C’est avec un enthousiasme maintes fois exprimé par des salves d’applaudissements que les milliers de personnes rassemblées à la Salle Wilfrid-Pelletier, samedi soir, ont démontré leur appréciation du Rigoletto qui ouvre la 39e saison de l’Opéra de Montréal.
Il faut dire qu’en plus de La donna è mobile, l’oeuvre de Verdi créée en 1851 continue d’épater avec son large éventail, allant du duo, au trio et au quatuor, car les personnages se parlent en chantant.
Les voix
Soulignons que le personnage principal est ici interprété par un baryton. On pourra toujours dire que James Westman n’est pas vocalement l’homme de la situation, mais il n’en reste pas moins qu’au niveau théâtral, il est convaincant dans son rôle de bouffon habitué à se moquer des autres et qui est finalement pris à son propre jeu. Le ténor René Barbera brille en duc de Mantoue, mais la vedette de la soirée, à en croire les applaudissements et les bravos, est sans doute la Québécoise Myriam Leblanc. La beauté de la voix de la jeune soprano et son interprétation sensible et intelligente en font une Gilda attachante et bouleversante qui ira jusqu’à la mort pour sauver celui qu’elle aime.
Parmi les rôles secondaires, soulignons l’excellence de Vartan Gabrielian en Sparafucile et Carolyn Sproule en Maddalena, alors que Scott Brooks, de l’Atelier lyrique de l’opéra de Montréal, affiche un aplomb remarquable en Monterone.
Le chef
La combinaison mélodique et dramatique de Rigoletto est admirablement servie par Maestro Carlo Montanaro et l’Orchestre métropolitain qui réussissent à trouver la lumière appropriée aux multiples facettes de ce drame d’amour filial, de trahison et de vengeance. Rappelons que le livret de Rigoletto, est de Francesco Maria Piave, d’après la pièce de Victor Hugo Le roi s’amuse. Après Notre Dame de Paris, en début de semaine, il s’agit donc de la deuxième oeuvre inspirée d’écrits de ce grand auteur du 19e siècle à faire accourir le public montréalais en quelques jours.
En résumé, ceux qui n’ont pas encore vu ce célèbre opéra ont une très belle occasion de le faire. Quant à ceux qui ont assisté aux Rigoletto de 2003 et 2010 à l’Opéra de Montréal, ils seront sans doute nombreux à préférer la cuvée 2018.
Rigoletto
Opéra de Giuseppe Verdi. James Westman (Rigoletto), René Barbera (le duc), Myriam Leblanc (Gilda), Vartan Gabrielian (Sparafucile), Carolyn Sproule (Maddalena), Scott Brooks (Monterone), Rose Naggar-Tremblay (Giovanna), Choeur de l’Opéra de Montréal, Orchestre Métropolitain, Carlo Montanaro. Scénographie : Robert Dahlstrom. Mise en scène de Michael Cavanagh. Costumes : Opéra de Montréal. Production: Seattle Opera, San Diego Opera. Salle Wilfrid-Pelletier, les 18, 20 et 22 septembre.
Photo: James Westman (Rigoletto) Myriam Leblanc (Gilda) © Yves Renaud