La tournée nord-américaine de Broadway de la comédie musicale «Come from away» s’installe à la Place des Arts jusqu’à dimanche 1er décembre. J’ai assisté hier soir à ce spectacle rafraîchissant d’une belle leçon d’humanité, ému de ce qui arrivait aux multiples personnages, mais souvent amusé par des répliques humoristiques qui parsèment le texte. Basée sur des faits vécus, l’histoire raconte comment la ville de Gander a accueilli les passagers de 38 avions obligés d’atterrir le 11 septembre 2001. Écrit par un jeune couple Canadien, Irene Sankoff et David Hein, la production de Broadway a remporté plusieurs prix en 2017, dont le Tony de la meilleure mise en scène et le Drama Desk de la meilleure comédie musicale. Sur une note plus personnelle, c’est un de mes CD favoris que j’écoute en boucle, et cette production ne déçoit pas grâce à un excellent orchestre sur scène et 12 merveilleux chanteurs. Cette production est à Montréal jusqu’à dimanche, et c’est à ne pas manquer.
«Come from away» raconte l’histoire du 11 septembre 2001 quand 7000 passagers sont venus soudainement doublés la population de la ville de Gander. Même si les cultures s’affrontent et que les esprits s’échauffent, la confiance s’installe entre les étrangers et la population qui les accueille. C’est ainsi qu’on passe par toute une gamme d’émotions, en commençant par l’inquiétude et l’insécurité des passagers face à la crise qui se trame aux États-Unis, suivi par un élan de générosité et surtout des leçons d’humanité qui se jouent pendant la crise. Suite au départ des passagers, c’est au tour des habitants de Gander de ressentir un vide, mais le retour 10 ans plus tard de plusieurs des passagers confirme les amitiés bâties à travers les années.
«Come from away» surprend par son humanité et ses chansons entraînantes. Le texte est riche en émotions avec une balance parfaite entre le sérieux des situations et des moments humoristiques. Les chansons sont magnifiques, chacune racontant une bonne partie de l’histoire de façon naturelle. «Welcome to the Rock», la chanson-thème, reste en tête même après la sortie du spectacle. Les douze acteurs-chanteurs interprètent de multiples personnages avec une fluidité et un rythme impressionnant. Tantôt un habitant de Gander, puis pilote ou passager, ils réussissent haut la main à nous y faire croire simplement par un chapeau ou un veston en plus ou en moins. La mise en scène ingénieuse évite les pièges classiques pour donner un rythme fou à l’histoire. Le décor simple rappelle la nature de Gander, combiné à un plateau tournant qui permet de faire évoluer les personnages rapidement d’une scène à l’autre.
À la fin, hier soir, les spectateurs se sont levés spontanément pour applaudir les douze interprètes qui font de ce spectacle un véritable succès. Aucun ne vole la vedette, tous ont un rôle aussi important les uns que les autres. On les remarque tous pour une raison ou une autre. Une journaliste fait la narration pour établir un lien avec les événements tragiques qui se déroulent à New York. La pilote Beverley (Marika Aubrey) nous fait part des ses états d’âme avec sa voix puissante dans «Me and the sky». Puis la belle voix profonde de Harter Clingman quand il interprète sa chanson en Rabbi. Sans oublier le couple gay, Kevin (Andrew Samonsky) et Kevin (Nick Duckart) qui amène des moments cocasses sur leur inquiétude face à l’acception de leur couple par leurs hôtes. Puis on est vraiment touché par la nouvelle amitié qui se bâtit entre Beulah (Julie Johnson) de Gander et Hannah (Danielle K. Thomas) de New York grâce à leurs fils qui sont tous les deux pompiers. Et c’est ce point commun qui amène aussi des moments touchants dans la chanson «Something’s Missing» quand Hannah apprend la mort de son fils à son retour à New York.
Plusieurs autres numéros musicaux marquent les 1h40 (sans entracte) de ce spectacle. Quand les passagers découvrent l’horreur des images de la tragédie qui a changé le monde dans «Lead Us Out of the Night», on sent leur inquiétude, ce qui magnifie leurs personnages. Le numéro dans le bar, «Screech In», est une scène festive dont on prendrait encore et encore. Quand les avions s’apprêtent à repartir, c’est le retour à la réalité pour tout le monde dans «Stop the World», ce qui donne un numéro vraiment touchant.
«Come from away» est une magnifique comédie musicale qu’il faut voir au moins une fois dans sa vie pour nous donner espoir en l’humanité. Son texte est intelligent, les personnages sont attachants et les chansons accrochantes. Je recommande fortement cette comédie musicale à tous.
Les bons coups: livret, musique et chansons, mise en scène, interprètes
Équipe de création
Livret/Chansons: Irene Sankoff et David Hein
Production de tournée: Evenko et Broadway across America
Mise en scène: Christopher Ashley
Direction musicale: Ian Eisendrath
Chorégraphies: Kelly Devine
Scénographie: Beowulf Boritt
Costumes: Toni-Leslie James
Éclairages: Howell Binkley
Sonorisation: Gareth Owen
Orchestrations: August Eriksmoen
Distribution
Kevin Carolan, Harter Clingman, Nick Duckart, Chamblee Ferguson, Becky Gulsvig, Julie Johnson, Christine Toy Johnson, James Earl Jones II, Megan McGinnis, Andrew Samonsky, Danielle K. Thomas, Emily Walton, Marika Aubrey, Jane Bunting, Michael Brian Dunn, Julie Garnyé, Adam Halpin, Aaron Michael Ray.
Présenté en anglais à la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts de Montréal du 26 novembre au 1 décembre 2019.
Billets (115$ à 191$) disponibles sur http://evenko.ca ou au 1-866-842-2112.
Photos: Matthew Murphy
Extrait: https://www.youtube.com/watch?time_continue=2&v=LcRRdI9M07U