Parmi les nouveautés présentées au cinéma Le Clap cette semaine, Le Grand Bain et Nos Batailles, ce sont les deux films français qui ont retenu mon attention. Le Grand Bain, un film humain qui fait du bien, qui n’est pas sans rappeler le film Full Monty, avec une belle amitié entre hommes. Nos Batailles, un film sur les batailles du quotidien pour les travailleurs qui doivent concilier travail-famille, avec une performance admirable de Romain Duris.
Le Grand bain, de Gilles Lellouche
Résumé : Bertrand souffre de dépression. D’une grosse dépression. Un jour, à la piscine municipale, il tombe sur une annonce qui l’intrigue, soit celle d’une équipe masculine de nage synchronisée qui cherche à recruter de nouveaux membres. Il décide alors de plonger dans l’aventure, intégrant cette bande formée d’hommes ayant tous leurs fêlures et qui tentent eux aussi de redonner un sens à leur vie.
Le Grand bain est assurément un «feel good movie », alliant brillamment la comédie et le drame. Une première réalisation en solo pour Gilles Lellouche, qui réussit avec tendresse et humour à nous présenter une belle amitié entre hommes en pleine remise en question, en quête d’estime de soi, de fierté, et de reconnaissance, malgré les coups durs qu’ils encaissent jour après jour. Une belle solidarité masculine et un film qui donne espoir et qui finit bien.
Ce film n’est pas sans rappeler le célèbre Full Monty, avec ces hommes peu gracieux, peu virils, qui vivent un mal-être profond, et qui sont bien seulement lorsqu’ils se retrouvent ensemble au bord de la piscine. Petit à petit, on apprend à connaître chacun des participants. Il y a Bertrand (Mathieu Amalric) le dépressif. Il y a aussi Simon le vieux rockeur qui se croit toujours bon, joué magnifiquement par Jean-Hugues Anglade. Il y a aussi un chef d’entreprise qui ne cesse de faire faillite, un père en colère contre la vie et les choses qu’il ne peut changer, un infirmier toxicomane et un gardien de piscine en mal d’appartenance.
Il y a aussi les deux entraineuses de ces joyeux lurons, incarnés avec brio par Delphine (Virgine Efira) et Amanda (Leïla Bekhti). Elles sont savoureuses à souhait et leur technique de coaching est aussi étrange que différente l’une de l’autre, mais elles sont toutes deux hilarantes.
Bien que les événements de la fin du film peuvent sembler invraisemblables, il est intéressant d’y croire et de se laisser porter par le film. Et au final, on ressort de la salle avec un sentiment de joie de vivre, d’espoir pour tous, et une impression d’avoir passé une belle soirée de divertissement, où l’humanité et la solidarité triomphent.
France . 2018. 122 min (V.O.F.). Comédie dramatique réalisée par Gilles Lellouche. Scén. : Gilles Lellouche, Ahmed Hamidi, Julien Lambroschini. Mus. orig. : John Brion. Int. : Mathieu Amalric, Benoît Poelvoorde, Guillaume Canet, Philippe Katerine, Virginie Efira.
Nos batailles de Guillaume Senez
Résumé : Chef d’équipe dans un méga-entrepôt de marchandises, Olivier se préoccupe autant de ses collègues de travail que de ses deux enfants qu’il adore. Le jour où sa conjointe, Laura, disparaît sans donner de raison, il se retrouve dans l’obligation d’ajuster ses horaires aux exigences de ses multiples tâches. Olivier doit alors faire face à une profonde remise en question.
Il est intéressant de voir ici la conciliation travail-famille, vue par un père de famille qui doit ajuster ses horaires et revoir ses tâches, pour demeurer performant au travail, aimant et responsable à la maison, tout en tentant de savoir ce qui a poussé sa femme à partir sans raison. La seule chose que j’ai moins aimée dans ce film, c’est qu’on ne sait pas vraiment pourquoi Laura est partie, bien qu’on s’en doute un peu, mais il aurait été intéressant d’en savoir plus.
Ce film vaut la peine d’être vu pour la performance de jeu de Romain Duris qui joue de manière sobre et très juste. Nos batailles, c’est le combat de tous les jours dans des usines où l’humain est moins valorisé que le travail. C’est aussi les répercussions sur les enfants dans un couple qui s’est séparé et dont personne n’a le temps de s’occuper. C’est aussi la vie de couple qui prend le bord lorsque le surmenage et la dépression prennent possession des lieux.
Guillaume Senez a réussi à faire un portrait social vibrant de réalité, et dépeindre les scènes quotidiennes familiales de manière franche, humaine et vraie. On apprivoise les personnages petit à petit, sans jugement sur leurs imperfections, mais juste une compréhension de leurs limites. Et au travail, on voit comment cela peut être complexe le quotidien dans une usine où l’humain est remplaçable au moindre faux pas.
France · Belgique. 2018. 98 min (V.O.F.). Drame réalisé par Guillaume Senez. Scén. : Guillaume Senez, Raphaëlle Desplechin. Int. : Romain Duris, Laure Calamy, Laetitia Dosch.
Pour l’horaire de tous ces films au cinéma Le Clap ainsi que la liste des autres films présentés dans ce cinéma : http://www.clap.qc.ca/