Chaque visite de Gino Vannelli à Montréal, sa ville natale, est un rendez-vous auquel accourent volontiers ses admirateurs de longue date et on comprend pourquoi ! L’artiste est dans une forme remarquable et livre ses succès avec l’étendue vocale de ses jeunes années, entouré de 7 musiciens dont une section de cuivres à faire rêver !
Avec sa crinière aussi abondante et noire que dans les années 70, l’homme svelte et agile électrise encore ses fans avec des succès dont on se souvient depuis plus de 40 ans, dans bien des cas. «People gotta move», «Appaloosa», etc., le chanteur atteint, apparemment sans effort, des sommets de la gamme, comme à l’époque où on l’identifiait au disco. Gino est aussi un redoutable «entertainer» qui sans même avoir à le demander, voit ses fans se lever et danser, ou chanter avec lui son emblématique «I just wanna stop».
Cela dit, Vannelli assume pleinement son penchant pour le jazz et ça s’entend, notamment, dans la splendide «Brother to brother», où il laisse momentanément son équipe d’élite nous offrir des moments de jam dignes du Festival de jazz. Après une escale dans les années 80, avec «Black cars», on a aussi droit à la visite surprise du percussionniste québécois Luc Boivin pour la chanson «One night with you», offerte en rappel. Les éclairages sont prévisibles, mais ça n’empêche pas la magie d’opérer. La sono est excellente et le Théâtre Maisonneuve permet une agréable proximité avec le prestigieux visiteur. Les arrangements sont assez proches de ceux des versions originales, mais ils sont, en général, si étoffés qu’on se plaît à les réentendre.
Fier de ses origines
La star de 66 ans n’a pas oublié ses origines. D’ailleurs, un éclat de rire traverse la salle quand il parle de sa mère qui lui a dit : «Quand tu vas chanter à la Place des Arts, fausse pas, estie!» Il souligne aussi que son père chantait en français et qu’il a été une source d’inspiration telle qu’il lui a dédié son album opératique Canto (2002), dont il offre quelques extraits, accompagné au piano. L’artiste a du vécu. Il parle, entre autres, avec émotion de sa rencontre avec Jean-Paul II et de la longue conversation qu’il a eue avec ce pape tant apprécié.
Le nouveau Gino
Tout en étant enjoué et en sachant se déhancher sur ses succès d’autrefois, l’homme a changé, gagné en profondeur. Sa présentation d’une chanson de son nouvel album «Wilderness road» en témoigne. Il demande d’abord à ses musiciens de jouer moins fort pour qu’on sente le sérieux de la confidence qu’il s’apprête à nous faire. Un jour, il a vu entrer dans une cafétéria achalandée, une femme qui poussait le fauteuil roulant d’un homme très amoindri par la maladie. Les clients regardaient l’homme avec un certain embarras, alors que Gino, lui, a surtout vu la dignité de cette femme qui accompagnait son mari avec amour, en lui parlant sans condescendance. Ça lui a inspiré «Yet something beautiful», une émouvante chanson en hommage à ceux qui savent aider leurs proches malades jusqu’à la fin : «He trembled… He spoke in bits and pieces… Yet she listened carefully To all that he had to say… She stood him from his wheelchair… Kissed his cheek and whispered You’re still my man.
Vannelli est à la Place des Arts pour un deuxième spectacle, en ce samedi 27 avril. Je vous le recommande fortement.
Gino Vannelli (entouré de 7 musiciens)
Théâtre Maisonneuve, samedi le 27 avril