Alors que l’OSM ouvrira, dès le 31 janvier prochain, au public montréalais un tout nouvel espace connexe à la Maison Symphonique afin de faire découvrir en images et en documents sonores l’histoire vaste, reluisante et les récompenses de notre ensemble orchestral sans pareil au pays, c’était, mercredi soir 16 janvier, pour nous, la redécouverte du lauréat 2018 du concours Manuvie-OSM, le pianiste Carter Johnson dans son troisième concerto de Prokofiev. Nous en avions déjà abondamment parlé dans nos pages ici (finales du concours OSM) et il faut dire que le jeune virtuose de 22 ans a prouvé savoir très bien maîtriser, avec orchestre, l’oeuvre époustouflante. Tout était su et mémorisé parfaitement jusqu’au bout de ses doigts.
Il lui manque encore un peu de puissance en sonorité accessible ou audible au dernier balcon grâce à une entière participation physique de tout son corps au jeu de l’interprétation de cette oeuvre survoltante d’énergie, mais, pour un début, à 22 ans, avec un tel monument de prouesses techniques, l’élocution marquait l’enjouement qui s’y trouve et tout était à l’honneur de la verve inégalable du compositeur russe. Grâce à la profondeur des ressources musicales de l’ensemble, nous avions déjà été gâtés, en première partie, par le jeu du flûtiste Albert Brouwer dans les cinq des sept mouvements choisis à la suite Ma Mère L’Oye de Maurice Ravel. Après l’entracte, en seconde partie de programme, ce fut plus somptueux encore: rien de moins qu’une mémorable quatrième symphonie de Mahler avec cette fois Timothy Hutchins à la première flûte solo, Théodore Baskin au solo de hautbois enfin tous les bois, tous les cuivres en leurs premiers et seconds solistes d’absolument tous les vents mobilisés sont parvenus à rendre la pareille à l’exploit du prodigieux quatuor à cordes dirigé par David Robertson, chef invité.
Nul besoin de souligner les prouesses d’Andrew Wan, premier violon solo de l’OSM, attelé à ses deux précieux violons qu’il alternait de caresses selon qu’il se fondait dans l’ensemble orchestral ou qu’il tenait ligne de soliste. Pour couronner le tout, le soprano Hélène Guillemette apparue, comme il se doit, au dernier mouvement de la symphonie, a offert une très belle prestation lyrique que le public pouvait reconnaître suivre au fil du texte des poésies de la vie céleste (Das Himmlisches Leben).
ARTISTES ET OEUVRES Orchestre symphonique de Montréal David Robertson, chef d’orchestre Hélène Guilmette, soprano (en remplacement de Karina Gauvin qui a dû annuler pour cause de maladie) Carter Johnson, piano (lauréat du Grand prix au Concours OSM Manuvie 2018)* Ravel, Ma mère l’Oye, Suite (16 janvier et 17 janvier 10h30 uniquement) Prokofiev, Concerto pour piano no 3 en do majeur, op. 26 (16 janvier uniquement) Mahler, Symphonie no 4 en sol majeur (17 janvier 20h00 uniquement)
Photos: Antoine Saito