Changement majeur au programme du concert réunissant des rappeurs québécois à la Maison symphonique les 29, 30 et 31 mars. «L’Orchestre symphonique de Montréal annonce avec grand regret que Koriass doit se retirer des concerts L’OSM au rythme du hip-hop pour des raisons de santé.»
Non seulement le rappeur était le premier à monter sur scène, mais il offrait aussi le seul duo de la soirée avec le jeune FouKi.
La nouvelle a été annoncée moins de deux heures avant la représentation d’aujourd’hui, 30 mars. L’artiste de 38 ans, considéré comme un «vétéran» du rap au Québec, n’aura donc participé qu’au premier des trois concerts dont voici mon compte rendu.

Crédit photo : Antoine Saito
L’OSM au rythme du hip-hop, 29 mars
La Maison symphonique était bien remplie, ce mardi, pour le premier de trois concerts où des vedettes québécoises du hip-hop sont accompagnées par l’OSM dirigé par Dina Gilbert. Compte-rendu de cette célébration du rap dans un temple montréalais de la musique classique.
Le «vétéran» Koriass a été le premier à monter sur scène dans ce spectacle intitulé L’OSM au rythme du hip-hop. Il a brisé la glace avec sa chanson Éléphant, où il répète en «refrain» Leave me alone. Alors que ces mots pourraient sembler déroutants comme entrée en matière, il n’en n’est rien pour le public jeune et souriant qui chantonne avec Koriass cet hymne sombre : J’prends le couteau que j’t’ai planté dans l’dos / Pour tuer l’éléphant que j’vois dans la pièce / Leave me alone…» «Faites du bruit pour l’Orchestre symphonique de Montréal !», lancera le rappeur.

Crédit photo : Antoine Saito
Arrive alors Sarahmée avec sa chanson Fuego un peu écrasée par la piste rythmique préenregistrée dont on aurait pu réduire le volume. Déjà le calibrage était plus au point pour Sourde : «Plus j’prends de l’altitude / Moins j’entends le bruit / Qui me rendait sourde…»
Le très attendu FouKi fais monter la température avec Oui toi : «Mais dis-moi où est l’amour… Palala, pala pala». On chante et on tape des mains. Visiblement à l’aise dans cet environnement symphonique, le jeune homme fait route avec un public enjoué qui scande avec lui certaines des paroles sarcastiques de Copilote.

Crédit photo : Antoine Saito
Alaclair Ensemble (sans Ogden) carbure aussi à l’énergie du grand orchestre avec une version percutante de Mets du respect dans ton bac, un hymne au recyclage qui séduirait sans doute l’inoubliable personnage de Popa (Claude Meunier) dans La P’tite vie. On atteint l’un des temps forts de la soirée en terme de fusion rap-symphonique avec Ça appelle, chanson moqueuse sur l’omni-présence des téléphones cellulaires dans nos vies.

Crédit photo : Antoine Saito
Avec humour et leurs gestuelles exubérantes les chanteurs de Dead Obies terminent la première partie du concert avec l’entraînante et bien nommée Break. Ils seront aussi acclamés plus tard en soirée avec Explosif. D’ailleurs tous reviendront interpréter quelques chansons après la pause.
Koriass et FouKi ont offert le seul duo de la soirée qui s’est déroulée dans la bonne humeur mais, à aucun moment le public ne s’est levé pour danser. On a toutefois généreusement agité le bras en mouvement d’essuie-glace comme au temps ou Marjo faisait sensation avec Chats sauvages.

Crédit photo Antoine Saito
Avec un enthousiasme évident, Dina Gilbert dirige les remarquables orchestrations signées Blair Thomson et Hugo Bégin. Il faut dire que madame Gilbert n’en n’est pas à sa première collaboration avec des artistes de hip-hop, elle qui a travaillé avec, entre autres, MC Solaar et I AM
Dans l’ensemble, la sonorisation est remarquable. Bien sûr, dans ce flot de mots, certains nous échappent, mais la voix demeure toujours à l’avant-plan et l’orchestre ajoute des couleurs et du coffre aux arrangements originaux. Cuivres, cordes, etc., les différents pupitres sont sollicités durant tout le concert sans dénaturer les chansons.
L’OSM au rythme du hip-hop
Orchestre symphonique de Montréal / Dina Gilbert, chef
Avec : Alaclair Ensemble / Dead Obies / FouKi / Sarahmée
Orchestrateurs : Blair Thomson et Hugo Bégin
Dernière représentation ce jeudi 31 mars à la Maison symphonique