D’entrée de jeu, la compagnie de danse Tangente a été le théâtre de l’émergence de deux voix artistiques singulières et puissantes : celles de Charo Foo Tai Wei et de Samantha Sutherland, présentées dans un programme double mémorable.

Charo Foo Tai Wei a fait une entrée remarquée avec sa création inaugurale. À travers son solo de danse contemporaine intitulé Yearning, l’artiste a offert une introspection saisissante de son propre parcours, invitant l’audience à une contemplation intérieure universelle.

En tant qu’immigrante asiatique ayant traversé les épreuves du sexisme, du racisme et de la violence domestique, Charo Foo Tai Wei porte en elle le poids de multiples défis sociétaux. Loin de se laisser abattre, elle a développé une façade de détachement, une capacité à laisser glisser les difficultés. Cependant, sous cette surface d’apparence impassible, vibre un profond désir d’ancrage, un rêve tenace de trouver un véritable foyer.

Yearning s’est révélée être une exploration intime et poétique de ces contradictions et invite le public à explorer les blessures intérieures en quête de guérison. Par le langage corporel expressif de la danse contemporaine, enrichi d’éléments de buto, Charo Foo Tai Wei a magnifié ses luttes intérieures, illustrant avec force et subtilité son cheminement vers la lumière, une progression organique et déterminée, à l’image d’une plante cherchant le soleil.

Slip Away de Samantha Sutherland : une méditation poignante sur la perte linguistique et l’espoir !

Cette création touchante a exploré les sentiments complexes de deuil et d’espoir qui émergent face à la raréfaction du ktunaxa, une langue parlée couramment par un nombre restreint d’individus.

Samantha Sutherland a offert une expérience artistique d’une intensité émotionnelle palpable, rappelant avec force l’importance du patrimoine linguistique et la nécessité d’une action collective face à sa disparition.

Ce qui a rendu cette pièce particulièrement poignante était son caractère profondément personnel. La trame sonore de « slip away » était tissée d’enregistrements précieux de conversations avec sa grand-mère.

À travers une chorégraphie expressive et nuancée, Sutherland a soulevé des questions cruciales et universelles : qu’advient-il lorsque la peur prend le dessus ? Comment, face à l’effacement, peut-on cultiver l’espoir ? « Slip away » ne s’est pas contentée de déplorer la perte, mais a mis en lumière les efforts concrets déployés actuellement pour protéger et revitaliser le ktunaxa. La performance a esquissé avec une douce détermination un avenir où cette langue précieuse pourrait non seulement survivre, mais également prospérer.

Ne manquez surtout pas cette présentation exceptionnelle et laissez-vous émouvoir par deux artistes remarquables qui, chacun avec son authenticité propre, incarnent la lutte pour préserver l’espoir et le développement !

Crédit: Denis Martin