaille,
- Nour Belkhiria,
- Rose-Marie Perreault,
- Anne-Élisabeth Bossé,
- Rabah Aït Ouyahia,
- Édith Cochrane,
- Pierre Curzi,
- Gabriel Sabourin,
- Michel Laperrière,
- Sam Ghez,
- Robin L’Houmeau,
- Jonathan Saint-Armand,
FICHE TECHNIQUE
RÉALISATRICE Catherine Therrien
PRODUCTRICE Denise Robert
SCÉNARIO Louis Godbout et Normand Corbeil
DIRECTEUR PHOTO Mathieu Laverdière
CRÉATION ARTISTIQUE Caroline Alder
CRÉATION COSTUMES Mélodie Wronski
MONTAGE Arthur Tarnowski, ACE
MUSIQUE ORIGINALE Philippe Brault
SON Thierry Bourgault-D’Amico, Luc Boudrias
CRÉATION SONORE Marie-Claude Gagné
CASTING Brigitte Viau, Isabelle Thez-Axelrad
CONSULTANT AU SCÉNARIO Denys Arcand
1ère ASSISTANTE RÉALISATION Émilie Malo
PRODUCTEUR ASSOCIÉ Martin Desroches
PRODUCTEUR DÉLÉGUÉ Christian Ménard
DIRECTEUR DE PRODUCTION Simon Marcotte
DIRECTEUR DE POSTPRODUCTION Tibo Galbois
Crédit photos : Shirley Noel